Résurrection de Pol Pot au pied du Golan

Kadhafi et Al Assad.
Kadhafi et Al Assad.

Entre la sentence d’"une nation arabe unique chargée d’un message éternel" de Michel Aflak fondateur du Baas et théoricien d’un panarabisme original à partir d’apprentissage philosophique à la Sorbonne, aux côtés des étudiants arabes à Paris durant la belle époque et la prophétie prêtée à Khomeiny, "un Etat musulman chiite de la Caspienne à la Méditerranée", il y a cette vérité pas du tout abstraite d’un pays qui se dresse presque comme un Etat tabou au regard de l’Occident.

Ni la CIA et la NSA, ni le Mi six, ni la Dgse, ni enfin tous les services de renseignements du monde industriel, n’ignorent la terrible imbrication de liens stratégiques tournant autour de Damas.

Pour passer de la mer du meilleur caviar de la planète à celle de la plus délicieuse sole il y Israël qui craint moins l’islam, aussi radical soit-il, que le parti syrien au pouvoir manageant le Hezbollah du Liban et le Hamas de la Palestine. Le cousin idéologique passé désormais à trépas et la majorité chiite d’Irak ne lorgne plus du côté des frontières avec le voisin persan pour quelle jonction périlleuse qui soit, il reste l’indéfectible soutien de la Russie et le ravitaillement argentier de l’Iran entretenant de sérieuses relations de coopération pétrolière avec Moscou – la création d’une banque commune pour le financement de projets hydrocarbures, électriques et nucléaires civiles serait en voie de finalisation. De même qu’un itinéraire pour des acheminements de produits noirs à partir des sites de production iraniens est en train de se peaufiner à Pékin.

Depuis mars dernier le régime de Bachar el-Assad massacre, emprisonne et torture sans aucune réaction musclée de la part des donneurs de leçon de démocratie et de libertés individuelles qui ne semblent pas trouver de réponse digne, par exemple, à cette famille d’un illustre militant des droits de l’homme qui reçoit la dépouille de leur cher, âgé de soixante-quinze ans, une semaine après sa disparition, sur le corps de laquelle apparaissent des signes évidents de sévices

Mais aux premiers balbutiements de l’agitation à Benghazi, des bateaux de guerre de l’Otan étaient au large du golfe de Syrte et à peine au concoctage d’une commission de transition inconnue au bataillon politique et médiatique que commencèrent les frappes sur la Libye. Suivies, à la manière du coup de poker yankee sur les figures des anciens dirigeants de Baghdad juste après l’occupation de l’Irak, une prime « mort ou vif » pour capturer Kadhafi : un million deux cent mille euros.

L’on remarquera la somme bizarre – pourquoi pas un chiffre rond et pourquoi pas en dollars quand on ne se demande pas déjà d’où détient-il cette somme le Conseil de transition qui en principe n’a pas encore le droit de puiser dans le denier libyen ?

Au lieu et place des porte-avions de l’Otan qui doivent, de tradition automatique en zone délicate du monde, se trouver proches des rives de la Syrie, ce sont les navires de guerre de celle-ci qui y voguent royalement se permettant même le luxe de bombarder dans les cités et tuer par dizaines. Surtout quand il est difficile d’ignorer, nonobstant le contrôle du Hizbollah et l’ascendant incontournable sur les mouvements du Hamas, le rôle joué par le régime de Damas dans l’assassinat de Rafik Hariri et l’organisation des couloirs de passages des combattants anti américains et de leurs matériels. Les investigations de la Cia ont abouti depuis quelques années déjà à la conclusion que la majorité des personnes impliquées dans des attentas perpétrés en Irak au lendemain de l’occupation venaient par la Syrie. Qui s’est, on se rappelle, opposée catégoriquement à l’invasion de l’Irak contrairement à sa position alors carrément favorable durant la première Guerre du Golfe.

Mais en parallèle G.walker Bush avait reconnu que le régime de Damas avait été coopératif dans le combat contre le terrorisme. Les services syriens n’ont-ils pas arrêté dans des écoles coraniques de jeunes islamistes français servant de relais pour le passage en Irak, dans la période de l’assassinat de Hariri, avant de les mettre en détention en les torturant ? Pour essayer de dire combien le régime de la faction alaouite au pouvoir depuis pratiquement un siècle, depuis le condominium franco britannique à nos jours, est versatile au point où elle donne l’impression de se sentir à l’aise dans des situations nourries de paradoxes et de contradictions. Dans une économie asphyxiée par une écrasante dette (plus de trente-cinq milliards de dollars) et par une colossale part budgétaire allouée à l’armée, le régime du dernier rempart du panarabisme parvient pourtant à débloquer quelque treize milliards de dollars pour des réformes à l’emporte pièce comptant sur un partenariat avec l’Union européenne pour sortir de la crise, en vérité causée par le modèle socio économique lui-même, outrageusement corrompu, sans perspective de développement claire, sans systèmes bancaire ni limpidité dans le financement public, ne se sauvant les meubles que grâce à la tradition agraire et manufacturière.

Abdelyazid Sadat

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