La moisson des saillies politiques de la semaine

La moisson des saillies politiques de la semaine

Louisa Hanoune. Toujours prête à cavaler dans le sens du vent. Elle n'a pas peur de dire le contraire de ce qu'elle pratique.« Je réaffirme que nous sommes d’accord avec le président Bouteflika sur le fait qu’il faut que la Constitution émane d’une Assemblée crédible », déclarait Louisa Hanoune, la SG du Parti des travailleurs à la fin de la réunion du comité central. Cela explique clairement que l’actuelle assemblée auquelle participe le PT n’est pas crédible. Ainsi donc, Louisa Hanoune qui nous disait il y a quelques semaines qu’il ne fallait pas dissoudre l’APN a aussi changé. Est-ce possible ?

- Jean-Pierre Raffarin, le Monsieur Algérie du président français Nicolas Sarkozy s’était réjouit, lundi, de voir « une douzaine de dossiers de partenariat lourds identifiés » (sic !). C’était à ce point laborieux entre Algériens et Français ? Il a, par ailleurs, assuré qu’« il y a un nouveau climat entrepreneurial en Algérie ». Tiens… tiens ! A peine 24 heures après que le premier ministre Ouyahia eut déclaré que le climat des affaires était mauvais en Algérie, Raffarin ne pouvait pas faire mieux en matière de brosse. Ainsi donc Raffarin voit clair là où Ouyahia voit noir. Ou alors le premier est venu au secours du second, quitte à le contredire.

Pierre Lellouche a été un des soutiens de Ben Ali dont il disait « il n’est pas notre ennemi ». Mais c’est sa position vis-à-vis de notre pays qui nous intéresse ici. La semaine dernière, il avait accompagné cette semaine Raffarin en Algérie a bien changé. Morceaux de ce qu’il écrivait dans son blog en date du 21 avril 2006.

« On est dans une escalade permanente depuis un certain nombre de semaines et de mois de la part du Président algérien, qui au lieu de tourner la page sur la période coloniale, enflamme au contraire l'opinion algérienne en expliquant que la France est coupable de tout, y compris de génocide culturelle. Dans quelques semaines, on va nous dire que les 200.000 morts de la guerre civile algérienne à partir de 1991, c'est aussi la faute de la colonisation. Alors, si nous sommes aussi coupables à ses yeux de génocide, on se demande pourquoi il vient se faire soigner par des génocidaires. Laisser la France se faire insulter à ce point et traiter de pays génocidaire, ce n'est pas acceptable. » Voir le lien : http://pierrelellouche.blogs.com/pierre_lellouche/2006/04/index.html.

Ces écrits éclairent aussi sa phrase prononcée dimanche : « nous ne devons pas regarder dans le rétroviseur ». L’homme a envie de faire table rase sur le passé.Tout le passé, surtout celui qui dérange la France. A son sens donc, on ne revient plus sur le l'histoire coloniale ; tirer la couverture dessus au risque d'effaroucher les nouvelles générations et jeter le trouble dans nos fragiles relations.

- Ou comment le destin de l’Algérie est réduit aux « savoir-faire » politique de prédicateurs. Hachemi Sahnouni et son alter ego Abdelfattah Zeraoui Hamadache négocient avec la présidence la libération de milliers d’islamistes emprisonnés. Mais alors qui sont-ils pour avoir entre leur main un dossier qui a ensanglanté l’Algérie des années 1990 et fait des milliers d’orphelins ? Le chef du gouvernement dément, mais personne ne semble le croire. Et lundi, l’instance de consultations auditionnait des oulemas ? Ainsi donc, l’auguste trio missionné par le président n’a plus d’hôte à inviter pour se rabattre sur les imams. A quand les chanteurs non stop ou les gazanates à la présidence ?

-Dialogue. L’APS écrivait lundi : « Des bureaux de postes ont été paralysés par une grève "spontanée" et "inopinée" déclenchée par les travailleurs de la poste, a-t-on constaté dans plusieurs agences postales d’Alger ». Après les marches spontanées des années 1990, l’agence officielle de presse nous fait découvrir les grèves spontanées. Mais alors, les problèmes posés par cette grève, sont-ils eux spontanés ? L’APS ne répondra pas, car elle a dû passer à autre chose depuis.

- Mokdad Sifi. Mercredi, Mokdad Sifi déclinait l’invitation de la commission de consultation: « Le problème du pays n’est donc pas d’ordre juridique, mais d’essence politique. Il découle de la volonté délibérée et déclarée du pouvoir, illégitime d’ailleurs, de se situer au-dessus de la loi, allant à contrecourant des aspirations légitimes du peuple et notamment de la jeunesse, y compris universitaire, abandonnée, brimée, désemparée, sans projet, sans perspectives, sans possibilité de recours et poussée, ainsi, à tous les extrémismes(…) », a asséné l’ancien chef du gouvernement. Les phrases sont comminatoires, cinglantes.

- Ahmed Ouyahia, premier ministre, et chef de son parti le RND, a été reçu jeudi par la commission de consultation. Ouyahia nous a appris qu’il est d'"accord" pour un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois. La position est pour le moins des plus paradoxales. Rappelons-nous, en 2008, le RND et à sa tête l’inamovible Ouyahia faisait partie des formations politiques qui avaient soutenu mordicus la révision constitutionnelle, qui avait permis à Bouteflika d’abroger l'article limitant les mandats. Et par-là même, briguer un troisième mandat qui s'achèvera en 2014. Mensonge hier, vérité aujourd’hui. Ce parti n’est plus à sa première palinodie. Il y a 4 ans, le RND participe au viol collectif de la Constitution, et maintenant, il se cherche une auguste honorabilité en nous ressortant la limitation des mandats.

Y. K.

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