La répression persiste en Syrie après le discours d'Al-Assad

La répression persiste en Syrie après le discours d'Al-Assad

Des partisans de Bachar Al Assad ont tué deux personnes lundi en Syrie, quelques heures après un discours dans lequel le président syrien rejetait les appels extérieurs à sa démission en affirmant que toute action militaire contre son pays se retournerait contre ses auteurs.

Selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, des "chabbiha" (loyalistes) ont ouvert le feu à Masyafs, ville du centre du pays à l'ouest de Hama, faisant deux morts et quatre blessés. Ils ont aussi attaqué des commerces tenus par des opposants du pouvoir, ajoute l'observatoire.

La répression a fait 2200 morts, selon l'ONU

Les pays occidentaux incitent de plus en plus vivement le président syrien à renoncer au pouvoir après cinq mois de manifestations pour la démocratie qui, selon l'Onu, ont coûté la vie à environ 2.200 civils. Aucun pays n'a proposé un recours à la force contre Damas du type de l'engagement de l'Otan auprès des rebelles libyens cherchant à renverser Mouammar Kadhafi. L'Occident a exhorté Bachar Al-Assad à démissionner et les Etats-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à son régime. Al-Assad a affirmé que la Syrie ne céderait à aucune pression extérieure, qui n'aurait d'effet pour lui que sur "un président fabriqué aux Etats-Unis et un peuple servile prenant ses ordres à l'étranger". "En ce qui concerne la menace d'un recours à la force (...), toute initiative contre la Syrie aura des conséquences plus graves (pour ses auteurs) que ce qu'ils peuvent supporter", a-t-il dit lors d'une intervention télévisée diffusée dimanche.

La Syrie, qui jouxte Israël, le Liban, l'Irak, la Turquie et la Jordanie, exerce une influence régionale en raison de son alliance avec l'Iran et du rôle qu'elle joue encore au Liban bien que sa longue présence militaire y ait pris fin en 2005. Son poids se fait aussi sentir en Irak et elle soutient des groupes comme le Hamas, le Djihad islamique et le Hezbollah. "En ce qui concerne la sécurité, (la contestation) est devenue plus violente ces dernières semaines. Nous sommes capables d'y faire face (...) Je ne suis pas inquiet", a dit Bachar Al-Assad. Des élections législatives, a-t-il ajouté, devraient avoir lieu en février 2012 après une série de réformes qui permettront à d'autres partis que le Baas de se présenter.

L'opposition a rejeté ces promesses de réformes et beaucoup de ses représentants refusent le dialogue national que préconise Bachar Al-Assad, faisant valoir qu'il ne peut y avoir de discussion tant que les forces de sécurité tuent des manifestants. Cherchant à unifier leur mouvement dispersé, des personnalités de l'opposition se sont réunies en Turquie pour arrêter la composition d'un conseil représentatif appelé à soutenir et coordonner le soulèvement. "Les discussions visent à rompre avec les quotas au profit d'un conseil plus axé sur le mérite", a dit le Pr Wael Merza, l'un des délégués, à Reuters. "Nous comptons parvenir à un consensus sur la liste des noms d'ici à la fin de la semaine."

Dans le passé, des initiatives analogues n'ont pas permis de mettre en place un groupe représentatif assez solide pour souder l'opposition, morcelée par les 41 années de régime autocratique de Bachar Al-Assad et de son père le terrible Hafez. Le gouvernement syrien a imputé les troubles à des groupes armés en faisant état de plus de 500 soldats et policiers tués depuis la mi-mars, début du mouvement de contestation. Selon l'agence officielle Sana, 17 membres des forces de sécurité ont été enterrés samedi et dimanche, dont plusieurs qui ont été tués par des hommes armés à Homs et dans la province méridionale de Deraa.

La presse internationale expulsée

"Quand Assad se dit prêt à traiter avec le soulèvement syrien, il veut dire qu'il va tuer d'autres manifestants", estime Moulhem al Droubi, membre des Frères musulmans syriens. Les autorités syriennes ayant expulsé les représentants de tous les médias étrangers depuis le début du soulèvement, il est très difficile de vérifier les informations émanant du terrain. Vendredi, 34 personnes ont été tuées, dont quatre enfants, à Homs et à Deraa, berceau du "printemps syrien" en mars, et dans les faubourgs de Damas et de Palmyre, ont dit des militants. Plusieurs pays arabes et la Turquie, puissance montante au Proche-Orient, ont critiqué le régime Assad pour avoir envoyé en plein ramadan ses blindés et - ses navires de guerre dans le cas du port de Lattaquié - pilonner des agglomérations en révolte.

Reuters

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