Yémen: l'opposition prépare la transition, le président annonce son retour

La rue yéménite demeure sur le pied de guerre contre le président Abdellah Saleh.
La rue yéménite demeure sur le pied de guerre contre le président Abdellah Saleh.

L'opposition yéménite devait se doter mercredi d'un Conseil national fédérant toutes les forces réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, au lendemain de l'annonce surprise par le chef de l'Etat de son prochain retour de Ryad où il a été transféré après un attentat début juin.

"Le Conseil national va diriger les forces de la révolution, déterminées à résister jusqu'au départ de Ali Abdallah Saleh", a déclaré à l'AFP Soltan al-Atwani, un dirigeant du Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire.

Ce Conseil, appelé à coordonner la contestation et à élaborer un programme pour obtenir la chute du régime, devrait fédérer les partis du Forum commun, dont l'influent islamiste Al-Islah, les jeunes protestataires qui campent dans la rue, les représentants de la société civile, du Mouvement sudiste, les rebelles chiites du nord et des personnalités indépendantes.

"En créant ce Conseil, l'opposition aura signé l'acte de décès de l'intiative du Golfe", a averti Tarek al-Chami, le porte-parole du parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), en référence au plan de sortie de crise élaboré par les monarchies du Golfe en concertation avec les Etats-Unis et l'Union européenne. Les promoteurs du projet "donnent la preuve qu'ils ne sont pas favorables à un règlement pacifique et qu'ils prônent un complot contre le pouvoir légitime", a ajouté à l'AFP M. Chami qui, interrogé sur le risque d'une guerre civile, a répondu : "Nous ne nous laisserons pas entraîner dans la violence".

Le plan du Golfe prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de M. Saleh en échange d'une immunité pour lui-même et ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.

Un large mouvement de contestation du régime, déclenché fin janvier dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Egypte, réclame le départ d'Abdellah Saleh. En poste depuis 33 ans, il s'accroche au pouvoir malgré de fortes pressions régionales et internationales en vue d'une transition pacifique dans ce pays, miné par la pauvreté, le tribalisme et une présence accrue d'Al-Qaïda. En convalescence à Ryad depuis sa sortie début août de son hôpital saoudien, Saleh, apparu en bonne forme, a répété qu'une transition passe par le verdict des urnes, suggérant qu'il ira jusqu'au bout de son mandat en 2013. S'adressant via la télévision publique à un rassemblement à Sanaa de milliers d'hommes de tribus qui lui sont fidèles, il a aussi annoncé son prochain retour au Yémen, coupant court à toutes les spéculations sur un exil saoudien.

"L'annonce de son retour, c'est l'annonce d'une sédition", a prévenu M. Atwani, ajoutant que "l'intention inavouée (de M. Saleh), c'est de conduire le pays vers la guerre civile". Le discours d'Abdellah Saleh, le troisième depuis son hospitalisation à Ryad, "est un message de défi, poussant à l'escalade et non à l'apaisement", a convenu l'analyste yéménite, Mohamed al-Dhahiri, redoutant que "le prix d'un changement au Yémen sera lourd". Mais, a-t-il ajouté à l'AFP, "personne n'a intérêt au déclenchement d'une guerre civile au Yémen car tout le monde en sortira perdant". "Cela aura des implications au plan régional et international", a-t-il averti.

Cet universitaire croit cependant au rôle que pourraient encore jouer les pays voisins, notamment l'Arabie saoudite et les Etats-Unis pour prévenir une aggravation de la situation au Yémen où le régime du président Saleh est affaibli par la défection d'une partie de l'armée, des tribus et des oulémas.

AFP

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