Libye : le régime appelle les volontaires à lutter contre "les croisés"

Libye : le régime appelle les volontaires à lutter contre "les croisés"

Le président sud-africain Jacob Zuma a rencontré M. Medvedev juste avant des pourparlers avec le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, dans le cadre d'une réunion du Conseil Otan-Russie au niveau des représentants permanents, qui réunira les ambassadeurs des 28 Etats membres de l'Otan.

Le régime libyen a appelé lundi les volontaires à s'enregistrer pour combattre les forces "croisées" et les rebelles, au moment où ceux-ci s'apprêtent à déclencher une offensive majeure sur le front Ouest avec l'objectif d'être à portée de canon de Tripoli, bastion du régime de Mouammar Kadhafi.

"Le comité général pour la défense annonce l'ouverture de bureaux pour enregistrer les combattants, femmes et hommes, qui veulent lutter contre les forces croisées et les bandes de traîtres", selon la télévision d'Etat.

Cette annonce intervient trois jours après un discours du colonel Kadhafi dans lequel il a décrété la mobilisation et incité ses partisans à marcher sur des positions occupées par la rébellion pour les récupérer.

Parallèlement, la Russie et l'Otan sont toujours en désaccord sur l'interprétation de la résolution 1973 de l'ONU qui a ouvert la voie aux raids aériens contre le régime du colonel Kadhafi en Libye, a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrovlors d'une conférence de presse dans la ville de Sotchi, sur les bords de la mer Noire.

A l'Otan, "ils ont une opinion différente, selon laquelle la résolution 1973 permet à n'importe qui de faire n'importe quoi", a-t-il renchéri, après une rencontre avec le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, dans le cadre d'une réunion du Conseil Otan-Russie au niveau des représentants permanents, qui réunit les ambassadeurs des 28 Etats membres de l'Alliance.

"Nous estimons que l'embargo sur les armes est dépourvu d'ambiguïté. Toute livraison d'armes représente une violation de la résolution", a ajouté M. Lavrov.

Montrant clairement que les divergences restaient entières, M. Rasmussen a estimé de son côté que "jusqu'à présent", la résolution a été mise en oeuvre "avec succès".

La livraison d'armes française "s'est faite dans le cadre de la protection des civils et de leur possibilité de se protéger contre les attaques", a-t-il précisé.

Le président russe Dmitri Medvedev a également rencontré lundi M. Rasmussen à Sotchi, ainsi que le chef de l'Etat sud-africain Jacob Zuma en marge de cette réunion du Conseil Otan-Russie. Autre pays plutôt proche du régime, la Turquie a haussé le ton en annonçant qu'elle retirait définitivement son ambassadeur à Tripoli, rappelé en mars en raison des combats en Libye, et en appliquant les sanctions économiques -décidées en février par l'ONU- visant des caciques du régime et des banques.

De plus, la Turquie, seul pays musulman de l'Otan, reconnaît désormais le Conseil national de transition, la direction politique de la rébellion, comme étant "le représentant légitime du peuple libyen", a annoncé dimanche le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, en visite à Benghazi, bastion des insurgés dans l'Est.

Tout cela survient à un moment où une solution négociée du conflit semble dans l'impasse, les protagonistes campant sur leurs positions près de cinq mois après le début d'une révolte devenue guerre civile.

Illustration de ce blocage, les rebelles ont rejeté dimanche un accord-cadre préparé par l'Union africaine (UA) pour la Libye parce qu'il "n'inclut pas le départ de Kadhafi, de ses fils et de son cercle rapproché", a expliqué Abdel Hafiz Ghoga, un de leurs porte-parole.

"Nous avons réitéré (cette exigence) à plus d'une occasion", a-t-il ajouté, soulignant qu'"aucune future proposition ne doit inclure un quelconque avenir (à la tête du pays) pour Kadhafi et son cercle rapproché".

Un sommet de l'UA en Guinée équatoriale a adopté vendredi un accord-cadre prévoyant d'écarter le colonel Kadhafi des négociations, tout en refusant d'appliquer le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre le dirigeant libyen pour crimes contre l'humanité.

Le document de l'Union africaine n'appelle pas en outre explicitement Mouammar Kadhafi à céder le pouvoir.

Sur le terrain, les insurgés ont progressé sur le front Ouest, leur porte-parole militaire, Ahmed Omar Bani, affirmant même dimanche qu'ils allaient faire une offensive majeure dans les 48 heures pour s'emparer de secteurs au sud de Tripoli.

Ils veulent notamment s'emparer de Bir Al-Ghanam, un carrefour stratégique à environ 50 km au sud de la capitale, afin d'être à portée de canon de Tripoli.

"Dans les deux prochains jours, il y aura du nouveau sur cette ligne de front", a déclaré le porte-parole à Benghazi, affirmant que les insurgés voulaient repousser la ligne de front davantage vers le nord, en direction de Tripoli.

Après avoir dû se replier de la région de Bir Al-Ghanam vers le Djebel Nefoussa, les rebelles veulent de nouveau occuper ce carrefour pris pour cible vendredi par l'aviation de l'Otan. Deux véhicules blindés des forces loyales à Mouammar Kadhafi y ont été détruits.

En plus de cet appui aérien, les insurgés des montagnes berbères de cette région ont récemment reçu des armes larguées par la France.

L'Otan, qui a pris le 31 mars le commandement des opérations militaires de la coalition internationale entamées 12 jours plus tôt, a annoncé avoir intensifié ses bombardements dans l'Ouest, détruisant une cinquantaine d'objectifs militaires pendant la semaine.

Parallèlement, l'Alliance atlantique a poursuivi ses raids sur Tajoura, la grande banlieue est de Tripoli.

Dans une nouvelle tentative de trouver une issue négociée au conflit, Jacob Zuma doit rencontrer des responsables russes lundi. Moscou n'a pas confirmé cette visite. Fin mai, M. Zuma, mandaté par l'UA, avait tenté une médiation auprès de Mouammar Kadhafi qui s'était soldée par un échec.

A l'instar de l'Afrique du Sud, la Russie cherche à jouer un rôle de médiateur dans le conflit. Le président Dmitri Medvedev a envoyé mi-juin en Libye un émissaire pour discuter avec les deux belligérants et avait dit qu'il était temps pour le colonel Kadhafi de partir. Mais Moscou a aussi protesté contre l'intensité des raids aériens de l'Otan.

AFP

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