Libye: l'Otan reconnaît une bavure à Tripoli, le front de Misrata s'enflamme

Libye: l'Otan reconnaît une bavure à Tripoli, le front de Misrata s'enflamme

L'Otan, qui a pris le 31 mars les rênes de l'intervention internationale, sous mandat de l'ONU, pour protéger la population civile, a dit avoir ouvert une enquête sur ce raid, après avoir reconnu la veille une bavure contre des forces rebelles.

L'Otan a reconnu dimanche avoir tué par erreur des civils lors d'une frappe nocturne à Tripoli, dans laquelle neuf personnes dont cinq membres d'une même famille ont péri selon le régime qui a accusé l'Alliance atlantique de commettre des "barbaries".

Dans le même temps, le front de Misrata dans l'ouest libyen s'est enflammé avec la mort de 19 personnes en 48 heures dans les combats entre rebelles et forces du dirigeant contesté Mouammar Kadhafi.

"L'Otan reconnaît des pertes civiles lors d'une frappe à Tripoli", la capitale libyenne bastion du régime, a indiqué l'Alliance dans un communiqué. "Un site militaire de missiles était la cible prévue de frappes aériennes à Tripoli la nuit dernière. Toutefois, il peut y avoir eu une erreur dans le système qui a pu avoir causé un certain nombre de victimes civiles".

Il s'agit de la première bavure que l'Otan reconnaît avoir commis à Tripoli depuis qu'elle a pris le 31 mars les rênes de l'intervention internationale dans le pays, sous mandat de l'ONU, pour protéger la population civile de Mouammar Kadhafi.

Samedi, elle avait déjà dû admettre avoir accidentellement frappé une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin. D'autres incidents du même type étaient déjà survenus dans le passé.

Le porte-parole du gouvernement libyen a affirmé que l'Otan avait lancé avant l'aube un raid aérien contre une habitation dans le quartier populaire d'Al-Arada à Tripoli, en faisant état "de la mort de neuf martyrs, dont cinq de la même famille, et de dix-huit blessés".

Le porte-parole Moussa Ibrahim a accusé l'Otan de commettre des "barbaries" en visant "délibérément des civils". "C'est une autre nuit de tuerie, de terreur et d'horreur, causée par l'Otan", a-t-il déploré, en affirmant qu'il n'y avait pas d'installations ou de véhicules militaires près du quartier.

Il a appelé la communauté internationale à arrêter "l'agression" contre la Libye et à encourager un dialogue pour mettre fin au conflit qui déchire le pays depuis le 15 février.

Un immeuble de deux étages, dans lequel résidaient cinq familles, selon les autorités, a été détruit par le raid, selon un journaliste de l'AFP.

Deux corps ont été retirés des décombres devant les correspondants de la presse internationale, emmenés par les autorités sur place. A l'hôpital de Tripoli, les journalistes ont pu voir les corps de deux enfants de moins de deux ans et celui d'une femme, selon les autorités.

Depuis le 4 juin, l'Alliance atlantique a recours à des hélicoptères français et britanniques pour mener des frappes plus précises que celles des avions, alors que, selon l'Otan, les pro-Kadhafi s'installent dans des zones civiles.

Sur le front, de nouveaux combats ont éclaté le matin aux abords de l'enclave de Misrata après un bombardement violent à l'artillerie lourde par les pro-Kadhafi, a indiqué la rébellion en affirmant avoir repoussé plusieurs tentatives des loyalistes d'avancer vers la ville.

"Neuf personnes ont été tuées et 51 blessées, des rebelles et des civils. Plusieurs des blessés sont dans un état grave", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

De violents combats se poursuivaient en soirée à l'est et à l'ouest de Misrata, située à 200 km à l'est de Tripoli, selon la rébellion.

Dans leur fief à Benghazi (est), des responsables rebelles ont affirmé pour leur part que 10 personnes avaient été tuées dans des combats samedi à Misrata, de même que trois autres dans la ville d'Ajdabiya plus à l'est.

Le régime a ranimé le 9 juin ce front en lançant une attaque meurtrière contre cette ville côtière qui avait été assiégée et pilonnée pendant deux mois par les pro-Kadhafi. Les attaques sur Misrata avaient cessé le 12 mai et les rebelles avaient réussi à contrôler totalement cette ville-clé.

Pour sa part, le ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Al-Obeidi a répété que le régime n'abandonnerait pas le colonel Kadhafi, affirmant que le régime était "prêt pour la paix et pour le combat".

Face au risque d'enlisement du conflit, une réunion de hauts responsables de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique et de l'Union africaine a insisté sur la nécessité d'une solution politique.

A Benghazi, les rebelles ont lancé par ailleurs un appel aux donateurs internationaux pour qu'ils débloquent d'urgence les fonds promis début juin au cours d'une réunion du groupe de contact international sur la Libye.

Depuis le 15 février, le conflit a fait entre "10.000 et 15.000" morts et obligé près de 952.000 personnes à prendre la fuite, selon des organisations internationales.

AFP

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