Syrie : Bachar Al Assad poursuit sa fuite en avant

Pendant que le président syrien essaye de vendre son amnistie, l’armée poursuit ses opérations de ratissage à Homs, et d’autres villes qui se sont soulevées contre le pouvoir absolutiste des Assad.
Enième écran de fumée. Le président Bachar Al-Assad a décrété mardi "une amnistie générale à tous les crimes commis avant le 31 mai 2011". Seulement, cette décision, concernant "tous les détenus politiques ainsi que les membres de la confrérie des Frères musulmans", a de suite été jugée "insuffisant" par l’opposition réunie à Antalya (Sud de la Turquie). Elle arrive "trop tard" précise un membre de l’opposition qui réclame le départ de Bachar Al-Assad. Le peuple syrien en a vu d’autres. Il a compris que la levée de l’état d’urgence ne change en rien la nature du régime de Bachar Al Assad. La violence et le meurtre de masse est dans l’ADN du pouvoir. Ils sont même constitutifs de l’histoire du parti baath qui tient d’une main de fer le pays depuis 1963. La répression est toujours des plus violentes avec des dizaines de morts au quotidien. Un membre du parti baath a évoqué le lancement d’un dialogue national tout en refusant de revenir sur la prépondérance du parti Baas, qui, selon la Constitution, "est le dirigeant de l'Etat et de la société".
L’armée encercle les villes. Ces déclarations d’ouverture sont en fait vite démenties par l’action répressive des services de sécurité. L'armée est intervenue dans plusieurs villes, notamment à Tal Kalakh (150 km au nord-ouest de Damas), Homs (Centre), Banias (Nord-Ouest) et Deraa (Sud), pour étouffer par le canon les foyers de la révolte. Paradoxal : la levée de l’état d’urgence s’est muée en état d’exception. L’armée a les mains libres pour bombarder des quartiers, emprisonner et torturer. Selon les organisations de défense des droits de l'homme, plus de 1 100 civils ont été tués et au moins 10 000 personnes ont été interpellées dans le pays depuis le début du mouvement de contestation.
A la mitrailleuse. Hier, pour la troisième journée consécutive, elle a poursuivi son ratissage dans la ville de Rastan, près de Homs, dans le centre de la Syrie. "Des tirs à la mitrailleuse sont entendus à Rastan. Des opérations de ratissage se poursuivent", a indiqué à l'AFP un militant des droits de l'homme. "Des explosions ont été entendues ce matin à Rastan. Rastan est entièrement isolée et un grand nombre de personnes ont été blessées dans cette ville", a précisé ce militant, affirmant que "les chars de l'armée entourent Rastan et que des transports de troupes blindés sont postés à l'intérieur de cette ville". Par ailleurs, des habitants ont attaqué un commissariat de police de la ville et saisi des armes après la mort, dimanche, d'une fillette et de dix autres civils dans la région de Homs, a indiqué ce militant. A Talbisseh, "des dizaines de blessés se trouvent dans des terrains agricoles dans le nord de cette ville, mais les équipes médicales ne peuvent pas les secourir en raison des opérations militaires qui se poursuivent dans cette région", a-t-il ajouté. Depuis dimanche à l'aube, des dizaines de chars encerclent Rastan et Talbisseh ainsi que le village de Teir Malah pour mater la contestation dans les environs de Homs, troisième ville du pays à 160 km au nord de Damas.
Silence de la communauté internationale. Occupée par la crise libyenne, la communauté internationale observe un silence inquiétant. Les manifestants syriens ne comprennent pas que les instances internationales ne fassent pas pression sur le régime. Pour l'instant, comme pour le cas de la Libye, le veto russe empêche toute initiative. Mais jusqu'à quand ? En dépit d’une répression féroce, de tortures et d’assassinats d’enfants avérés, l’ONU semble donc regarder ailleurs. Quant la Ligue arabe, elle est tout simplement dépassée. Les révolutions tunisienne et égyptienne ont signé son arrêt de mort politique.
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