Egypte: affrontements au Caire malgré des promesses de démocratie de l'armée

Egypte: affrontements au Caire malgré des promesses de démocratie de l'armée

De violents affrontements entre partisans et adversaires des militaires ont éclaté samedi au Caire, malgré des déclarations de l'armée qui a cherché à apaiser les critiques sur la lenteur des réformes en renouvelant son engagement en faveur de la démocratie.

Le maréchal Hussein Tantaoui, à la tête du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui tient les rênes du pays, a une nouvelle fois promis de créer les "piliers d'un Etat démocratique défenseur de la liberté et des droits de ses citoyens".

Il a confirmé sa volonté, dans une allocution télévisée, de tenir "des élections parlementaires libres et justes, une nouvelle Constitution et l'élection d'un président choisi par le peuple". Il n'a toutefois pas donné plus de précisions sur cette démocratisation, dont de nombreuses dispositions - règles électorales, tenue des législatives à l'automne mais absence d'échéance précise pour la présidentielle, date de rédaction d'une Constitution notamment - font d'ores et déjà l'objet de controverses.

Malgré ces déclarations, un millier de manifestants ont tenté de se rendre devant le ministère de la Défense et siège du CSFA, en scandant "à bas le pouvoir militaire", avant d'être bloqués par un barrage de la police militaire, qui a tiré en l'air pour tenter de les disperser.

De violents affrontements avec jets de pierres et de cocktails molotov ont alors éclaté en début de soirée entre les manifestants et des civils favorables à l'armée, sans que les militaires n'interviennent, a constaté un journaliste de l'AFP. Des blessés en nombre indéterminé ont été évacués par des ambulances.

Malgré ses déclarations répétées en faveur de la démocratie et le soutien populaire dont elle a bénéficié pendant le soulèvement de janvier et février, l'armée est aujourd'hui de plus en plus critiquée.

Ministre de la Défense de M. Moubarak pendant vingt ans, M. Tantaoui a été personnellement mis en cause par les militants qui occupent la place Tahrir au Caire depuis deux semaines et manifestent dans d'autres villes du pays. Ils reprochent aux autorités militaires la lenteur des réformes annoncées, le maintien de pratiques répressives héritées de l'ancien régime ou encore la présence de partisans de M. Moubarak au gouvernement et dans la haute administration.

Jeudi, un remaniement du gouvernement de transition conduit par Essam Charaf n'a pas apaisé la situation, une partie des ministres qui figurent dans le nouveau cabinet ayant déjà servi sous M. Moubarak.

Contrastant avec le ton apaisant du maréchal Tantaoui, le CSFA a émis un communiqué mettant en cause le "mouvement du 6-Avril", une organisation de jeunes accusée de provoquer l'instabilité. Le "mouvement du 6-Avril", très actif au travers des réseaux sociaux sur internet, a joué un rôle important dans le déclenchement de la révolte contre M. Moubarak le 25 janvier dernier. C'est la première fois que le CSFA met aussi directement en cause une organisation pour les tensions politiques actuelles. Le groupe a démenti ces accusations et déclaré dans un communiqué qu'il ne faisait qu'"exprimer des critiques politiques".

L'armée appelle également "le peuple à la vigilance et à ne pas tomber dans le complot suspect visant à miner la stabilité de l'Egypte". Des incidents avaient déjà eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi au Caire, à Alexandrie et à Suez.

AFP

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