Syrie : des navires de guerre contre la population

L'armée syrienne réprime sans aucune pitié.
L'armée syrienne réprime sans aucune pitié.

Vingt-six civils ont été tués dimanche dans des attaques contre la ville côtière de Lattaquié auxquelles a participé la Marine.

Une première sans doute dans l’histoire de la répression de manifestations par un président. Des navires de guerre sont pour la première fois intervenus pour mater la contestation en Syrie, précisément à Lattaquié. Vingt-six personnes ont péri dimanche, victime des tirs de l’armée et des bombardements de la marine. La machine militaire du régime ne montre aucun répit dans sa répression de la révolte, selon des militants des droits de l'Homme.

Ailleurs dans plusieurs autres villes du pays, en proie depuis cinq mois à un mouvement de contestation populaire sans précédent, quatre autres personnes ont péri sous les balles des forces de sécurité lors de leurs interventions dans les villes de Homs (centre), Hama (nord) et Idleb (nord-ouest), ont précisé des militants des droits de l’homme.

A contrario, l'agence officielle Sana, relayant la version donnée par le pouvoir depuis le 15 mars, a dit que les forces étaient intervenues à Lattaquié (nord-ouest) "à la demande des habitants pour pourchasser les groupes armés" et fait état de 2 policiers tués et 41 blessés, en démentant une opération maritime. Dans sa folie sanguinaire, le président syrien Bachar Al-Assad reste déterminé à en finir avec la révolte, et ce, malgré la multiplication des appels pour un arrêt des violences, les derniers venant des dirigeants des Etats-Unis, d'Arabie saoudite et de Grande-Bretagne.

26 victimes dont des Palestiniens

Selon les militants syriens, c'est la première fois que des navires de guerre entrent en action depuis le début de la contestation et font feu contre une localité, en l'occurrence Lattaquié, premier port du pays. En mai, lors d'une offensive à Banias (nord-ouest), les navires avaient patrouillé au large sans faire feu. "Au moins 26 martyrs sont tombés à Lattaquié dans le pilonnage de navires de guerre contre des civils sans armes et lors des opérations des services de sécurité et de l'armée", a indiqué Ammar Qourabi, chef de l'Organisation nationale des droits de l'Homme, en publiant une liste nominative des victimes.

Le chef d'une autre ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a confirmé le pilonnage maritime contre les quartiers d'al-Raml et de Qniniss. L'OSDH ajoute que des bâtiments militaires équipés de mitrailleuses lourdes et des chars participaient à l'offensive contre al-Raml, théâtre ces derniers jours de manifestations massives réclamant la chute du régime. Parmi les victimes à Lattaquié, l'OSDH a recensé des Syriens mais aussi des Palestiniens. Un des quartiers visés abrite un camp de réfugiés palestiniens.

Les trains ne circulent plus

L'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés de Palestine (Unrwa) s'est d'ailleurs dite "profondément inquiète des informations sur des tirs nourris des forces syriennes y compris à partir des navires de guerre vers le camp d'al-Raml" et confirmé un nombre indéterminé de "morts et de blessés". Elle a exigé "un accès sans restriction" aux camps palestiniens. Dès samedi, une vingtaine de blindés s'étaient regroupés à al-Raml et les habitants, redoutant une offensive, avaient fui en nombre, selon les ONG. Un grand nombre d'habitants avaient fui également Qniniss, a indiqué l'OSDH, basé en Grande-Bretagne et qui s'appuie sur les témoignages de militants sur place.

Les "Comités de coordination de la Révolution syrienne" ont affirmé que plus aucun train ne circulait en direction et en provenance de Lattaquié. L'armée et les forces de sécurité sont entrées avant l'aube dans les banlieues damascènes de Sakba et Hamouriya et ont procédé à de nombreuses arrestations, selon l'OSDH. À Lattaquié comme dans les faubourgs de Damas, l'armée procède aussi de plus en plus fréquemment à des coupures des communications téléphoniques et de l'internet.

En outre, six ONG de défense des droits de l'Homme ont appelé dans un communiqué à la libération "immédiate" d'Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme et source importante d'informations pour la presse étrangère dont les mouvements sont très limités par le pouvoir. Face à la poursuite sans répit de la répression, le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi une réunion spéciale qui sera consacrée aux droits de l'Homme et à l'urgence humanitaire en Syrie. Depuis le 15 mars, près de 1 800 civils ont été tués ainsi que plus de 400 membres des forces de l'ordre, selon l'OSDH.

Sources AFP

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