Libye : Kadhafi s'accroche, Washington espère

Le colonel libyen reste belliqueux mais les États-Unis le voient perdre le pouvoir.

Le leader libyen Muammar Kadhafi, toujours combatif, s'est dit prêt à résister jusqu'au bout, au moment où Washington estimait qu'il perdait le contrôle du pays et la rébellion se préparait à de nouvelles attaques. Entre-temps, le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé a estimé que Muammar Kadhafi pourrait rester en Libye s'il se mettait à l'écart de la vie politique, en faisant une condition préalable à un cessez-le-feu dans le conflit qui dure depuis plus de cinq mois sans solution en vue. À Moscou, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov devait recevoir son homologue libyen Abdelati Obeidi pour tenter de trouver un compromis, la Russie ayant appelé au départ de M. Kadhafi tout en refusant de reconnaître la rébellion comme autorité.

Alors que les rebelles, aidés par l'Otan, consolidaient leurs positions dans l'Ouest et tentaient de prendre le contrôle total de la ville pétrolière de Brega dans l'Est, le colonel Kadhafi a affirmé qu'il ne céderait pas. "Des millions de Libyens sont à mes côtés. Nous sommes chez nous et nous nous battrons jusqu'à la dernière goutte pour défendre notre honneur, notre pétrole et nos richesses", a-t-il dit dans un nouvel enregistrement sonore. "Cette guerre nous a été imposée, le seul choix que nous avons est de nous battre, hommes, femmes et enfants, pour libérer Benghazi, Misrata" et les montagnes au sud-ouest de la capitale, a ajouté le leader libyen à propos des principales zones tenues par les rebelles. "Nous marcherons sur ces villes contrôlées par les traîtres et les mercenaires de l'Otan pour les reprendre", a-t-il dit, confronté depuis le 15 février à une rébellion armée qui veut le chasser du pouvoir, à des sanctions internationales, et isolé de toutes parts.

Site pétrolier stratégique

Se voulant optimiste, la Maison-Blanche a affirmé que "tous les indicateurs" montraient que le dirigeant libyen perdait prise sur son pays. "Il contrôle de moins en moins de territoires, l'opposition est à l'offensive dans de nombreux endroits du pays" et "l'approvisionnement de Kadhafi en carburants et en argent liquide est interrompu". Selon une responsable américaine, une rencontre "récente" a réuni de hauts responsables américains et des représentants du régime hors de Libye, pour exhorter Kadhafi à céder le pouvoir. Pour le ministre français de la Défense Gérard Longuet "le compte à rebours est engagé" pour le départ du leader libyen.

Sur le terrain, les rebelles ont indiqué tenter de pénétrer plus avant dans le site pétrolier stratégique de Brega après des combats meurtriers ces derniers jours autour de la ville, mais le régime a affirmé avoir repoussé leur offensive. Il reste des "soldats coincés dans la ville", a déclaré la rébellion. Les responsables rebelles ont précisé que la plupart de leurs combattants n'étaient pas encore entrés dans la ville, ralentis par des centaines de mines et des tranchées remplies de liquides inflammables. Selon la rébellion, une partie des pro-Kadhafi sont restés sur des positions à portée de tir du site. Les insurgés tentaient aussi de les en déloger. Le colonel Roland Lavoie, porte-parole de la mission de l'Otan en Libye, a dit que "la situation à Brega est très fluide et très changeante".

Ramadan

Dans l'Ouest, les rebelles s'efforcent de sécuriser leurs gains territoriaux et de dégager la voie vers la capitale Tripoli, bastion du régime. Les loyalistes continuent de bombarder les positions rebelles autour de Zliten (ouest), afin d'empêcher les insurgés d'avancer vers le centre de la ville, a indiqué la rébellion. Dans le Sud-Ouest, la rébellion se prépare pour la prochaine bataille, a assuré un commandant à Goualich. "On espère qu'elle aura lieu avant le ramadan" en août, a-t-il dit, sans exclure qu'elle puisse avoir lieu pendant le mois de jeûne musulman sacré.

Au sud de la ville de Misrata, enclave rebelle située à 200 km à l'est de Tripoli, au moins 7 rebelles ont été tués et 23 blessés dans des combats nocturnes contre les pro-Kadhafi, a indiqué la rébellion en affirmant avoir repoussé ces derniers. Deux chefs militaires de Misrata doivent être reçus dans la journée par le président français Nicolas Sarkozy, pour demander une aide accrue de la France.

AFP

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