G8: pression sur Kadhafi et Assad, premiers dollars pour les révolutions arabes

Les dirigeants du G8, réunis jeudi et vendredi à Deauville, devaient appeler à l'arrêt des violences et au respect des aspirations des peuples en Libye et Syrie, formule minimale de compromis au regard de leurs divergences.

Les grandes puissances, réunies jeudi au sein du G8 à Deauville, sur la côte française de Normandie, ont cherché à accentuer la pression sur Bachar al-Assad et Mouammar Kadhafi, et ont promis les premiers dollars pour soutenir le printemps arabe.

Le régime syrien du président Assad et la résistance de Mouammar Kadhafi à l'intervention militaire de l'Otan sont vus comme le risque principal pour la poursuite du mouvement historique de démocratisation du monde arabe.

La France, qui préside ce sommet du G8, a fait passer aux délégations un projet de déclaration finale qui appelle les dirigeants syrien et libyen à cesser la violence contre les populations civiles.

"Clairement, la question du renforcement des sanctions à l'endroit des dirigeants syriens se pose car la violence qui est utilisée en Syrie à l'endroit des manifestants est inacceptable", a déclaré M. Sarkozy lors d'une conférence de presse, précisant que cela devait faire l'objet de discussions jeudi soir.

Selon un projet de déclaration finale dont l'AFP a obtenu une copie, les leaders du G8 doivent appeler le régime du président Bachar al-Assad à "cesser l'usage de la force et l'intimidation contre le peuple syrien et engager un dialogue ainsi que les réformes fondamentales".

Au sein du G8, les positions sont divergentes entre les Occidentaux, qui ont déjà adopté des sanctions contre le régime de Damas, et les Russes qui s'opposent à l'ONU à un texte condamnant la répression en Syrie.

Quant au dirigeant libyen, M. Sarkozy s'est déclaré ouvert à la "discussion" sur le sort de Mouammar Kadhafi, à condition qu'il "quitte le pouvoir" rapidement et appelle ses soldats à rentrer dans leurs casernes.

Dans le projet de déclaration, Kadhafi, contre lequel les Occidentaux ont engagé le 19 mars une opération militaire, se voit exhorté à "l'arrêt immédiat de l'usage de la force" par le G8, qui dit soutenir "une solution politique qui reflète la volonté du peuple".

En dépit de leurs propres difficultés budgétaires, les Occidentaux veulent à tout prix soutenir les révolutions tunisienne et égyptienne. Ils recevront vendredi les chefs de gouvernement tunisien Béji Caïd Essebsi et égyptien Essam Charaf.

Selon le projet de déclaration, le G8 s'engagera dans une relation "durable", le "partenariat de Deauville", avec ces deux pays aux besoins estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Il n'est pas exclu que le G8 annonce un montant total d'aide, selon un responsable européen.

Le G8 va se tourner vers les grandes institutions financières internationales.

La Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd) va réorienter son action de l'Europe de l'Est vers la rive sud de la Méditerranée, et le Fonds monétaire international (FMI) envisage des prêts de 35 milliards de dollars dans la région, a-t-il fait savoir jeudi au G8.

La Banque mondiale avait déjà annoncé un concours de 6 milliards de dollars pour l'Egypte et la Tunisie.

Les Etats du G8 entendent eux aussi mettre la main à la poche, quoique modestement. La Grande-Bretagne a ainsi annoncé une enveloppe exceptionnelle de 175 millions de dollars.

Objet d'appréciations différentes entre Occidentaux et Russes, le "printemps arabe" devait être le sujet dominant du dîner des dirigeants du G8 (Etats-Unis, Russie, Allemagne, Italie, Japon, France, Royaume Uni, Canada) jeudi soir.

Volontiers décontractés, les leaders du G8 ont innové au cours de leur sommet, en accueillant plusieurs stars d'internet dont le patron de Google Eric Schmidt et le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg.

"Internet est vraiment une force puissante qui donne une voix aux gens", et son accès doit être garanti par les Etats, a plaidé ce dernier, arborant un complet-cravate, au lieu de ses traditionnels jeans et baskets.

Mais l'une des vedettes de la journée a été l'épouse du président français, Carla Bruni-Sarkozy, qui organisait un programme spécial pour les conjoints. A cette occasion, pour la première fois, elle laissait apparaître sa silhouette légèrement arrondie de femme enceinte.

Vendredi, pour sa seconde journée, le sommet du G8 sera élargi à plusieurs dirigeants africains, dont trois présidents récemment élus et dont le parcours démocratique est, selon la France, particulièrement exemplaire: l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Guinéen Alpha Condé, et le Nigérien Mahamadou Issoufou.

AFP

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