De l'Etat militaire à l'Etat policier sous Abdelaziz Bouteflika

Les révélations du site WikiLeaks prouvent au moins deux choses : la propension du président à mettre la main sur tous les leviers du pouvoir et que la quasi-totalité de la classe politique se confie aux diplomates sans retenue.
Le bureau de l'ambassade des Etats-Unis prend des allures de confessionat, si l'on en croit les révélations du site internet WikiLeaks. Tout le monde ou presque vient pour s'y confesser, dire ses vérités. Florilèges :
Ainsi, l’ambassade des Etats-Unis à Alger s’attendait à ce que la loi sur le personnel militaire promulguée en 2006 apporte d’importants changements à la tête de l’ANP en fixant un âge précis pour le départ en retraite, un document Wikileaks montre la vision de l’ambassadeur David Pierce sur l’évolution de la relation entre le président Bouteflika et l’institution militaire.
Régionalisme
Selon l’ancien ambassadeur, le président Bouteflika qui disait ne pas vouloir être un trois-quart de président "a imposé sa vision à l’institution militaire", l’ambassadeur déclare que le président est parvenu à réaliser des changements dans le service de renseignements en "injectant un nouvel effectif qui lui est loyale et dont la majorité sont originaires de la région de Bouteflika, Tlemcen", tout cela selon un câble de l’ambassadeur daté du 13 janvier 2009 pour "que le civil domine le militaire", ajoutant que "l’armée n’est plus celle qui domine les rues lors des protestations sociales, c’est le ministère de l’intérieur qui s’en charge, puisqu’elle compte des milliers de nouveaux policiers", le résultat etant comme il l’a qualifié "le passage d’un état militaire à un état policier". Le câble de l’ambassadeur se base sur une conversation avec l’ancien chef du gouvernement Sid Ahmed Ghozali le 31 décembre 2008 dans laquelle il déclare qu’il y a une face visible et une face caché du régime. L’ambassadeur a également relevé de sa conversation avec le célèbre avocat Ali Yahia Abdennour que le régime algérien "fonctionne avec deux face, la première apparente menée par le président Bouteflika et la deuxième occulte menée par le DRS".
Le président et les zaouïas
L’ambassadeur relève également de Abdelkader Bounekraf qui a selon le câble "démissionné du comité central du FLN en 2008" et qui indique que "le président Bouteflika a surpris l’armée en désignant de nouveaux dirigeants jeunes et inexpérimentés". L’ambassadeur a également rapporté de l’ancien officier des renseignements, Chafik Mesbah, ce que lui avait dit le général à la retraite Khaled Nezzar : "Il (Nezzar) a dit que les temps ont changé et les généraux disent que le temps du putsch (faisant référence à l’arrêt du processus électoral en 91) est révolu". L’ambassadeur rapporte d’un autre côté ce que lui a indiqué l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, qui explique que "le pouvoir est faible parce qu’il manque de cadres particulièrement après la fuite des cerveaux à l’étranger dans les années 90", le câble contient également des déclarations de Said Sadi le leader du RCD qui a dit à l’ambassadeur que "le président Bouteflika s’est employé à renforcer le corps de la police et a chargé Noureddine Zerhouni de cela", tout cela pour passer d’un Etat militaire à un Etat policier, l’ambassadeur indique que "Bouteflika s’est employé à se rapprocher des zaouias et des adeptes du soufisme non pas seulement comme un outil politique mais pour s’attirer la sympathie des électeurs islamistes".
Commentaires (5) | Réagir ?
Rien de consistant sur les fils de WikiRien au sujet de l'Algérie: les infos sur le site du Matin sont 1000 fois plus croustillantes que les révélations des ambassades!
Non, c'est un Etat policier et militaire à la fois: Il y a 200 000 flics et 200 000 gendarmes en Algérie, non ? Une dictature unique en son genre ! Une dictature peut être nationaliste comme Pinochet l'a prouvé. La dictature algérienne est faite d'insatiables voleurs qui se comportent comme en terre ennemie. Les colons ont eu 1000 fois plus de respect pour cette terre qu'ils aimaient que ces obsédés du pouvoir qui ont pour noms Boutef, Ouyahia, Toumi, Chakib Khelil, Ghoul... Ils sont nombreux !