Attentat contre l’académie militaire, silence radio !

Image d'un attentat (Archives)
Image d'un attentat (Archives)

Le journal de 13 heures de l’ENTV de samedi a choisi d’ouvrir sur la remise des prix par le président Bouteflika aux lauréats du Concours international de récitation et de psalmodie du Coran à l’occasion de la célébration de Leilat El Qadr.

Justement, c’est ce jour-là, à l’heure du f’tour, que s’est produit le double attentat kamikaze contre l’académie militaire de Cherchell. Le troisième en moins de deux mois, après celui de Bordj Ménaïel et de Tizi-Ouzou. Question qui taraude : lors de cette cérémonie de remise de prix retransmise par l’ENTV, a-t-on pensé un instant ou prié à la mémoire des victimes de Cherchell ? Si ça n’a pas été fait, ce serait faire bon marché de la vie humaine surtout en ce mois sacré de ramadan pour de nombreux Algériens et en particulier pour les familles des victimes qui ne fêteront pas l’Aid !

Plus encore, l’Académie militaire de Cherchell n’est plus à présenter. Ce n’est pas rien : c’est, toute proportion gardée, l’équivalent de Saint-Cyr en France. Elle forme pour les besoins de l’armée algérienne mais aussi pour de nombreux pays africains.

Alors qu’ailleurs, dans ce monde européen, dit «impie», on rend hommage au moindre soldat tombé en Afghanistan, chez nous en Algérie, ils sont enterrés dans un anonymat total. La raison ? Il ne faut surtout pas dresser les Algériens contre les islamistes à qui le pouvoir, dans la perspective de faire perdurer un système qui a failli, a ouvert des espaces, et ce, en plus des mosquées squattées par les salafistes.

Je n’ai rien contre à la condition que ce même pouvoir arrête d’entraver (c’est ce qu’il fait actuellement) la liberté de ceux qui pensent autrement – les forces démocrates, progressistes et laïques, la société civile – de s’exprimer publiquement et pacifiquement dans la rue et dans les médias lourds. Car, pour l’heure, hormis ces journaux dans lesquels elles s’expriment librement, les forces démocrates, progressistes et laïques sont interdites d’expression sur les grands médias publics, dont la télé nationale. Un peu par leur faute car jusque-là elles n’ont entreprise que peu ou pas d’action visant à libérer l’espace public. Par exemple, à défaut de mobiliser les Algériens, qu’attendent-elles pour s’exprimer sur le projet de loi sur l’information qui ne concerne pas seulement les journalistes mais tous ceux qui ont à cœur de vivre dans une société libre et démocratique ? Mais bon, ne leur jetons pas la pierre ! Attirons seulement leur attention !

Hassane Zerrouky

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Djaf Messaoudi

Trois questions dont les réponses constituent la solution à la crise sécuritaire algérienne:

- A quoi sert d'ouvrir les portes de repentance à des gens convaincues du bien-fondé de leurs actes qu'on qualifie de terroristes ?

- A quoi sert de combattre militairement le terrorisme islamiste pendant qu'on laisse le fondamentalisme salafiste envahir la société algérienne ?

- Qui pousse les Algériens à enfourcher le cheval du terrorisme ?

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kouider

Le pouvoir fait tout pour énerver les Algériens et ces derniers restent de marbre. Il ira peut-être jusqu'à honorer la mémoire des deux kamikazes de Cherchell et enterrera leurs restes au cimetière d'El Alia. C'est à se flinguer dans un fou rire.

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