Tripartie en Algérie : la distribution de la rente ?

Quels impacts de la récente tripartie du 28 mai 2011 sur l'épanouissement de l’entreprise qu’elle soit publique ou privée, locale ou internationale ? Si, certaines décisions prises sont certes louables, elles n’auront un effet positif sur l’économie algérienne qu’à cinq conditions dialectiquement liées. Il faut être réaliste, les pratiques sociales contredisant à la fois la phraséologie politique pompeuse et des discours démagogiques qui ne portent plus, les Algériens exigeant la vérité surtout après les récentes révélations internationales d’accusation de sorties de capitaux et de corruption, au plus haut niveau, de leurs dirigeants. Intox ou vérité, un démenti s’impose en urgence si l’on veut attirer les investissements porteurs qu’ils soient étrangers ou nationaux. La bonne gouvernance (la moralité des dirigeants) et la valorisation des compétences conditionnant la mobilisation de la population et notamment de la jeunesse sont les conditions sine qua non du développement durable en cette ère de mondialisation.

1. Première condition. La prise en compte du cadre concurrentiel mondial n’oubliant jamais que l’Algérie évolue au sein d ‘une économie ouverte (cout et qualité) et que les entreprises algériennes publiques et privées sont caractérisées par la faiblesse de leur management stratégique. Celle ci est plus important au niveau du secteur privé dominé par les entreprises familiales à plus de 80%, et pour les entreprises publiques avec des interférences du politique sans contrat précis en matière d’efficience, pourtant prévu par la loi sur l’autonomie des entreprises publiques.

2. Deuxième condition. La levée des contraintes d’environnement interne, la bureaucratie qui freine tout investissement porteur à plus de 50%, la léthargie du système financier, lieu de distribution de la rente, nerf du pouvoir , expliquant que les réformes souvent annoncées sont différées, le foncier non résolu à ce jour devant être accompagné de toutes les utilités(VRD) et du système socio éducatif souvent inadapté.

3. Troisième condition. Le problème de la sphère informelle produit de la bureaucratie, contrôlant 4O% de la masse monétaire en circulation, 65% des segments utiles dont : les filières fruits et légumes, viandes rouges et blanches, du poisson et à travers l’importation le textile et chaussures. Il existe des relations dialectiques entre la logique rentière (98% des exportations provenant des hydrocarbures et important 75% des besoins des entreprises et des ménages) et la sphère informelle , une concurrence déloyale vis-à-vis des producteurs de richesses entretenant des relations diffuses avec certains importateurs extérieurs expliquant la faiblesse des entreprenants tant étrangers que nationaux investissant à long terme et ce malgré une dévaluation du dinar qui aurait du dynamiser les exportations hors hydrocarbures. Cette situation explique également la dominance du cash et la corruption qui se socialise.

4. Quatrième condition. Une bonne gestion dans la maitrise de la dépense publique vers la réorientation de l’allocation financière sur l’entreprise et son fondement le savoir, les infrastructures absorbant plus de 70% actuellement de cette dépense. Aussi les indicateurs officiels du taux de croissance et du taux de chômage sont largement biaisés, tout étant irrigué par les hydrocarbures avec la dominance des emplois temporaires rentes fictifs, sans compter les sureffectifs dans les administrations et les entreprises publiques. Les mesures annoncées comme la préférence nationale de 25%, la bonification des taux d’intérêts, autant que les subventions (compression artificielle de l’inflation) ne peuvent être que transitoires, une nation ne distribuant que ce qu’elle a préalablement produite si elle veut éviter la dérive, pouvant assister à une redistribution de rente à l’ensemble des couches de la société sans contreparties productives. Cette distribution passive de la rente est permise transitoirement grâce aux réserves de change non pas dues au génie et à la gouvernance interne mais aux hydrocarbures qui vont à l’épuisement entre 16-25 ans en termes de rentabilité financière et compte tenu des nouvelles mutations énergétiques mondiales. L’important déficit budgétaire prévu par la loi de finances complémentaire 2011 plus de 33% du PIB (plus de 55 milliards de dollars) correspondant à un cours du pétrole 120 dollars minimum est insoutenable à moyen terme. Avec 200 milliards de dépenses publiques entre 2004/2009 (aucun bilan à ce jour) et 286 programmés dont 136 de restes à réaliser des programmes de 2004/2009, le taux de croissance officiel a été en moyenne de 3% alors qu’il aurait du dépasser les 10% montrant une mauvaise allocation des ressources financières. A cette tendance lourde, il y a le risque de l’épuisement du fonds de régulation (évalué à 4800 milliards de dinars au 1er janvier 2011- un dollar équivalant à environ 75 dinars au cours officiel) et d’une spirale inflationniste conduisant à fois à la concentration du revenu national au profit d’une minorité rentière et à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité avec des tensions sociales de plus en plus aigues.

5. La cinquième condition. Elle constitue la synthèse à avoir l’urgence d’une cohérence et visibilité dans la marche de la réforme globale liant Etat de droit, démocratie et réformes économiques, en fait la refondation de l’Etat algérien pour une société plus participative et citoyenne qui permettra l’épanouissement de l’entreprise algérienne et préparer le défi de demain l’après hydrocarbures pour une population qui passera de 36,3 millions en 2011 à plus de 50 millions dans 20/25 ans sans hydrocarbures. Or force est de constater que la Tripartie du 28 mai 2011 a apporté peu d’éclaircissements sur la stratégie de développement à moyen et long terme de l’Algérie.

(*) Expert international en management stratégique

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Sid Ali Brahimi

Très instructif cet article segmenté en cinq points. Mais dommage, cette tripartite n'a pas la vision que nous éclaire l'expert international en management. Cette tripartite qui se démarque des points soulevés par cette article, n'a pas les capacités intellectuelles telles qu'étalées plus haut.

En fait, la tripartite a pour rôle d'ajouter de l'eau froide à celle qui bouillonne, pour ramener pour un temps (histoire de se réorganiser à l'intérieur de l'Etat) le bouillonnement de "la marmite à des degrés moins élevés. Comme on dit chez nous " cacher le soleil par un tamis " Oui mais jusqu'à quand ? Les délais très courts relatés dans l'article ci-haut, nous interpellent pour éviter la faillite de l'Etat qui n'a pas avancé depuis presque deux décennies. Les gens bien intentionnés disent " Qui n'avance pas, recule". Arithmétiquement nous avons fais du "surplace" pendant quatre décennies !

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Sid Ali Brahimi

Ce Monsieur Fenni tant déclamé par l'ensemble des travailleurs de la V. N. S. A, est épaulé par le ministre lui-même. Alors que Monsieur Fenni a induit en erreur l'appareil judiciaire qui "a convoqué 50 personnes, pour entrave à la liberté du travail" Du jus coule à grands flots, dû aux dépenses déjà très faramineuses (en 2 mois seulement), tirés des fonds d'exploitation dont la première dépense s'est faite pour le confort de M. Fenni par l'achat d'un véhicules très onéreux qui s'ajoutent à l'enjolivement du siège de la VNSA, qui ne profitent pourtant de ces réaménagements très coûteux, puisque les travailleurs ont été transférés sur le site de Kingnam, principal "partenaire" de la VNSA; Le clou de cette gestion est que les marchés donnés à Kinghnam ou autre organisme étranger sont légués en sous-traitance, a la famille Rahmani. Une enquête s'impose d'elle même !

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