Réformes Bouteflika / Mohamed VI : limites du projet algérien par rapport au projet marocain ( 1re partie)

Réformes Bouteflika / Mohamed VI : limites du projet algérien par rapport au projet marocain ( 1re partie)

Réformes : Pourquoi Bouteflika ne veut rien changer.

Le pouvoir algérien a exhibé à Washington ses "projets de réforme". Il a annonce avoir convaincu l'opinion internationale de sa "sincérité" de changement. Par quel miracle donc un président qui a bâti son règne sur l'hégémonie va-t-il accepter de s'ouvrir ? Depuis l’arrivée de Bouteflika, le pouvoir algérien vit dans cette posture autocratique, replié sur lui-même et neutralisé par ses tiraillements, s’appropriant exclusivement le pouvoir, s’imposant au peuple par la force, avec pour seule perspective celle de se reconduire éternellement. Un règne hégémonique à l’intérieur d’un Maghreb dictatorial. Le régime algérien ne veut prendre aucun risque : d'où le choix de Bensalah, président du Sénat, pour "conduire" les réformes.
Que veulent dire, alors, ces réformes ? Bouteflika reconduit en fait la tactique qui a si bien réussi depuis trente ans aux régimes arabes totalitaires et qui faisait que l'hégémonie jouissait de la permissivité étrangère : «La démocratie travestie».
Elaborée par des ethnologues politiques, avec l'aval des principales puissances mondiales, elle consiste à normaliser la dictature en l'alignant sur les critères de légitimité occidentale afin d’éviter les réactions négatives des opinions publiques occidentales. A exhiber un régime politique archaïque et de pouvoir absolu, fardé en démocratie. C’est ainsi que les opinions occidentales ont «gobé» Ben Ali et Moubarak pendant 30 ans : ils avaient le même costume institutionnel que celui de leurs dirigeants. D'où le fait que, pendant 30 ans, on a fait semblant en Europe de ne pas voir les "dictatures voisines".

Bouteflika va rééditer le subterfuge

L’idée machiavélique est de se servir de la «démocratie» pour rester au pouvoir ou pour préserver ses positions dans un contexte où les pressions populaires venues « d’en bas » devenaient de plus en plus fortes… Remodeler de façon plus globale, l’autoritarisme et le mettre à l’heure de la démocratie. Créer l’illusion du pluralisme.
Les dirigeants algériens, en bons représentants d’une joumloukia arabe, eurent vite fait de saisir que, dans un monde où la démocratie et les élections étaient devenues la seule source de légitimité reconnue, dans ce monde-là, la violence, en tant qu’instrument de perpétuation du pouvoir, avait fini par acquérir un prix trop élevé. Alors, on organisera des élections à satiété, mais elles n’assureront aucune alternance ! Elles ne feront que légitimer le pouvoir en place. L’important est que les médias en parlent…
Le pouvoir algérien offrira à admirer au monde une «démocratie sans représentation» avec ses partis sans militants et ses initiés bien rémunérés qui se font passer pour les opposants les plus bruyants au régime. Il se sera servi des médias non seulement comme éléments de décor de sa démocratie de façade, mais aussi comme acteurs actifs ! Avec une tâche primordiale : assurer la représentation médiatique d’une réalité politique inexistante. Le monde sera convié donc à assister à l’imposture : le régime substituant cette parodie à la vraie démocratie, à la représentation politique de valeurs, d’intérêts et d’idées, c'est-à-dire aux attributs fondamentaux de la vraie démocratie.
Et le tour est joué !

L. M.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Un âne n'est jamais devenu cheval de course!

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omar attourki

Absolument raison bravo.