Retour aux attentats contre les cadres et les intellectuels ?

Retour aux attentats contre les cadres et les intellectuels ?
Par Hassane Zerrouky ( d’Alger)

L’information est passée presque inaperçue. Dans son édition de mardi, en bas de la page 3, El Watan, dans un article de 1350 signes, moins d’un feuillet, annonce que « l’enlèvement des cadres figure dans le plan d’Al Qaïda au Maghreb ». Dans le corps de l’article, les sources sécuritaires citées par le journal affirment que les terroristes islamistes « auraient dressé une liste nominative de cadres et de personnalités à kidnapper et à assassiner ». Selon les informations dont disposent ces mêmes services, ajoute le journal, « le but recherché à travers ces menaces est l’instauration d’un climat de peur au sein des institutions ». L’éditorial, signé Ali Bahmane, va plus loin. « Les cadres et les intellectuels, écrit-il, redoutent, eux, la réapparition des attentats ciblés que vouent les terroristes autant à leur savoir qu’à leur fonction ». Et comme il n’y a pas de fumée sans feu, à la Maison de la presse, qui abrite les sièges de plusieurs journaux, les responsables de l’Etat en charge de la gestion de cette « Maison de la presse », ont décidé que le stationnement des véhicules n’était autorisé qu’aux seuls directeurs et rédacteurs en chefs des journaux, et ce, par crainte d’attentats. Et dès dimanche, la police a procédé à l’enlèvement des véhicules non autorisés. Le portique électronique a été rétabli ainsi que les fouilles, y compris des journalistes, comme cela se faisait dans les années 90.

Il n’en reste pas moins que cette petite info donné par El Watan a été prise très au sérieux par les journalistes et intellectuels les plus avertis. Ces derniers, notamment les anciens qui ont vécu la décennie de sang, n’ont pas oublié ces années où ils se rendaient au cimetière pour enterrer telle ou telle personnalité, tel ou tel journaliste, assassiné à l’époque par les islamistes.

Depuis la promulgation de la Concorde civile, puis de la réconciliation nationale, qui a fait croire à beaucoup de gens à un retour à la normale, la vigilance a baissé. La vie aidant, les gens ont renoué avec des habitudes somme toutes normales pour quiconque aspire à vivre sa vie et, « pendant ce temps, fait observer un militant de la société civile, les islamistes ont certainement mis à profit cette quiétude en trompe-l’œil, pour occuper le terrain, repérer les lieux et dresser la liste des gens à cibler, et à exécuter lorsque les circonstances de leur djihad l’exigeront ».

Il est un fait: l’islamisme est de retour comme lors de ses plus belles années de la fin des années 80 et au début des années 90. En plus des prêches dans certaines mosquées, ils recourent à l’intimidation comme on l'a vécu à la fin des années 80 et au début des années 90 avant qu'ils ne passent à l'acte. Exemple, à Hydra, des islamistes ont fait pression sur le patron d’un café, le Capuccino, fréquenté par des jeunes femmes et des couples. Des femmes ont été harcelées, accusées de porter des tenues "outrancières", et menacées. Ces dernières, issues de la petite et moyenne bourgeoise locale, n’étaient nullement des dévergondées, mais elles ont cru qu’elles pouvaient, à l’instar des marocaines et tunisiennes, pouvoir s’habiller à la mode, s’attabler à la terrasse d’un café avec leurs copains. Dans la rue, il arrive qu’un islamiste interpelle des gens ( ça m’est arrivé personnellement samedi dernier) pour les rappeler à l’ordre. Ailleurs, des mosquées dont l’imam a été désigné par l’Etat sont désertées au profit de celles tenues par des salafistes, comme c’est le cas à Bachdjarah où l’une de ces mosquées a été baptisée par les salaifistes du nom d’Ikhlef Cherati. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Ikhlef Cherati est l’un des fondateurs du FIS, arrêté et mort lors de la répression de la mutinerie de la prison de Barberousse en février 1994. Chérati est celui qui a édicté cette fatwa en juillet 1992 autorisant l’assassinat de tous ceux qui s’opposent « au projet islamiste ».

Quoi qu’il en soit, sans pour autant faire dans l’alarmisme, après les attentats suicides de masse du 11 avril, puis du 11 décembre, qui ont fait de nombreuses victimes civiles, il est permis de penser que la « Qaïda du Maghreb islamique » ( ex-GSPC) est capable de recourir aux attentats ciblés pour peu que ce genre d’actes soit le plus médiatisé. Son "ancêtre", le GIA l’a fait. En Irak, ils l’ont fait et le font encore. Dans ces conditions, pourquoi et au nom de quoi l’Algérie échapperait-elle de nouveau à la règle ?

H.Z

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Commentaires (9) | Réagir ?

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farouk bouguendoura

vite Zeroual, vite reviens RAHI EZZAGATE

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halim bari

Il ne faut jamais oublier qu'il existe une alliance objective entre le regime qui survit depuis plus de 50 ans et les charognards qui usent de l'islam sauce khoreifates et bidaa comme camelote pour etouffer toute re- emergence de la RAISON et de la Science au sein de la societe algerienne. Ils ont plus besoin de sujets dont l'ame est corrompue que de citoyens Hommes Libres ie connaissant leur devoirs et leur droits imprescriptibles. Alors mefions nous de leurs complots pour les jours a venir

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