Sarkozy et Bouteflika : des dollars pour acheter le passé

Sarkozy et Bouteflika : des dollars pour acheter le passé

Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika se sont efforcés de dépasser leurs divergences sur le passé colonial de la France en Algérie, qui a continué de peser sur la visite d'Etat du président français.

"Sur la mémoire, chacun a fait un pas l'un vers l'autre et aujourd'hui les choses sont vraiment stabilisées", déclarait l'Elysée au soir du deuxième jour de cette visite.

Sans aller jusqu'à présenter les "excuses" qu'exigent de la France les dirigeants algériens, Nicolas Sarkozy a fait un nouveau pas, dans un toast en l'honneur du président Abdelaziz Bouteflika, lors d'un déjeuner officiel.

"Nous sommes prêts à regarder en face cette partie de notre histoire et à la considérer sans tabou, y compris dans ce qu'elle a de plus sombre, a-t-il dit.

Le "partenariat d'exception" entre les deux pays doit s'accompagner "d'un travail de mémoire pour rapprocher notre lecture de l'histoire", a renchéri Nicolas Sarkozy le soir, devant des représentants de la communauté française.

Il a cependant ajouté que ce "travail de mémoire" ne devait pas être un "préalable" au développement des relations entre la France et son ancienne colonie.

Nicolas Sarkozy a réaffirmé qu'il fallait "reconnaître ce que le système colonial avait d'injuste", sans faire d'amalgame avec "ceux qui ont construit sur cette terre" qu'ils ont dû quitter lors de la guerre d'indépendance algérienne (1954-62).

De son côté, Abdelaziz Benflika s'était dit convaincu, dans un toast lors du déjeuner, que la visite du président français permettrait "d'aborder avec franchise et courage" les problèmes pesant sur les relations franco-algériennes et de trouver "le moyen d'y porter remède dans un esprit d'ouverture".

Il a au passage adressé sa "sincère reconnaissance à tous les Français" qui ont apporté leur aide et leur "solidarité" aux Algériens pendant leur "guerre de libération".

Lundi soir, dans son premier discours, devant des chefs d'entreprise algériens et français, Nicolas Sarkozy avait qualifié de "profondément injuste" le système colonial et évoqué les "crimes terribles" commis pendant la guerre d'indépendance.

Le ministre algérien de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, a estimé mardi matin que ces propos constituaient un "progrès" mais ne suffisaient pas.

ACCORD SUR LE NUCLEAIRE CIVIL

"Nous dirons toujours que ce n'est pas assez mais ça va dans le bon sens", a-t-il dit à des journalistes à Tipasa, où le président français a visité avec lui les ruines romaines, en bordure de la Méditerranée, à 70 km à l'ouest d'Alger.

En regagnant Alger pour des entretiens avec Abdelaziz Bouteflika, Nicolas Sarkozy a fait une étape symbolique au sanctuaire dédié aux "martyrs" de la guerre d'indépendance.

L'Elysée fait valoir que le président français a multiplié les gestes pour ouvrir une "nouvelle page" avec l'Algérie.

Les deux gouvernements ont ainsi signé mardi une "convention de partenariat", présentée du côté français comme une sorte de "traité d'amitié simplifié" qui se substitue à un projet avorté de "traité d'amitié" lancé en 2003.

Cette convention de partenariat remplace et complète la convention de coopération culturelle, scientifique et technique qui liait la France et l'Algérie depuis 1986.

La France a également paraphé un accord cadre couvrant tous les aspects d'une future coopération franco-algérienne dans le domaine du nucléaire civil, dont la négociation s'est prolongée jusque dans la nuit de lundi à mardi. C'est le premier accord de ce type entre la France et un pays arabe, fait valoir l'Elysée.

Les deux chefs d'Etat ont présidé la signature de cinq milliards d'euros de contrats et accords d'investissement et de la prolongation des contrats d'approvisionnement de Gaz de France en gaz naturel algérien jusqu'en 2019.

Autre geste : la France enverra des experts pour étudier les conséquences des essais nucléaires qu'elle a effectués dans le désert algérien et "assumera ses responsabilités", dit-on de source proche du président français.

En matière de circulation des personnes, sujet sensible, la ministre française de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie et son collègue de l'Immigration Brice Hortefeux iront en Algérie "dans les semaines qui viennent pour poser les bases d'une politique d'immigration concertée entre les deux pays".

Enfin, sur les sujets internationaux, "nous avons les mêmes positions à l'exception du Sahara occidental mais nous observons là aussi que les choses ne sont pas figées", dit l'Elysée.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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omar cheriet

L'avant dernier paragraphe est le plus important car c est ce qui motive davantage la partie française ou comment faire en sorte que les algeriens acceptent de renoncer au statut particulier dont disposent les Algeriens pour l entree et le sejour en France: l'Accord de 1968 et qu'un certain Brice Hortefeux souhaiterait mettre de coté......