Mouammar Kadhafi à Paris pour une visite officielle controversée

Mouammar Kadhafi à Paris pour une visite officielle controversée

PARIS (Reuters) - Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi est arrivé lundi après-midi à Paris pour une visite officielle de cinq jours très controversée.

La France espère de cette visite la signature, lundi soir à l'Elysée, d'accords de coopération et de contrats.

Dans une interview publiée samedi par Le Figaro, le fils de Mouammar Kadhafi, Seif, a parlé de trois milliards d'euros de contrats dans l'aéronautique, les armements et l'énergie.

Il a également dit que la Libye négociait avec la France l'achat de chasseurs-bombardiers Rafale.

Le "guide de la Révolution" libyenne a été accueilli à sa descente d'avion à Orly par la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, avec qui il a ensuite gagné le Palais de l'Elysée pour un premier entretien avec le président Nicolas Sarkozy.

Le numéro un libyen est arrivé avec 35 minutes de retard sur l'horaire prévu à l'Elysée, dans une limousine blanche.

Vêtu d'une gandoura ocre, il a remonté à pied la cour d'honneur au son d'une musique militaire jouée par la garde républicaine. Nicolas Sarkozy lui a serré la main au bas du perron. Ils se sont tournés brièvement vers les photographes, que Mouammar Kadhafi a salués en levant le poing.

C'est sa première visite officielle depuis 34 ans - il avait alors été reçu par le président Georges Pompidou, en 1973.

Le programme complet de la visite du colonel Kadhafi n'est toujours pas connu. Interrogée à ce sujet lors de son briefing quotidien, la porte-parole du Quai d'Orsay Pascale Andréani à renvoyé les journalistes à l'ambassade de Libye.

Cette visite consacre une sorte de réhabilitation diplomatique de Mouammar Kadhafi et de la Libye, quatre mois et demi après la libération des infirmières et du médecin bulgares, que les autorités libyennes détenaient depuis huit ans.

Elle fait suite à la visite que Nicolas Sarkozy a effectué à Tripoli le 25 juillet dernier. Mais elle est vivement critiquée en France par l'opposition, embarrasse la majorité parlementaire et a mis à mal la solidarité gouvernementale.

Selon un sondage réalisé par l'institut Ifop pour l'hebdomadaire Paris Match, une large majorité des Français (61%) désapprouvent également cette visite officielle.

Dans une interview publiée par le Parisien, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme Rama Yade a joint sa voix à celle de l'opposition pour critiquer la venue de Mouammar Kadhafi, qui coïncide avec la Journée mondiale des Droits de l'Homme.

Le numéro un libyen "doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits", a-t-elle déclaré.

Rama Yade est cependant revenue en arrière lundi matin, avant d'être convoquée à l'Elysée par Nicolas Sarkozy.

"HEUREUX HASARD"

Elle a ainsi souhaité sur Europe 1 que sa position ne soit pas "caricaturée" et démenti qu'elle soit "hostile au principe" de la visite du numéro un libyen, qui "n'est pas le même" que le Kadhafi "d'avant".

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner s'est pour sa part déclaré "résigné" à la visite du "guide de la Révolution" libyenne.

Il n'assistera pas au dîner offert lundi soir par Nicolas Sarkozy en l'honneur de Mouammar Kadhafi pour cause de réunions à Bruxelles - "un heureux hasard", a-t-il dit sur France Inter.

Nicolas Sarkozy avait de nouveau justifié samedi la visite de Mouammar Kadhafi, malgré les dernières sorties du numéro un libyen, en marge du sommet Union européenne-Afrique à Lisbonne.

"Si nous n'accueillons pas des pays qui prennent le chemin de la respectabilité, que devons-nous dire à ceux qui prennent le chemin inverse ?" a dit le président français à la presse.

Il a dit vouloir "encourager" le retour de la Libye "vers la respectabilité internationale".

Le numéro un libyen avait fustigé vendredi la "dictature" du Conseil de sécurité de l'Onu et demandé aux anciens pays colonisateurs d'indemniser leurs ex-colonies.

Tout en qualifiant les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis d'"acte de folie", Mouammar Kadhafi avait d'autre part estimé qu'il ne fallait "pas s'étonner" que des personnes aient recours à de tels actes en réaction au déséquilibre des pouvoirs dans le monde et aux tensions qu'il nourrit.

Le Premier ministre, François Fillon, a pour sa part estimé lundi dans Les Echos que la polémique provoquée par la visite du numéro un libyen était "déplacée".

Mouammar Kadhafi, qui résidera à l'Hôtel de Marigny, la résidence des hôtes de l'Etat français, recevra comme il en a l'habitude ses propres invités sous une tente. Celle-ci a été dressée dans les jardins de cet hôtel particulier situé à côté du Palais de l'Elysée.

Emmanuel Jarry

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Boumediene Missoum

Un despote, un dictateur, un preneur d otages, un terroriste et un clown qui sali l image de son pays et de l Afrique.

Super Sarko pietine les valeurs des Droits de l Homme de la France pour s abaisser devant le carnet de cheques de ce sinistre personage qui a fait de la Lybie une grande prison.

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ministre boutefliha

Un personnage ce khadafi, le seul président qui me fait toujours rire