Syrie: tirs contre d'importantes manifestations anti-régime, au moins 12 morts

Syrie: tirs contre d'importantes manifestations anti-régime, au moins 12 morts

Au total depuis le 15 mars, près de 10.000 Syriens ont trouvé refuge en Turquie. L'actrice américaine Angelina Jolie, ambassadrice de bonne volonté du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a rencontré vendredi des réfugiés dans le camp d'Altinözü (sud).

Les forces de sécurité ont tiré vendredi sur des milliers de manifestants qui protestaient contre le régime dans plusieurs villes de Syrie, faisant au moins 12 morts selon des militants.

"Cinq personnes ont été tuées à Homs (centre), deux à Harasta (banlieue nord de Damas) et deux à Deir Ezzor (est) lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants", a déclaré à l'AFP le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme Rami Abdel Rahmane, joint au téléphone à Londres. Selon lui, les manifestants étaient au nombre d'environ 5.000 à Homs.

En outre, "deux personnes ont été tuées à Dael (région de Deraa, sud) et une à Douma (15 km au nord de Damas) par des tirs des forces de sécurité sur les manifestants", ont pour leur part indiqué des militants ayant requis l'anonymat.

"Il y a eu des tirs nourris pour disperser deux manifestations à Banias (ouest)", selon M. Abdel Rahmane qui évoque un nombre indéterminé de "victimes", précisant que "les forces de sécurité ont pourchassé les manifestants jusque dans les ruelles".

Des centaines de manifestants ont été aussi dispersés par la force à Sweidat, ville du Sud à majorité druze, a-t-il dit.

Selon lui, des rassemblements ont également eu lieu dans la région de Damas, de Deraa (sud), de Jableh (ouest), dans les villes de Sarakeb (nord-ouest), Rastan (centre), Ksayr (centre), Maarat el-Naaman (ouest), Talbisseh (centre), Lattaquié (ouest) et Mayadine (est).

Les manifestants "lancent des slogans hostiles au régime et solidaires avec les villes assiégées" par l'armée, a-t-il poursuivi.

Selon le militant Abdallah al-Khalil, environ 2.500 personnes ont défilé à Tabqa (nord). Un autre, Hassan Berro, joint par l'AFP, a expliqué que des rassemblements avaient réuni plus de 3.000 manifestants à Amouda (nord), réclamant liberté, démocratie et reconnaissance constitutionnelle du peuple kurde, 4.000 à Qamishli (nord-ouest) et 1.500 à Ras el-Ayn (nord-ouest).

L'agence officielle Sana a elle fait état "d'un membre des forces de sécurité tué et de 30 blessés par des tirs à Homs", ajoutant que deux officiers et quatre membres de la Sécurité avaient été blessés lorsque des hommes armés ont attaqué un centre de recrutement à Deir Ezzor.

Sana a également fait état de "trois policiers blessés" par des "hommes armés" à Damas.

Elle a par ailleurs évoqué des "rassemblements" dans plusieurs villes, dont Damas, Hama et Deir Ezzor. Il est rare que l'agence syrienne évoque ces manifestations.

Les restrictions imposées aux médias, à l'ONU et aux organisations humanitaires empêchent toute vérification indépendante de ces informations.

Comme chaque vendredi, les militants pro-démocratie étaient mobilisés en cette journée dédiée cette fois à un héros de la révolte syrienne contre le mandat français (1920-1946), Saleh al-Ali. Plus de 25 manifestants avaient été tués vendredi dernier.

Entre-temps, des milliers de Syriens ont continué de fuir le nord-ouest du pays vers la frontière turque voisine, racontant leur terreur face à l'intervention brutale de l'armée dans leurs villages.

"On est parti sans rien emporter. L'armée a tiré dans tous les sens, avec des chars et des armes légères. Nous avons marché à travers les montagnes et les vallées" jusqu'à la frontière, a raconté Abou Ahmed, qui a fui son village de Choughour al-Kadima.

Au total depuis le 15 mars, près de 10.000 Syriens ont trouvé refuge en Turquie. L'actrice américaine Angelina Jolie, ambassadrice de bonne volonté du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a rencontré vendredi des réfugiés dans le camp d'Altinözü (sud).

Plus de 1.300 civils sont morts ainsi que 340 membres des forces de sécurité dans les violences, depuis le début du mouvement, selon des ONG. Quelque 10.000 personnes ont été également arrêtées.

Face à l'intransigeance du régime de Bachar al-Assad, la France s'est dite "favorable à un élargissement des sanctions européennes contre la Syrie à des entités économiques", dont des entreprises et des banques.

Parallèlement et dans un développement inattendu, le puissant homme d'affaires Rami Makhlouf, cousin du président, a annoncé jeudi soir que "les profits des actions" qu'il possède dans Syriatel "seront reversés à des oeuvres humanitaires et de charité, ainsi qu'à des projets de développement" pour le pays.

L'homme d'affaires, qui détient 40% du capital de Syriatel, le plus important opérateur de téléphonie mobile en Syrie, est détesté par l'opposition qui l'accuse de profiter de sa relation avec M. Assad pour étendre son empire commercial.

Il fait partie des 13 personnalités syriennes visées par des sanctions européennes et ses avoirs ont été gelés par le Trésor américain.

D'autre part, l'ambassadrice de Syrie à Paris Lamia Shakkour a annoncé vendredi avoir porté plainte contre la chaîne d'information France 24 pour "diffusion d'informations mensongères", après une déclaration attribuée à Mme Shakkour annonçant sa démission, selon l'agence Sana.

AFP

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