Syrie : le régime fait onze morts et la répression toujours féroce

Les tortures les plus inhumaines sont pratiquées par les services syriens.
Les tortures les plus inhumaines sont pratiquées par les services syriens.

Les forces syriennes ont abattu vendredi 11 manifestants en tirant à balles réelles pour disperser des rassemblements contre le régime de Bachar al Assad à la sortie des mosquées en Syrie, rapportent des opposants.

A travers le pays, des foules de manifestants ont scandé des slogans et brandi des pancartes pour demander à la communauté internationale de leur venir en aide face à la répression meurtrière du soulèvement. "Aidez la Syrie, le pays saigne !", pouvait-on lire sur des panneaux brandis par des manifestants dans le faubourg déshérité de Hadjar al Assouad, d'après des images mises en ligne par des habitants.

Sur la base de témoignages de personnes sur place, des opposants ont rapporté que neuf des 11 décès recensés vendredi étaient survenus dans la province de Homs, l'un des plus importants foyers de contestation. Deux autres manifestants ont été abattus dans des faubourgs de Damas. "Nous assistons à un effort tous azimuts pour écraser Homs. Mais la ville est grande et sa campagne s'est aussi soulevée", a dit Hassan, un activiste ayant seulement accepté de donner son prénom.

Des manifestants ont également subi des tirs des forces de l'ordre à Daïr az Zour, à la frontière avec l'Irak, et dans la ville de Hama, ont ajouté des opposants. Face au déploiement massif de forces de sécurité lourdement armées sur les places principales des villes du pays, les manifestations se déroulent essentiellement dans des secteurs tels que les faubourgs de Damas ou les zones rurales de Homs et Hama.

Les manifestants évitent les grandes artères n'offrant pas d'abri face aux tirs des forces du régime et ils se rassemblent dans les vieux quartiers densément peuplés dont les ruelles leur permettent de s'échapper. "Le traître est celui qui tue son propre peuple", ont scandé des manifestants réunis dans une petite rue d'Erbine, un faubourg à l'est de Damas.

Appel à la protection, pas à l'intervention

Des organisations de défense des droits de l'homme et des diplomates occidentaux ont fait état d'assassinats de chefs de file du mouvement de contestation, de cas de torture de civils et de meurtres de prisonniers politiques au cours des deux dernières semaines. Cette répression a suscité une indignation internationale mais la Chine et la Russie ont jusqu'à présent empêché les pays occidentaux d'obtenir des sanctions contre Assad aux Nations unies. Etats-Unis et Union européenne ont adopté leur propres mesures et le ministère français des Affaires étrangères a annoncé vendredi un renforcement des sanctions de l'UE, notamment dans le secteur pétrolier.

Les pays occidentaux n'envisagent pas toutefois d'intervention militaire similaire à celle ayant contribué au renversement de Mouammar Kadhafi en Libye et les opposants à Bachar al Assad en Syrie n'en réclament pas.

Dans la province d'Idlib, dans le nord-est du pays limitrophe de la Turquie, un militant affirmant s'appeler Alaa Youssef a déclaré sur la chaîne de télévision qatarie Al Djazira: "L'opposition est hostile à une intervention militaire étrangère. Mais nous souhaitons être protégés, sous une forme sou sous une autre, pour faire cesser le massacre." Selon les Nations unies, la répression du mouvement de protestation dirigé contre le régime allaouite au pouvoir à Damas a fait 2.700 morts depuis mars. Le nombre de policiers et de militaires tués serait de 700, d'après les autorités syriennes.

Amnesty International a signalé le cas d'une adolescente, dont le cadavre mutilé a été découvert dans une morgue à Homs par des membres de sa famille venus identifier le corps de son frère. Zaïnab Al Hosni, 18 ans, serait la première personne de sexe féminin décédée en détention depuis le début du soulèvement.

Son cadavre était décapité et écorché et les bras avaient été tranchés, selon Amnesty International. L'organisation ajoute qu'elle a été enlevée en juillet par des membres présumés des forces du régime, dans une tentative apparente de contraindre son frère Mohamed Dib al Hosni à se rendre.

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