Soufiane Djilali : "Tout va bien donc Monsieur le ministre !"

Dans une déclaration que nous avons reçue, Soufiane Djilali, le coordinateur de Jil Jadid, revient sur la sortie de Karim Djoudi, ministre des Finances au sujet des réserves financières algériennes détenues aux Etats-Unis. «La réponse de M. le ministre des finances aux préoccupations légitimes de citoyens Algériens inquiets sur le sort du patrimoine financier du pays, ne peut en aucune façon, nous rassurer ». Le coordinateur de Jil Jadid démonte un par un les arguments du ministre et avance quelques éléments pour étayer ses doutes. Extraits :
"L’Algérie aurait ainsi acheté des Bons du trésor américain, à faible revenu (en réalité avec un taux de rémunération plus faibles que le taux d’inflation mondiale) mais à la sécurité totale. Nous aurions ainsi environ 40% de nos avoirs en dollars et sous forme de T-bonds. Dans cette logique même, seule donc cette portion de nos avoirs bénéficierait de cette sécurité, ce qui en soi est déjà troublant (pourquoi alors ne pas avoir sécurisé 100% de nos avoirs ?).
Mais là où cette logique prend l’eau, c’est lorsqu’il est avancé que ce « capital est garanti ». Personne ne disconviendra que le capital soit garanti, le problème c’est sa valeur qui ne l’est pas ! La valeur des Bons du Trésor américain est bien entendu en relation directe avec la valeur du dollar. S’il advenait que celui-ci perdait de sa valeur, notre capital en fera de même ! Or, la valeur du dollar va baisser inéluctablement et de façon importante. Les Etats-Unis (comme la plupart des Etats européens du reste) sont surendettés. Les derniers événements (négociation sur le relèvement du plafond d’endettement américain et baisse des bourses mondiales) montrent clairement que le monde s’oriente vers une récession désormais inévitable. Le remboursement de la dette est, pour longtemps, impossible par un mécanisme vertueux, c'est-à-dire par la croissance. Pas de croissance, pas de nouvelles recettes fiscales, donc pas de possibilités de faire face à la dette par ce biais.
Que reste-t-il alors pour ne pas déclarer la faillite ? L’austérité et l’augmentation des impôts seront insuffisants, aggraveront la récession. La dévaluation de la monnaie par l’inflation devient la seule issue. Le dollar pourra ainsi perdre jusqu’à 30% de sa valeur. Ce qui revient à dire que nos avoirs en dollar auront perdu 30% de leur valeur (soit le tiers de 173 milliards de dollars) !
Ce raisonnement aurait pu n’être que de la théorie. Malheureusement, les marchés nous montrent que c’est exactement ce qui est en train de se passer. En réalité et par rapport à l’or par exemple, le dollar a déjà perdu plus de la moitié de sa valeur en deux années. Nous pouvons donc logiquement conclure que le dollar est effectivement en train de perdre de sa valeur et que par effet directe, nos avoirs en réserve également.
Sur la garanti contre le risque de change. En diversifiant nos avoirs sur deux principales monnaies (dollar et euro), nos argentiers pensent se donner une garantie en cas de fluctuation de change ; une monnaie gagnant en valeur ce que l’autre perdrait. Cela aurait été vrai s’il n’y avait que ces deux monnaies sur les marchés de change, s’il s’agissait de la seule alternative. Or, les marchés offrent de multitudes issues à des investisseurs et à des spéculateurs cherchant refuge pour fuir les risques. L’euro étant tout aussi gravement malade que le dollar (bien que pour d’autres raisons), les fonds fuiront et le dollar et l’euro à la fois. Cela explique l’actuelle valorisation de l’or, de l’argent métal, des matières premières ainsi que plusieurs autres devises tels le yuan, le yen (malgré un surendettement japonais), le franc suisse etc.
Concernant la liquidité de nos avoirs. Il aurait été intelligent, dès le départ, de les laisser en sécurité en Algérie, sous forme d’hydrocarbures dans le sous-sol. Mais puisque notre « or noir » a été exhumé, nous aurions pu prévoir la situation actuelle et transformer nos avoirs en or. Nous aurions pu également agir avec plus de confiance en soi et avoir une démarche prospectiviste : Depuis au moins 2008, plusieurs secteurs industriels dans le monde sont en souffrance. Il fallait alors racheter partiellement (et à très bon prix) des entreprises performantes, dans certaines activités en relation avec nos choix de développement et d’investissement nationaux. Des négociations sérieuses en liant l’apport de capital de l’Algérie et l’ouverture de certains de nos marchés à ces mêmes entreprises nous auraient fait gagner sur plusieurs points : protéger nos avoirs, s’introduire dans les secteurs industriels mondiaux, former nos élites de managers et d’industriels, répondre à nos besoins nationaux par le biais d’entreprises internationales liées à nos propres intérêts. Cela n’a pas été notre choix.
Question subsidiaire : D’aucuns poseront la question pourquoi donc des pays comme la Chine auraient-ils misé sur le dollar et les bons du Trésor américain ? Seraient-ils, eux aussi, si naïfs pour prendre le risque de perdre des centaines de milliards de dollars ? En effet, la Chine, premier créditeur des USA, détient 1160 milliards de dollars en T-Bonds et de ce fait semble être en mauvaise posture.
Pourtant, à voir de plus près, le choix chinois est des plus rationnels. D’abord, relativement à sa population, la Chine est beaucoup moins exposée que l’Algérie. Deuxièmement, ce capital en dollars n’est pas la contrepartie d’une matière première extraite à contre-courant de ses intérêts mais le produit d’une montée en puissance de l’économie productive, elle-même résultant de la délocalisation depuis 30 ans de l’industrie américaine et plus largement occidentale vers ce pays. La Chine a échangé ses dividendes en dollars contre l’acquisition de la technologie, le savoir, le développement. C’était le gage qu’elle devait offrir pour son expansion. C’était le prix qu’elle devait mettre pour s’offrir les marchés américains et européens.
Quant à l’Algérie, quels étaient les termes de notre échange avec les Etats-Unis ? Nous leur avons donné notre pétrole contre du papier imprimerie qui, d’un coup, peut ne plus valoir que le coût de son impression ! Notre échange ne s’est pas fait au profit du peuple algérien mais « de la stabilité » du pouvoir !
Nos avoirs sont, malgré les dénégations de Monsieur le ministre des Finances, en danger. Il est d’ores et déjà illusoire de penser tout récupérer "sain et sauf". Pour la suite, gageons que nos gouvernants viendront nous dire "Allah Ghaleb, tout allait très bien chez nous, mais la crise nous est tombée dessus venant, comme toujours, de l’étranger !"
Commentaires (4) | Réagir ?
Une dette, elle est soit payée soit spolliée. La france n'a jamais remboursée sa dette contractée auprés de l'algerie avant 1830 la suite nous la connaisant tous. Alors cher chouakers ala azzoualias, vous allez faire quoi si jamais les americains et les européens vous annoncent que les 170 milliards ont fondus comme neige et qu'il n'en reste que 10 dollars et 7 euros et que vos bons vous pouvez vous..... avec. vous allez voir le TPI?. ou le conseil de securité?.
Les décideurs occidentaux ont fréquenté, les prestigieuses universités de la planète, alors que les nôtres n'ont fréquenté que les bains et les cafés maures ainsi que les mahchachattes.