Cri du cœur d’un moudjahid de l’ALN historique

Si Boumedienne au volant
Si Boumedienne au volant

Frères et soeurs algériens, j'en appelle à vous, victime que je suis d'un déni de justice. L'obligation de réserve cesse où commence l'abus de droit. Et l'abus de droit à mon encontre est avéré. Personne ne m'imposera plus silence, et certainement pas un Etat devenu voyou, et une caste d'affairistes au pouvoir depuis 50 ans.

J'ai interpellé mille et une fois le locataire d'El-Mouradia, le Président Bouteflika, qui me connait pourtant, mais en vain. J'en appelle donc aujourd'hui à l'opinion publique algérienne, comme l'a déjà fait notre légendaire moudjahidat Djamila Bouhired. Oui, je suis dans l'obligation de faire appel à vous, chers frères et sœurs algériens, chers amis de cette Algérie que j'ai voulu indépendante, comme tous les autres courageux authentiques moudjahidine.

Je suis Si Boumédienne Ould Flittas, descendant de Si Mohamed Saïd, frère aîné de l'Emir Abdelkader. J'ai été un des premiers combattants de notre ALN. Je fus arrêté, les armes à la main, le 3 novembre 1954 et torturé à Oran pendant 3 semaines (électricité, baignoire) sous l'égide du préfet Lambert. J'allais alors avoir 19 ans. Relevant de la 5e wilaya après avoir rejoint l'ALN, devenu aspirant sous-lieutenant (promotion colonel Amirouche), j'ai principalement été au Centre des transmissions d’Oujda, puis créateur du Service auto et instructeur des para-commandos Groupes 15 à Kebdani.

Depuis l'indépendance, je sollicite l'octroi de mes justes et imprescriptibles droits en tant que moudjahid, droits votés par le peuple : "La protection des droits intrinsèques des moudjahidine et de leurs ayants-droit, et la sauvegarde de leur dignité dans une société en pleine mutation sont une obligation nationale, une attribution de tous les organes politiques du pays, et une prérogative des institutions de l'Etat". (Ordonnance n° 76-57 du 5 juillet 1976, portant publication de la Charte nationale. Reprise dans l’ordonnance n°76-97 du 22 novembre 1976 portant promulgation de la Constitution de la République algérienne démocratique et populaire, art. 85)

A ce jour, cinquante ans plus tard, je n'ai obtenu en tout et pour tout qu'un papier de reconnaissance comme membre ALN ! Point barre. Aucun des avantages accordés si généreusement et si largement à des hordes de faux Moudjahidine. Rien de rien. J'ai 75 ans aujourd'hui. Je suis très malade depuis des années, détruit par cette non-reconnaissance de fait d'une nation à laquelle j'ai donné ma jeunesse (j'ai été grièvement blessé à la tête), et à laquelle j'ai cru de toute mon âme. Je n'ai jamais participé en aucune façon à la corruption à grande échelle qui gangrène le système.

Je me trouve présentement dans le dénuement le plus complet, sans logement, sans argent, démuni de tout, obligé de renoncer à des soins médicaux qui allègeraient mes souffrances, et dans l'incapacité financière absolue de faire face à mes charges de famille. Je ne veux pas mourir sans avoir livré un dernier combat, contre l'ennemi de l'intérieur cette fois. Je veux parler de cette junte à la botte de la France, de ces alliés militaires, financiers, économiques, politiques et policiers, qui sont les véritables maîtres de l'Algérie, certains au pouvoir quelques mois seulement après avoir combattu notre Armée de libération nationale !

Je n'ignore nullement que c'est pour avoir dénoncé ces faits que mon oncle, le colonel Abbas (Boujenane Mohamed), commandant de la 5e wilaya puis directeur de l'Ecole militaire de Cherchell, a été "accidenté". Et que c'est pour avoir tenté de mettre fin à cette gangrène que le Président Boudiaf a été mitraillé en direct. Le pays tout entier est dévoré par la prévarication, et il n'est plus possible d'obtenir légalement justice.

De 15 000 moudjahidine en 62 à des centaines de milliers aujourd’hui

Que chacun sache bien qu'à la veille du cessez-le feu en 1962, les effectifs de l'ALN s'élevaient à moins de 15.000, d'après les archives françaises publiées par Maurice Faivre. A peine quelques années plus tard, on en recensera plusieurs centaines de milliers !!! La plupart d'entre eux sont de véritables canailles, notoirement étrangers à la Révolution, certains même des harkis. Mais tous sont devenus des rentiers, et beaucoup de très riches rentiers.

A côté de cela, d'authentiques moudjahidine comme moi se trouvent dans la misère la plus grande parce qu'un gouvernement fripon leur refuse leurs légitimes droits. Pour mon honneur, pour celui de mes ancêtres illustres, pour mes enfants, j'entends obtenir l'indemnisation de tout ce qui m'était dû, à moi et à mes ayants-droit. J'ai besoin pour cela de votre soutien, chers frères et sœurs, chers amis, pour faire pression sur le régime, voire pour aller devant une Cour internationale si besoin. Je ne vous demande pas d'argent. Aucun de vous n'a à se substituer à l'Etat algérien.

Mais d'avance, je vous remercie chaleureusement pour tous les mails que vous voudrez bien m'envoyer à l'adresse qui suit : [email protected]

Ils me réchaufferont le cœur et seront pour moi une arme précieuse dans le combat à livrer, et qui, je le suppose, s'annonce difficile. Avec ma profonde affection.

Vive l'Algérie !

Si Boumédienne Flitti

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Commentaires (2) | Réagir ?

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karim haddad

C'est pour réclamer ta part du gâteau toi aussi que tu dénonces tardivement ces crapules!!!!! Il n'y a plus de moudjahed mais des mercenaires qui se sont largement fait payer leurs services rendus à l'Algérie.. Les vrais moudjahidine ont disparu depuis belle lurette!! Et si on te donnait ta part de mangeoire tu ne dirais plus rien, n'est-ce pas ? Révolte purement utilitariste!!!!

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ali belkacemi

Faites comme nous !!!! Faites une marche et faites vous tabasser !!!!!!!Je vous garantis qu’on parlera de votre cas non seulement au petit bout…. tef mais dans le monde entier !!!!Mais dites-moi, avec tous mes respects, comment peut-on avoir le courage d’offrir sa poitrine nue aux balles des colons et accepter aujourd’hui une injustice qui dépasse celle de ces derniers (les colons)