Somalie : la famine l'emporte sur la vie

Les armes ne sont jamais loin des camps de réfugiés
Les armes ne sont jamais loin des camps de réfugiés

Les terres arides entourant la localité de Dhobley, dans le sud de la Somalie, forment à présent une zone semi-désertique où la végétation a pour unique forme d'épineuses broussailles, la famine est omniprésente et l'exode de personnes affamées dépeuple les villages.

Les façades des bâtiments de Dhobley sont couvertes de trous. Dans cette ville proche de la frontière kényane, des groupes armés arborant des cartouchières en bandoulière et à la ceinture conduisent des 4x4 remplis d'armes et maintiennent une paix fragile. La milice Al Chabab, liée à Al Qaïda, est désormais à 20 km à l'est du village de Dagalama et 30 km du sud de Hawina.

La scène se répète dans de nombreux secteurs du sud de la Somalie, région pour laquelle les Nations unies ont décrété le mois dernier l'état de famine. 3,7 millions de Somaliens sont ainsi menacés, la majorité d'entre eux dans les régions du sud contrôlées par les rebelles. Dhobley fut autrefois un carrefour commercial très actif, la porte d'entrée vers le Kenya, locomotive économique de l'Afrique de l'Est. Désormais, les seules personnes qui la traversent sont des familles épuisées, avançant avec peine vers le plus grand camp de réfugiés au monde, de l'autre côté de la frontière.

Dans toute la Somalie, les récoltes n'ont rien donné. Presque toute la nourriture disponible dans les magasins de Dhobley est maintenant importée. Pour apporter des vivres de la cité portuaire de Kismayo, géré par les rebelles, jusqu'à Dhobley, les commerçants sont forcés de payer d'importantes "taxes". Beaucoup prennent des détours pour les éviter. Le résultat est le même, les prix sont hauts. Dhobley est située à cinq kilomètres seulement de la frontière très poreuse avec le Kenya. Mais la circulation reste à sens unique, des dizaines de milliers de Somaliens fuyant une famine qui se fait de plus en plus meurtrière dans le sud du pays.

La sécheresse et la famine ont tué en effet, selon des estimations américaines, plus de 29.000 enfants de moins de cinq ans au cours des trois derniers mois rien que dans le Sud. Les associations d'aide humanitaire sont même dissuadées d'entrer dans les régions maintenant contrôlées par les troupes somaliennes et la milice pro-gouvernementale. La frontière avec le Kenya est, en outre, officiellement fermée, compliquant l'apport d'aide par voie terrestre.

"On a rendu l'endroit sûr. Nous l'avons dit aux associations humanitaires mais nous n'avons jusqu'à maintenant reçu aucune intervention d'urgence", se plaint Abdinassir Serar, un habitant du pays, devant une délégation de haut rang de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Alors que la réponse humanitaire à la famine en Somalie s'est concentrée sur la nourriture d'urgence et les subventions aux abris, l'OMS lance un appel pour récolter 70 millions de dollars afin d'aider les Somaliens à acheter des aliments, à nourrir leur bétail et à rester dans le pays.

L'argent dû au travail et à la prochaine récolte, avec des pluies anticipées en octobre, pourrait contenir la marée de réfugiés et amoindrir une dépendance croissante à l'aide humanitaire. Cependant, il apparaît qu'"il n'y a pas d'autre solution de rechange" que de fournir des secours immédiats en argent et, dans le même temps, de s'engager immédiatement à protéger leurs ressources de base (bétail)", explique, au milieu des carcasses de bétail, Luca Alinovi, chef du programme de l'OMS pour la Somalie.

Reuters

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