Mahmoud Abbas accueilli en héros à Ramallah

Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, accueilli en héros
Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, accueilli en héros

Les Palestiniens exultent. Moins de deux jours après son discours à New York, la photo de Mahmoud Abbas à la tribune de l'ONU, brandissant la demande officielle de reconnaissance de l'État palestinien, a déjà été tirée sur des posters géants, et affichée sur les murs de la Muqata, le siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah.

La foule rassemblée dans l'enceinte pousse de grands cris quand Abbas apparaît à la tribune, érigée devant le mausolée de Yasser Arafat. De retour de New York, le président de l'Autorité palestinienne est accueilli comme un héros. "Je suis allé devant les Nations unies porter vos espoirs et vos aspirations, et votre besoin d'un État indépendant", dit-il à la foule. "Nous disons au monde qu'il existe aussi un Printemps palestinien. Un printemps populaire, un printemps de lutte pacifique. Frères, levez la tête, vous êtes palestiniens !"

Aboutir à un traité

On applaudit à tout rompre, on agite des portraits du raïs. Méprisé voici encore quelques mois par beaucoup de Palestiniens pour ses atermoiements et sa supposée dépendance à l'égard des Américains, Abbas est devenu d'un seul coup l'homme providentiel, capable de s'opposer à Obama. Même si dans la réalité rien n'a changé depuis son discours de vendredi, même si les chances de voir aboutir sa demande de reconnaissance comme État membre restent minces face à l'opposition américaine, même s'il a dû franchir le poste frontière israélien sur la route d'Amman, et les points de contrôle de l'armée israélienne pour revenir en Cisjordanie, les Palestiniens veulent croire que leur indépendance est à portée de main.

"On sait bien que l'occupation ne va pas cesser du jour au lendemain", dit Tessir Nasrallah, un habitant de Naplouse. "Il est entré dans l'histoire avec son geste. S'il n'obtient rien, nous allons voir la région basculer de nouveau dans l'extrémisme." Hani Masri, le directeur du centre d'études palestiniennes Badael veut croire à un tournant. "Une époque s'achève, nous entrons dans une ère nouvelle", dit-il. "Mais la demande de reconnaissance de l'ONU ne va pas aboutir toute seule. Nous devons nous organiser, et mener la lutte par des moyens pacifiques de résistance passive".

Sa nouvelle popularité mise à part, le geste de défi de Mahmoud Abbas ne lui a pour l'instant rien rapporté. La reprise des négociations, au point mort depuis 2009, bute toujours sur la question de la colonisation israélienne. Le Quartette, l'organe de médiation rassemblant l'ONU, l'UE, les États-Unis et la Russie, a appelé à la reprise immédiate des pourparlers, sans conditions préalables, pour aboutir à un traité dans un délai d'un an. Les Israéliens, qui doivent examiner cette proposition aujourd'hui, ont laissé entendre qu'ils pourraient accepter cette formule. "Si vous voulez la paix, mettez toutes vos préconditions de côté", a lancé Benyamin Nétanyahou aux Palestiniens.

Mais Mahmoud Abbas a répondu dimanche qu'il était hors de question de reprendre le dialogue sans gel total de la colonisation israélienne. Les deux parties n'ont pas bougé d'un centimètre des positions qu'elles occupent obstinément depuis plus de deux ans.

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