Libye : les rebelles libèrent le djebel berbère des Nefousa

Libye : les rebelles libèrent le djebel berbère des Nefousa

Les insurgés, qui se sont dotés d'un commandement militaire unifié, progressent désormais vers la ville de Gharian. Les rebelles veulent maintenant encercler la capitale Tripoli.

Gualich, l'une des deux dernières bourgades prises, mercredi dernier, par les forces rebelles du Djebel Nefousa, est désormais vide. Ses quelque 5 000 habitants, qui avaient choisi, par hostilité à leurs puissants voisins de Zenten, de soutenir la cause de Kadhafi, ont fui et ne reviendront peut-être jamais. À l'entrée et à la sortie de cette cité fantôme, quelques jeunes hommes portant kalachnikov montent désormais la garde. Ils jettent un regard aux voitures s'aventurant dans les rues désertes, entre les boutiques aux volets clos et les maisons laissées à l'abandon.

Le foin qui déborde d'une camionnette passant un check-point ne sera pas perdu pour tout le monde. Aucune trace de vol cependant à Gualich, dont les maisons ne semblent pas avoir été pillées. Le village, curieusement, est intact. Les impacts de roquettes Grad sont concentrés à sa périphérie, là où étaient stationnés les soldats de Kadhafi.

Duel d'artillerie

La fuite des habitants de Gualich aux premiers coups de canon a facilité la tâche des forces rebelles, qui n'ont pas eu à se soucier d'épargner des vies civiles. Mercredi dernier, la bataille s'est résumée à un duel d'artillerie. Il a duré cinq heures. Les rebelles, qui ont reçu des batteries Milan de la France et ont récemment fait main basse à al-Gaha sur un important stock d'armes et de munitions du dictateur, ont pu, cette fois-ci, donner le change. Ils n'ont pas été contraints de prendre des risques en montant à l'assaut. C'est la soldatesque kadhafiste qui a déguerpi. Les rebelles qui ont été blessés l'ont été par des éclats d'obus et par les mines qui entouraient les positions ennemies.

«Nous avançons pas à pas, mais sans jamais reculer», commente Joma Ibrahim. Ce colonel de l'armée de l'air, qui a démissionné aux premiers jours de la rébellion, codirige le conseil militaire de la «Région ouest». Tel est l'intitulé de la structure, installée à Zenten, qui réunit tous les responsables militaires des différents villages et villes du Djebel Nefousa en guerre contre les troupes de Kadhafi.

L'unité a été longue à se dessiner, entre les cités berbères, telle Nalut, et les villes arabes, telle Zenten, et entre tant de villages qu'opposaient parfois de sombres luttes ancestrales sur lesquelles jouait le dictateur. Mais aujourd'hui, de la frontière tunisienne, à l'ouest, jusqu'à Gualich, sur 200 km, à une unité territoriale répond une unité militaire. L'objectif prioritaire est la conquête de Gharian, la plus grande ville (80 000 habitants avant la guerre), à l'extrémité est du Djebel Nefousa. Alors tout ce plateau, à quelque 600 mètres d'altitude, avec ses villages perchés sur des pitons rocheux, ses monts pierreux à l'ocre parsemé de touffes de végétation vertes, aura, une fois encore, repoussé l'ennemi, Kadhafi étant ici aujourd'hui assimilé aux envahisseurs ottomans et italiens.

«Ma maison est intacte»

Avant d'atteindre Gharian, les rebelles devront prendre le village d'al-Asabah, qui fait face à celui de Gualich. Cette conquête est programmée pour les jours prochains. "Mais à al-Asabah, explique le colonel Joma Ibrahim au Figaro, il y a des civils. Nous leur laissons un peu de temps pour fuir." Les forces pro-Kadhafi, assure-t-il, ont tourné certaines de leurs batteries Grad postées autour d'al-Asabah vers le village. "Quand nous attaquerons, poursuit-il, les habitants vont penser que c'est nous qui leur tirons dessus." La bataille pour Gharian, qui est beaucoup plus peuplée, sera encore plus difficile à mener.

Contrairement à Gualich, Kikla, l'autre village pris par les rebelles mercredi dernier, attendait, lui, d'être libéré. Des hommes commencent à retourner dans ce hameau haut perché. Parmi ceux-ci, Abdelamid Abdelghanik raconte qu'il était parti pour Tripoli avec sa famille. "Ma maison est intacte, rien n'a été pris", se satisfait-il. Son beau-père, sa femme et ses trois enfants ont déjà quitté la capitale libyenne et passé la frontière tunisienne. Ils entreront ensuite à Nalut, dans le Djebel Nefousa, et, espère-t-il, "ils seront là dans quelques jours".

La quasi-totalité des familles de Kikla vivent pour l'instant encore dans les villages alentour. À Djej notamment, où l'école a été réquisitionnée. Djej est un promontoire, du haut duquel on discerne en bas dans la vallée Bir al-Ghanam, la première position des forces de Kadhafi sur le flanc nord du Djebel Nefousa. La prise de Bir al-Ghanam est également dans les cartons du conseil militaire de Zenten. De Bir al-Ghanam, les rebelles pourront remonter sur le flanc ouest de Tripoli. De Gharian ils remonteront par l'est vers la capitale, dont la prise est leur but ultime.

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R A M E S S E S II

Les Berbères de Kabylie vous saluent et surtout bon courage, Tarik nath ziad ne sera que fier de vous. Les tyrans qui ont muselé votre langue millénaire auront à répondre devant le peuple libyen berbéro-arabophone de leurs actes. Surtout faites attention de se faire avoir comme nous les Kabyles en 1963 par certains milieu, on va vous utiliser pour faire le ménage aprés pour vous les larmes. La fin justife les moyens. Il faut être vigilant surtout sur l'après-Khada - fou. Nous sommes de tout coeur avec vous bon courage Ath yefrane. Signé; Tarek ibn Ziad Anafoussi d'aprés Ibn Khaldun.

dahmane