Le bal des vampires commence

"Ce qui fait l'horreur, c'est le désir, et le désir devient monstre".
La piste est choisie : le conseil des ministres. Le sujet est capital : des marchés gré à gré source de corruption et de clientélisme, l’objet de tous les scandales qui entachent l’image du pouvoir. La mise en scène politique : un consensus triangulaire entre ceux qui détiennent le pouvoir à vie en composition avec les catalyseurs politiques qui attendent avec patience l'héritage et la maffia politico-financière.
Ce scénario machiavélique pour une quatrième conquête est signé par le raïs, le lancement de cette première mise en scène est assuré par Abdelaziz Belkhadem avec la position solidaire et partisan de Abdelhamid Temmar, l’homme qui détient les projections de l'économie nationale et qui rapporte les directives du propriétaire du palais d’El-Mouradia. Amar Tou assure et assume le rôle du fusible qui doit disjoncter le réseau de la corruption au sommet du pouvoir.
Le Premier ministre décore le plateau pour rendre publique cette première démonstration de la feuille de route du quatrième mandat en invitant le président à faire un discours sur l'état de la nation en commençant par le phénomène de la corruption. Un scénario monté de toutes pièces, sur mesure et parfait pour créer le contexte d’intervention et faire revenir le raïs par cette grande porte comme un messie pour sauver une fois de plus la nation. Le peuple lui sera une autre fois redevable de cette prestation.
L’objectif de cet événement est de redorer le blason du raïs et de son staff suite aux scandales de corruption qui ont entaché l’image de la direction politique à la même hauteur que Hosni Moubarek d’Egypte, Ben Ali de la Tunisie et le reste du monde de la corruption. Les détournements des fonds publics de l’ex-ministre de l'Energie et le PDG de la Sonatrach demeurent encore vivants dans l’esprit du citoyen algérien et de la société internationale. A ce titre, le silence du président face à ces actes de grand banditisme économique pose un sérieux problème d’éthique et remet en cause la crédibilité de cette fameuse directive.
Par ce jeu du désir et du pouvoir, le raïs sort des griffes du printemps arabe avec assurance, ferme le champ politique, replace la répression au-dessus de la loi et place la société civile dos à dos avec la démocratie, continue son parcours sur le chemin du vampirisme.
Les principaux attributs de ces vampires sont la séduction, le vol et la chevauchée nocturne, son rapport à la mort et à la dévoration (de la chair notamment). Dans la littérature arabe ancienne, le vampire est connu comme un démon femelle qui dérange les hommes pendant leur sommeil et les accompagne dans leur lit. Au Maghreb, on les appelle al djinns al 'achiq, ce qui signifie le djinn ou le démon amoureux qui habite le corps d'une personne, ils sont mariés dans le monde des rêves avec la personne possédée. Dans les Aurès, les ajenni s'attaquent aux femmes et la tajennit aux hommes.
Les vampires qui nous dirigent sont d’une catégorie rare, tuent le citoyen avec patience et pleurent le jour de son enterrement. Leur désir de pouvoir dépasse les limites de la raison humaine, ils sont capables d'anéantir la patrie par égoïsme et rester au pouvoir contre la volonté du peuple. Leur présence est une malédiction à l’adresse de notre patrie.
Démos
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