La tripartite : le consensus mou

La tripartite : le consensus mou

La fameuse réunion tripartite (gouvernement, UGTA, patronat) a lieu aujourd’hui à Djenane El Mithaq. Doit-on s’attendre à quelque nouveauté ?

La tension sociale est à son acmé. Une lame de fond travaille la société depuis des mois déjà. Alors pour désamorcer tout ça, des ballon-sonde ou des fuites organisées ont été lancées dans la presse. Chacun y allait de sa spéculation. Et cette rencontre à trois participera sans aucun doute de l’opération de déminage que mène le gouvernement avec ses relais habituels.

Il est surtout question pour cette tripartite de débattre d’une nouvelle réévaluation du salaire minimum. Le syndicat du pouvoir, l’UGTA, compte revendiquer un SNMG de 20 000 dinars, actuellement de 15000 dinars. Concernant cette augmentation, le patronat reste sur ses réserves. L’argument avancé est la pérennité des emplois et de la production. Donc la marge de manœuvre du gouvernement en l’espèce pourrait paraître mince. A ce propos, le premier ministre a souvent réitéré que l’augmentation des salaires ne peut aller sans augmentation de la production.

Il est par ailleurs question de la révision à la baisse bien entendu de l’impôt sur le revenu global (IRG). L’abrogation du fameux article 87 bis du code du travail est sur la table des négociations avec la valorisation de la production nationale que les patrons comptent bien défendre.

La tripartite s’est ouverte donc avec au moins trois problématiques à aplanir. Venant du syndicat officiel, il est difficile de croire que celui-ci puisse gêner le gouvernement, car souvent entre les trois partenaires existe un consensus mou. Au bout de 13 rencontres du genre, on ne connaît pas une qui avait abouti à un clash. La connivence de ces partenaires avaient de tout temps facilité le dialogue et l’aboutissement sur des conclusions consensuelles.

Un dialogue à trois par trop exclusif

Il y a comme quelque chose de l’ordre de l’exclusion dans ces tripartites. Comment expliquer que l’on légalise des syndicats pour ensuite les écarter des discussions qui engagent leur secteur d’influence ? Le Snapap, les syndicats d’éducation, de la fonction publique, etc, sont systématiquement écartés par le gouvernement. Malgré la forte influence de ces syndicats autonomes, le gouvernement s'accroche à son schéma tripartite. La raison est simple : il lui est plus facile de manoeuvre avec le syndicat maison qu'avait des trublions de la négociation comme le Snapap ou les autres organisations dites autonomes.

A l’orée des nouvelles réformes politiques, assisterons-nous à une rencontre plus représentative la prochaine fois ? C'est ce qu’attendent les syndicats laissés à la marge du dialogue. Mais en attendant, les regards sont braqués vers Djenane El Mithaq pour voir ce qui va en découler.

Sofiane Ayache

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Commentaires (3) | Réagir ?

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madjid ali

Sans les syndicats autonomes la tripartie ne vaut rien.

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amazigh zouvaligh

On ne peut faire du neuf avec du vieux. L'UGTA, tout comme le FLN de la mangeoire doivent être tous deux au musée. L'UGTA, qui a toujours été du côté du pouvoir, qui a toujours cautionné les dérives d'un pouvoir aux abois, au détriment de la classe ouvrière laminée depuis des décennies! Que va faire Sidhoum Said; habitué à la politique de l'autruche, qui a toujours agi comme Machiavel, ayant toujours trompé les travailleurs, et comment faire confiance à une soit disant tripartite qui a de tripartite que le nom, du moment que les syndicats autonomes, représentatifs des travailleurs n'y participent pas! Décidément ce pouvoir continue à flouer tout son monde, ne voulant pas tirer des conclusions des chamboulements planétaires qu'il voit quotidiennement;et qui j’espère sera balayé à l'image de ses compères de Tunisie, Egypte, de Libye !

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