Syrie : tirs de l'armée sur des manifestants dans l'est

Syrie : tirs de l'armée sur des manifestants dans l'est

L'armée a ouvert le feu vendredi sur des milliers de contestataires à Deir el-Zour, dans l'est de la Syrie, selon un militant des droits de l'Homme. Une quinzaine de personnes ont été tuées en deux jours.

D'après Moustafa Osso, les manifestations contre le président Bachar el-Assad ont commencé après la prière du vendredi dans deux mosquées de la ville, en dépit de la répression sanglante orchestrée par le régime et d'une offensive au cours de laquelle les forces syriennes ont pris cette semaine le contrôle de la ville. Les tirs ont été confirmés par les Comités locaux de coordination, qui participent à l'organisation des manifestations et rendent compte de la contestation en cours depuis la mi-mars. Mais aucune information sur d'éventuelles victimes n'a été diffusée dans l'immédiat, selon le groupe.

D'autres actions de protestation ont été signalées dans le nord-est de la Syrie, à Homs (centre) et dans la région de Hama (centre-ouest). Par ailleurs, les forces syriennes ont abattu deux personnes au cours de nouvelles opérations vendredi dans une ville du nord, près de la frontière avec la Turquie, et dans un faubourg de Damas, la capitale, selon des militants des droits de l'Homme.

Ces derniers ont rapporté que des soldats et des chars étaient entrés à Khan Cheikhon dans la province septentrionale d'Idlib, sur fond de violents tirs qui ont coûté la vie à une femme. L'offensive s'inscrivait dans le cadre d'opérations militaires menées ces derniers jours dans le secteur en proie aux troubles. Les manifestations contre le régime du président Bachar el-Assad dans la région ont entraîné une répression féroce en juin. Des milliers de Syriens ont fui vers la Turquie et nombre d'entre eux vivent encore dans plusieurs camps de réfugiés.

Vendredi, les forces de sécurité ont également abattu une personne lors d'une opération à Saqba, un faubourg de Damas, procédant également à des arrestations, selon les militants. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme basé à Londres et les Comités locaux de coordination ont confirmé les deux décès.

L'offensive militaire témoigne de la détermination du président syrien à écraser le soulèvement contre son régime en dépit des condamnations internationales. Jeudi, l'armée syrienne a abattu au moins 11 personnes à Qousseir, dans l'ouest du pays, près de la frontière avec le Liban, et est entrée à Saraqeb, dans le nord-ouest, non loin de la frontière avec la Turquie, au lendemain de l'annonce officielle d'un retrait des militaires de la région, selon des militants.

Le président de la Ligue des droits de l'homme arrêté

Par ailleurs, la campagne d'arrestations lancée par le régime s'est poursuivie. Des militants syriens ont rapporté jeudi que les forces de sécurité avaient interpellé Abdel-Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme. Militant depuis longtemps, l'homme n'a cessé de rendre compte des violations des droits de l'Homme commises par les autorités et de décès survenus dans le pays. Selon le militant Ammar Qurabi, Abdel-Karim Rihaoui a été appréhendé dans un café du centre de Damas où il accordait un entretien à un journaliste.

Vendredi matin, le ministère français des Affaires étrangères a condamné son interpellation et demandé sa libération immédiate. "Par son caractère brutal et symbolique, l'arrestation d'Abdel-Karim Rihaoui, constitue une nouvelle décision inacceptable des autorités de Damas, allant directement à l'encontre des attentes de la communauté internationale récemment exprimées par le Conseil de sécurité et de nombreux pays de la région", a déclaré la porte-parole adjointe du Quai d'Orsay Christine Fages. "La répression violente et les arrestations politiques doivent cesser en Syrie".

Consultations hauts placées pour une réplique

Les initiatives pour arrêter le bain de sang et la tuerie se multiplient depuis quelques jours, mais sans succès. Sans doute assuré que la communauté internationale n'ira pas plus loin qu'une condamnation de la violente répression, le président Bachar Al Assad reste sourd à toutes les sollicitations. Plusieurs diplomates étrangers se sont rendus cette semaine à Damas pour exhorter les autorités à mettre fin à la répression, qui a coûté la vie à quelque 1.700 civils depuis mars, selon des organisations de défense des droits de l'Homme. Le président américain Barack Obama s'est entretenu jeudi par téléphone avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, exprimant sa profonde préoccupation devant l'usage de la violence contre des civils en Syrie, selon la Maison Blanche. Les deux dirigeants sont convenus de la nécessité d'un arrêt des violences dans le pays et ont estimé que les demandes de la population pour une transition démocratique devaient être satisfaites.

Le porte-parole de la présidence Jay Carney a souligné que la Syrie "serait un bien meilleur endroit sans "Bachar el-Assad. "Nous pensons que le président Assad a laissé passer sa chance de conduire la transition", a-t-il dit aux journalistes qui accompagnaient Barack Obama vers le Michigan à bord de l'avion présidentiel Air Force One.

Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu, qui avait rencontré le président syrien mardi à Damas, a lui aussi réitéré jeudi ses appels à la cessation des violences, précisant qu'Ankara suivrait étroitement la situation sur le terrain.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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madjid ali

Cette armée qui tire sur des civils qu'elle aille libérer le Golan. Elle ne tiendrait pas une journée elle sera balayée par l'armee israélienne qui pour eux perdre un Israélien est une catastrophe.

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ali Foughali

Je me pose une question : s'il se produisait un soulèvement populaire en Algérie comme il se produit actuellement en Syrie quel serait le comportement de l'armée. Je parie que la réaction serait plus féroce qu'en Syrie.