Démission collective à la tête de l'armée turque

Le premier ministre,Tayiip Erdogan, et des officiers supérieurs de l'armée turques.
Le premier ministre,Tayiip Erdogan, et des officiers supérieurs de l'armée turques.

Le chef d'état-major turc ainsi que les commandants des armées de terre, air et mer ont démissionné sur fond de désaccord avec le gouvernement islamo-conservateur sur la promotion de militaires de haut rang incarcérés dans des affaires de conspiration.

Le torchon brûle depuis plusieurs mois entre l'armée turque et le gouvernement de l'AKP du premier ministre, Tayiip Erdogan. Résultat : selon l'agence de presse officieuse Anatolie, le "patron" des armées, le général Isik Kosaner, et ses trois adjoints chapeautant respectivement l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air, vont quitter leurs fonctions, une mesure présentée dans un premier temps par certains médias turcs comme des démissions. On ignorait encore la raison officielle de ce départ collectif, mais les médias turcs ont évoqué des tensions entre la direction militaire et le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Cependant, selon toute vraisemblance, les divergences porteraient sur la promotion de généraux incarcérés pour implication supposée dans des complots antigouvernementaux. L'armée turque, autrefois intouchable, est devenue la cible de critiques, dont celle de complot présumé visant à renverser le gouvernement de M. Erdogan, dont le Parti de la justice et du développement (AKP) est issu de la mouvance islamiste.

L’armée avait mené quatre coups d’Etat

Le gouvernement n'a pas réagi réagi à ces départs collectifs. Depuis 1960, l'armée turque a renversé quatre gouvernements, dont celui, en 1997, de l'islamiste Necmettin Erbakan, mentor de l'actuel Premier ministre. Plusieurs réunions se sont déroulées ces derniers jours entre le chef d'état-major, le général Isik Kosaner, et M. Erdogan avant une réunion la semaine prochaine du Conseil militaire suprême (YAS) qui décide des nominations dans la hiérarchie militaire.

Outre le général Kosaner, les commandants des armées de terre, air et mer ont quitté leur poste, ce qui constitue une première en Turquie, pays membre de l'Otan, ont indiqué les chaînes d'information NTV et CNN-Türk. L'agence semi-officielle Anatolie a précisé de son côté que le chef d'état-major et ses commandants avaient demandé un départ anticipé à la retraite. Le chef d'Etat Abdullah Gül, commandant suprême de l'armée selon la Constitution, a reçu dans la soirée M. Erdogan et le commandant de la gendarmerie, le général Necdet Özel. Ce dernier est pressenti pour devenir le prochain chef d'état-major, selon les spécialistes.

L’armée affaiblie par les enquêtes et les arrestations

Quarante-deux généraux et plusieurs dizaines d'officiers d'active ou à la retraite sont actuellement incarcérés dans le cadre de complots présumés visant à renverser le gouvernement du parti de la justice et du développement (AKP). L'armée souhaiterait que ces militaires puissent a priori bénéficier d'une promotion, même s'ils sont en prison dans l'attente de la fin de leur procès, tandis que le gouvernement voudrait qu'ils partent en retraite. Parmi eux se trouve un général quatre étoiles qui était censé devenir le prochain commandant de l'aviation.

La décision des généraux de quitter leur poste est symbolique en Turquie où l'armée a été affaiblie depuis 2007 avec le lancement de plusieurs enquêtes sur des projets de complots qui auraient visé à déstabiliser le gouvernement par le biais d'un coup d'Etat militaire. L'arrivée en 2002 au gouvernement de l'AKP, qui a remporté une troisième victoire législative en juin, avait fait redouter à une partie de l'opinion et à l'armée une remise en cause de la laïcité. Le général Kosaner avait été nommé pour trois ans en 2010. Les trois autres commandants devaient partir fin août à la retraite. L'an dernier, s’appuyant sur l'offensive judiciaire anticomplot, les membres civils du YAS, en particulier le Premier ministre, avaient bousculé la routine habituelle des promotions. Ils avaient refusé de promouvoir ceux d’entre eux qui sont impliqués dans des affaires de complot, ce qui avait entraîné un retard inhabituel dans la nomination du chef d'état-major actuel.

L'AKP s'est confronté, plusieurs fois, à l'armée turque depuis qu'il a pris les rênes du pays dans le but de vouloir réduire son influence dans la vie politique et à chaque fois réussi à remporter la bataille.

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ali chemlal

L'état-major turc, a entièrement raison de démissionner, pour exprimer son refus a la politique de son premier ministre, lequel a commis l'erreur de rejoindre Sarkozy, lequel l'a entrainé sur un terrain dangereux, en s'alignant sur ses positions dans le conflit libyen, lui faisant miroiter la possibilité pour la Turquie d'adhérer à l'Europe, alors qu'il est le premier hostile à son adhésion. Adulé par les populations musulmanes, pour son engagement au côté des Palestiniens, il a perdu beaucoup de crédibilité auprès des masses musulmanes.

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MOTA LIWIME

C'est ce qui ne risque pas d'arriver un jour chez nous. Tiens au fait je viens de me rappeler d'une chose.

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