Le gouvernement algérien met fin à la grève d'Air Algérie

Le gouvernement algérien met fin à la grève d'Air Algérie

La fin du mouvement des hôtesses et des stewards d'Air Algérie, en grève depuis quatre jours, a été obtenue par le Premier ministre.

Les motifs de la grève des neuf cents hôtesses et des stewards d'Air Algérie qui a paralysé le trafic de la compagnie avec la France, très important en cette période de retour au pays, ne reposent pas uniquement sur des revendications salariales. C'est le statut même de cette catégorie de salariés qui est en cause, assimilée actuellement à du personnel au sol. Le Syndicat national du personnel navigant commercial algérien (SNPNCA - hôtesses d'accueil et stewards, chefs de cabine et chefs de cabine principaux), qui a déjà observé le 15 juin dernier une journée de débrayage, revendique un statut de personnel navigant spécifique, tout comme celui du personnel technique navigant (commandants de bord et copilotes). Cela implique un nouveau mode de rémunération assez complexe, basé sur un forfait mensuel et une grille d'heures supplémentaires, ce qui amène mécaniquement à plus de 106 % de hausse de salaire. Un chiffre qui provoque un enthousiasme pour le moins modéré des centrales syndicales algériennes qui essuient, par ailleurs, refus sur refus dans leurs demandes de hausses salariales.

Le premier conflit à Air Algérie en juin avait entraîné le limogeage du P-DG Wahid Bouabdallah, qui avait accepté 35 % d'augmentation. Son successeur Mohamed Salah Boultif a changé de stratégie et a limité la hausse à 20 %, se réfugiant derrière le respect de la loi. Le statut, lui, ne pouvait être modifié que par les instances de l'État. Aussi la sortie de crise a-t-elle été possible avec l'intervention du Premier ministre Ahmed Ouyahia qui s'est engagé à négocier sur ce point et à ne pas licencier une quarantaine de grévistes désignés par la direction de la compagnie. En France, dans de nombreux communiqués, Thierry Mariani, ministre des Transports, a assuré de son soutien les passagers (qui sont aussi des électeurs). Dans un premier temps, le gouvernement français suivait la situation de loin et avait annoncé une grève des pilotes algériens...

Lourdeur bureaucratique algérienne

La situation économique de la compagnie ne permet certainement pas de telles hausses de salaire, mais sa santé financière n'évoluera guère tant que son mode de gouvernance ne s'adaptera pas aux réalités du transport aérien. La gestion de la grève récente comme la menace de mise en liste noire d'Air Algérie en sont deux conséquences visibles. La moindre dépense, surtout si elle doit être réglée en devises, est soumise à une lourde et longue procédure d'autorisations administratives pouvant remonter aux plus hautes marches de l'État algérien.

Ainsi, les affrètements d'avions d'autres compagnies pendant la grève pour transporter les milliers de passagers en attente à Orly, Marseille, Nice, etc. n'en ont pas été facilités. La règle internationale dans ces opérations veut que la location soit payée comptant avant le décollage de l'avion. Difficile à concilier avec la lourdeur bureaucratique algérienne. Par ailleurs, en cette période de départs en vacances, les flottes des compagnies sont déjà très sollicitées, et rares sont les avions ayant six heures de disponibilité dans leur planning.

Menace de liste noire

Le mécanisme actuel des règlements financiers algériens paralyse aussi la maintenance de la compagnie Air Algérie qui peine à obtenir des pièces détachées facturées en dollars. Conséquence, les avions sont parfois mis en exploitation avec des équipements non essentiels en panne. Des tolérances sont admises et parfaitement codifiées, mais le nombre de vols autorisés reste limité. Aussi, quand un Boeing d'Air Algérie se présente sur les aéroports européens avec la même panne pendant des semaines, Bruxelles réagit.

Le Journal officiel de l'Union européenne du 5 juillet 2010 explique que la compagnie Air Algérie est dans le collimateur des autorités européennes de l'aviation civile. Depuis janvier 2009, les contrôles dits SAFA, effectués lors des escales, montrent des "manquements constatés dans les domaines de la sécurité du transport de marchandises, de la navigabilité et de l'exploitation des appareils et des licences du personnel navigant". Les consultations de Bruxelles avec les autorités algériennes se sont multipliées, permettant d'éviter à ce jour une éventuelle entrée en liste noire.

LEPOINT.FR

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