Azouz Begag à EL KHABAR : « Sarkozy n'est l'homme d'aucune excuse ni repentance »

Azouz Begag à EL KHABAR : « Sarkozy n'est l'homme d'aucune excuse ni repentance »

Dans une interview à El khabar, l’ancien ministre du Gouvernement De Villepin revient sur la visite de Sarkozy en Algérie et explique les raisons de l’accueil froid réservé par les Algériens au président français. Pour l’auteur du « Gône du chaaba », « le système colonial français mérite mille excuses, au nom de l'Humanité et non un médiocre qualificatif comme 'injuste' », alors que « Sarkozy n’est l’homme d’aucune excuse, ni repentance »

El Khabar : Que pensez-vous de la polémique qui a précédé la visite de M. Sarkozy, et comment expliquez vous le tapage médiatique et politique qui a suivi les déclarations d’un ministre algérien sur les origines du président français du lobby juif qui lui a ouvert les portes de l’Elysée ?

Azouz Begag : Ce n'est pas un lobby qui a ouvert les portes de l'Elysée à monsieur Sarkozy, ce sont 53% des électeurs Français. La démocratie fonctionne ainsi. Et les portes de l'Elysée, c'est le système démocratique qui les ouvre, pas un lobby. En France, il y a un système qui fonctionne sur le principe 'un citoyen, un vote'. Moi-même, qui suis d'origine algérienne, de Sétif, je me suis présenté à l'élection législative à Lyon ; croyez vous que les lyonnais d'origine maghrébine ont tous voté pour moi ? Vous vous trompez. Beaucoup ne se sentent pas concernés par les élections. Il n'y a pas de lobby maghrébin. Les gens sont libres de voter pour le candidat de leur choix, lobby ou pas. En ce qui concerne Sarkozy, il a gagné les élections avec les électeurs du Front national, ça c'est une réalité. Il leur a dit qu'il allait créer un ministère de l'identité nationale contre l'immigration en provenance d'Afrique, a insulté les jeunes des banlieues de racailles, a dit à la télévision que la France n'était pas le pays de l'excision des filles, de la polygamie et des moutons qu'on égorge dans la baignoire : il a ainsi ciblé les Africains et les musulmans pour en faire sa chair à canon électoral. Ca oui !

El Khabar : Quelle lecture faites-vous des déclarations de Sarkozy en Algérie ?
Azouz Begag : Il a parlé de système injuste pour le colonialisme. Un euphémisme ! Il n'allait pas en Algérie pour renverser le cours de l'histoire. La colonisation en Algérie comme toutes les colonisations, a été un viol à main armé. De la culture, de la civilisation, des richesses économiques... il a été un système qui mérite mille excuses, au nom de l'Humanité. Pas de médiocre qualificatif comme 'injuste'. Et dans un viol à main armé, on ne peut pas enseigner après coup aux enfants de France qu'il y avait quand même des 'aspects positifs'...

El Khabar : Son ministre des affaires étrangères a même insulté le ministre Algérien des moudjahiddines (anciens combattants) durant son séjour à Alger, souhaite-t-il être plus royaliste que le Roi ?

Azouz Begag : Monsieur Kouchner a bien mauvaise réputation ici même en France, surtout auprès de ses camarades socialistes qu'il a trahis. Je n'en dirai pas plus. Quant à monsieur Sarkozy, il m'a gravement insulté lorsque j'étais ministre dans le gouvernement de monsieur De Villepin. Ce sont des hommes qui ont l'insulte facile. Aujourd'hui, le peuple leur rend les mêmes offenses, surtout en Bretagne...

El Khabar : Trouvez-vous normal qu’il déclare à la veille de son voyage en Algérie, qu’il y va pour ramener des contrats ?
Azouz Begag : On a beaucoup parlé en France de contrats, d'argent, pour justifier rationnellement le voyage de Sarkozy en Algérie. Comme pour donner une raison 'valable' et minimiser le contentieux historique entre les deux pays. En ce qui concerne le colonialisme, les insultes aux jeunes des banlieues en 2005 et 2006..., monsieur Sarkozy n'est l'homme d'aucune excuse ni repentance.

El Khabar : Quel avenir pour les relations entre l’Algérie et la France ?
Azouz Begag : Elles doivent reposer sur les millions de citoyens de France qui œuvrent chaque jour à l'amélioration des rapports entre nos deux pays. La France et l'Algérie ont des mémoires cousues l'une à l'autre. Elles doivent se broder un avenir commun, sur la base de la fraternité et de l'équilibre.

El Khabar : Les Algériens avaient réservé un accueil chaleureux à Jaques Chirac, par contre ils ont montré une certaine hostilité envers Sarkozy, pourquoi selon vous ?

Azouz Begag : Comme les jeunes des banlieues ici, les Algériens ont senti l'hostilité pendant la campagne présidentielle de Sarkozy au monde des banlieues et aux musulmans. J'en ai fait d'ailleurs un livre ; "le mouton dans la baignoire". J'en publierai le second tome en février "La guerre des Moutons".
Jacques Chirac était un véritable ami de l'Afrique et des Africains, du Nord au Sud, d'Est en Ouest. Les Africains le sentent.

Entretien réalisé par Kamel Zait

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Commentaires (6) | Réagir ?

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Akvaly Wina

Monsieur Begag a fait sa cuisine Française avec ces amis de UMP, ensuite avec ceux de UDF. Quelle sera la prochaine plat d'Azzouz. Et cousin azzouz on peut rien faire c'est une question franco-Française.

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lecameleon74 lecameleon74

il est bizarre ce Begag.... du moment que SARKO l'a insulté pourquoi l'avoir gardé et ne rien declarer jusqu'au jour ou il a ete mis en quarentaine par l'equipe de sarko au sein du gouvernement devillepin?il aurait pu faire valoir un peu de son algerianité en lui repondant au moment même ou il a ete insulté...

AZOUZ... tu commences a peine de faire de la POLITIK.... tu es encore jeune mon ami... les jeunes des banc lieux.. eux savent faire de la politique.... apprend d'eux

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