Un message de Djamila Bouhired

Dans ce texte adressé au matindz, la moudjahida Djamila Bouhired exprime sa gratitude envers ceux qui l’ont soutenue moralement durant sa maladie.
Mes chers frères et sœurs,
Mes chers enfants ;
Il est des moments dans la vie où la solidarité fraternelle est synonyme de renaissance. Lors de mon arrestation et de ma condamnation à mort, en 1957, Sayeda Faïrouz m’avait fait l’honneur de me dédier une chanson. De sa belle voix de diva, elle m’avait rendu un vibrant hommage, que je mérite peu n’ayant fait que mon devoir, mais qui s’adressait en fait à toute l’Algérie combattante. Plus d’un demi-siècle plus tard, la grandeur de son geste est restée gravée dans ma mémoire ; je tiens à lui exprimer aujourd’hui mes plus vifs remerciements. Une autre cantatrice, Warda El Djazaïra, avait fait de même. Qu’elle en soit également remerciée.
Plus récemment, lors de ma maladie, de nombreux frères et sœurs Algériens ont répondu à mon appel avec une affection particulière. Leur contribution spontanée m’a beaucoup touchée et émue. Je ne peux oublier les nombreuses marques de sympathie fortes et émouvantes, notamment les articles de solidarité publiés dans la presse autour d’un même thème : « non Djamila, tu n’es pas seule ! ». C’est cette exceptionnelle générosité qui a débloqué une prise en charge de mes soins. Le directeur de la CNAS (Caisse nationale des assurances sociales) a traité le dossier avec gentillesse et compréhension. A l’hôpital Parnet et au CNMS (Centre national de la médecine du sport), les professeurs-chefs de services, les médecins spécialistes, les jeunes résidents et le personnel paramédical m’ont soignée avec compétence, dévouement, chaleur et sourire.
Des témoignages de sympathie me sont également parvenus de l’étranger : d’Angleterre, du Canada, de Tunisie, du Maroc, du Liban, de Syrie, d’Egypte, d’Arabie Saoudite, des Etats-Unis etc… Des princes du Golfe m’ont proposé spontanément aide et assistance, avec une générosité et une discrétion qui témoignent de leur attachement sincère au passé révolutionnaire de l’Algérie.
Je ne peux oublier les médecins américains d’origine algérienne qui ont proposé de me prendre en charge et de me soigner ; j’espère pouvoir un jour les remercier de vive voix.
A toutes et à tous, je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements et ma sincère gratitude.
Avec mon affection et mon émotion.
Alger, le 05 août 2011
Djamila Bouhired
Commentaires (12) | Réagir ?
Oui Madame la résistante. L'Algérie vous doit beaucoup de respect. Pour l'Algérie vous êtes une dame au sens propre du terme. Vous êtes un exemple de bravoure. Avec mon respect fraternel et mon admiration.
Madame avec tout le respect quand vous voyez un voleur et des généraux pilleurs à la tête de l'Etat que vous et nos aieux ont libéré avec leur sang et par tout le désastre qu'avait été le colonialisme francais, j'aimerais bien savoir si parfois vous ne le regrettez pas ? Toute l'Algérie leur appartient, toutes les richesses du pays sont à eux, même le petit poisson, le thon, est vendu aux étrangers derrière le dos du peuple algérien et des enveloppes et dessous-de-table... Madame mon grand-père était en 1940-1962 OS-ALN ainsi que mon arrière-grand-père 1871 guerre contre l'invasion française en Kabylie... Toute notre vie ne sera que guerre ?! J'ai décidé madame de donner une autre patrie pour mes enfants. Les USA est aussi une terre de Dieu. A