Un article du directeur de Liberté sur "Le mensonge de Dieu"

Un article du directeur de Liberté sur "Le mensonge de Dieu"

Abrous Outoudert, le directeur du quotidien Liberté, a lu " Le mensonge de Dieu" de Mohamed Benchicou. Il dit ce qu'il en pense.

C’est une véritable saga que nous offre Mohamed Benchicou qui a troqué pour un temps sa camisole de journaliste pour celle plus ample mais qui lui va comme un gant ; celle d’écrivain.

J’avoue que j’avais une double appréhension quand j’ai eu le livre entre mes mains : d’abord celle de retrouver des récriminations de journaliste en mal de règlement de compte et ensuite le volume du livre (pas moins de 650 pages), un véritable dictionnaire.

Mais c’était plus qu’une encyclopédie documentée, agréable à lire et surtout bien écrite, avec beaucoup de poésie et surtout une escapade dans la fiction de notre histoire. Celle de ce pays à travers tout simplement une généalogie qui prend sa source chez Bélaïd de Tizi n’Djemaâ à Rafiq sacrifié comme kamikaze par les groupes islamistes, à l’âge de 13 ans. Nous sommes déjà en l’an 2007 alors que son arrière-grand-père a crapahuté sur tous les fronts, à la recherche de la liberté et de l’amour. Il a trouvé ce dernier mais la seconde tarde à venir et sa descendance qui prend le relais, sur les pas de l’ancêtre. De quoi tenir le lecteur que je suis en haleine jusqu’à la dernière page (653). Au départ, il y a Bélaïd, un Don Juan, rouquin qui tomber les femmes par son bagout, son courage et surtout par sa disponibilité à aller à la recherche de la liberté où elle se trouve. C’est-à-dire sur tous les fronts où il y a la guerre. Verdun et les autres. Tout cela pour l’amour de Joséphine, une Allemande d’Algérie, puis pour Manuela, l’Andalouse qui lui a donné un fils Djebril et offert une selle d’un général espagnol en agonie de réalisme ou d’utopie. Car “l’utopie est un handicap avant d’être un fourvoiement. Elle vous berce, le temps que le piège se referme sur vous.”(P 244). Son fils Djebril prend la relève du père et Yousef, celle de son grand-père et de son père. En quelque sorte le rocher de Sisyphe sur lequel la génération se trouve condamnée, par descendance jusqu’à Mahla, petite-fille de Yousef, adoptée ou de Zouheir, martyr de la guerre des Six Jours en 1973 ou de sa sœur Zoubida. Il y a aussi avec Joséphine et Manuela, Noah, Magdalena, Amira, Aldjia, Meriem et les autres comme Kheïra qui hante le cimetière pour demander protection pour son fils formaté kamikaze à 13 ans. Les personnages féminins tiennent une place prépondérante dans cette œuvre parce que comme dit l’auteur les grands chamboulements comme les crues ont lieu en automne et la femme y joue toujours un rôle primordial.

Au gré des chapitres, l’auteur fait des incursions de plus en plus répétitives sur la période des années 2000-2008 avec un personnage du DRS, colonel, devenu hadj sur le tas, quand il a compris qu’il avait tout faux. Dans cette saga, on fait la rencontre de Moufdi Zakaria en prison et surtout avec Messali Hadj qu’on sent déchiré entre le choix cornélien de choisir entre sa femme et ses compagnons de lutte. Le titre de ce roman historique a fait tiquer plus d’un alors qu’il est tiré d’une phrase qui, en fin de compte, résume ce grand roman qui rappelle celui de Souidi (Amastan Sanhadji). Et cette phrase qu’on trouve à la page 407 est la suivante : “Seul le mensonge de Dieu peut nous consoler de l’injustice des hommes.” Un bon sujet de dissertation aussi bien pour les candidats au bac que pour ceux qui s’interrogent. Ceux qui n’aiment pas le journaliste adoreront l’écrivain.

ABROUS Outoudert

Edition du Jeudi 28 Juillet 2011

Le mensonge de Dieu de Mohamed Benchicou, 653 pages, éditions Koukou et Inas.

Mohamed Benchicou dédicacera son roman, le Mensonge de Dieu, le samedi 30 juillet 2011 à partir de 14h à la librairie du Tiers Monde.

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