Libye: après quatre mois de guerre, quelques ouvertures politiques

Le Premier ministre libyen Baghdadi al-Mahmoudi, le 6 mai 2010 à Ljubljana
Le Premier ministre libyen Baghdadi al-Mahmoudi, le 6 mai 2010 à Ljubljana

Pour la France, il y a bien des contacts avec des représentants du pouvoir libyen, mais pas à ce stade de "véritable négociation". Pour Baghdadi al-Mahmoudi, le Premier ministre de Kadhafi, des discussions pourraient avoir lieu et se tenir sans le dirigeant libyen.

Les opérations militaires en Libye menacées d'enlisement, la France et des représentants du régime de Tripoli ont fait état mardi de contacts, et d'une possible issue politique qui impliquerait le départ du pouvoir de Mouammar Kadhafi.

Pour la France, il y a bien des contacts avec des représentants du pouvoir libyen, mais pas à ce stade de "véritable négociation". Pour Baghdadi al-Mahmoudi, le Premier ministre de Kadhafi, des discussions pourraient avoir lieu et se tenir sans le dirigeant libyen.

"Nous sommes prêts à négocier sans conditions", a-t-il dit dans un entretien au quotidien Le Figaro. "Le dialogue doit avoir lieu avec toutes les parties, en vue de mettre en place un nouveau système politique. Le Guide n'interviendra pas dans ces discussions. Tout doit être libre", a-t-il ajouté.

Il est le premier responsable du régime à envisager ouvertement une telle mise à l'écart, régulièrement rejetée par Seif al-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant libyen.

Après quatre mois de bombardements des aviations de l'Otan, les Occidentaux ont entamé le potentiel militaire de Mouammar Kadhafi. Mais celui-ci a réussi à se maintenir et il tient solidement ses principaux bastions, dont la capitale Tripoli.

Selon un communiqué des insurgés reçu mardi par l'AFP, dix rebelles ont été tués et 22 blessés dans la nuit de lundi à mardi dans des bombardements des troupes loyalistes dans l'ouest du pays.

En France, principal contributeur militaire aux opérations de l'Otan avec la Grande-Bretagne, le Parlement devait donner mardi son autorisation à une poursuite de la guerre.

Mais les parlementaires devaient appeler le gouvernement à favoriser une solution permettant la fin d'une intervention plus longue que prévu et très coûteuse pour le budget de l'Etat.

Pour le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, "les conditions d'un cessez-le-feu ne sont pas réunies". Il faut un "retrait des troupes dans les casernes, un contrôle des Nations unies, et une déclaration sous une forme à déterminer de Kadhafi annonçant qu'il se retire du pouvoir politique et militaire".

Il a précisé mardi sur la radio France Info que des contacts avaient été noués avec des représentants du régime de Tripoli et qu'il y était question du départ de Kadhafi.

"Le régime libyen envoie des messagers partout: en Turquie, à New York, à Paris", a-t-il dit. "Nous recevons des émissaires qui nous disent: voilà, Kadhafi est prêt à partir, discutons en (...) Il y a effectivement des contacts, ce n'est pas au jour d'aujourd'hui une véritable négociation", a-t-il poursuivi.

Le président américain Barack Obama a lui aussi insisté lundi sur l'exigence d'un départ de Kadhafi auprès du président russe Dmitri Medvedev, dont un représentant mène également une médiation, selon la Maison Blanche.

Pour Paris, l'issue pourrait venir des Africains, qui ont longtemps été solidaires de Mouammar Kadhafi.

"Aujourd'hui, le Premier ministre éthiopien (Meles Zenawi) que j'ai vu il y a deux jours, le président mauritanien (Mohamed Ould Abdel Aziz) --tous deux animent le panel de l'Union africaine sur la Libye-- sont exactement sur cette ligne-là", c'est-à-dire un départ du pouvoir de Kadhafi, a assuré Alain Juppé.

La question devrait être de nouveau évoquée vendredi à Istanbul, lors d'une nouvelle réunion du groupe de contact international sur la Libye.

Mais le Conseil national de transition (CNT), organe représentatif de la rébellion libyenne, a réaffirmé de son côté ses exigences et s'est inquiété de l'opposition exprimée à plusieurs reprises par Seif al-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant libyen, à la mise à l'écart de son père.

"Le Conseil national de transition ne prendra en compte que les initiatives sérieuses qui prévoient, sans équivoque, un départ de Kadhafi et de ses fils", a déclaré mardi à l'AFP l'un des porte-parole des rebelles, Mahmoud Chammam.

Il a assuré que c'est Béchir Saleh, un proche de Kadhafi, qui s'était rendu récemment en France pour proposer que le leader libyen soit placé en résidence surveillée en Libye sous protection internationale. La rébellion a rejeté ce scénario, car il n'avait pas été approuvé par Seif al-Islam, a-t-il précisé.

AFP

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