Le gouvernement achète la paix sociale à coût d'importations massives

Le gouvernement achète la paix sociale à coût d'importations massives

La facture des importations alimentaires devient de plus en plus salée. Elle a enregistré une hausse de 59% rien que pour le premier trimestre 2011. C’est dire que la paix sociale a un prix.

La montée de la grogne sociale et politique depuis le début de l’année et la crainte de pénuries alimentaires pendant le mois de ramadan ont poussé l'Algérie à multiplier ses importations de céréales avant août. La date choisie cette année n’est justement pas étrangère au mois ramadan, une période traditionnelle de flambée des prix en Algérie. A preuve, quelques produits de consommation ont déjà enregistré des hausses importantes.

A ce propos, lundi, le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis) annonçait une hausse de 59% de la facture alimentaire au premier semestre 2011: 4,83 milliards de dollars contre 3,02 milliards pour la même période de 2010. Les importations massives de céréales, semoules et farines sont passées de 1,02 milliard de dollars au 1er semestre 2010 à 2,04 milliards durant la même période en 2011, soit une progression de plus de 99%.

La première raison à ces décisions "est d'ordre politique, explique à l'AFP l'économiste Abderrahmane Mebtoul. Face à ce qui se passe dans le monde arabe, le gouvernement algérien veut éviter les tensions sur le pain et les produits alimentaires", poursuit l'expert, en se référant aux révolutions et soulèvements enregistrées en Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie et au Yémen.

Il est clair que le gouvernement fait tout pour éviter une éventuelle explosion sociale. En maintenant la subvention de produits de base comme les céréales, le sucre ou le lait, le gouvernement veut rassurer la population et calmer les esprits qui pourraient s’échauffer à la perspective d’une probable pénurie en plein mois de ramadan.

Cependant, selon les observateurs, l’Algérie fait face aussi à une maffia organisée qui réexporte les produits de large consommation vers les pays frontaliers, comme le Mali, le Niger, le Maroc ou la Tunisie. Dans une déclaration au quotidien français France Soir, le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Réda Hamiani, déplore que, par cette politique, "l’Algérie casse les prix internationaux" et que «des pays comme le Mali, le Niger, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie profitent aussi de ces subventions grâce à certains réseaux». Réda Hamiani précise : "C’est un non-sens de subventionner les produits au stade final". Une question demeure posée : qu'en est-il de toutes les politiques gouvernementales de soutien au secteur agricole menées ces dix dernières années à coût de milliards ?

Le citoyen est en droit de savoir que sont devenues toutes les promesses du ministre de l'Agriculture et jusqu'à quand l'Etat va jouer au pompier à défaut d'avoir une politique à long terme.

Y. K.

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Commentaires (6) | Réagir ?

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ali Foughali

Si tu aimes ton enfant ne lui donne pas de poisson apprends lui à pécher... et son avenir sera garanti.

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ali Foughali

Il y a lieu de savoir que l'antique Berbérie était considérée comme le grenier de Rome. La question reste posée. La modernisation et la mécanisation de l'agriculture sont incompatible avec la politique des gouvernements et des politiques appliquées.

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