Situation d’Ahmed BADAOUI : Déclaration du 1er mai 2011 du Comité de Défense des Libertés Syndicales (CDLS)

Situation d’Ahmed BADAOUI : Déclaration du 1er mai 2011 du Comité de Défense des Libertés Syndicales (CDLS)

Déclaration du CDLS

Situation d’Ahmed BADAOUI

Conférence de Presse du 4 Mai 2011à 10.30 au siège de la LADDH.

Déclaration du Comité de Défense des Libertés Syndicales (CDLS)

Le 26 novembre 2010, Ahmed Badaoui ancien secrétaire général du syndicat des douanes, avait bouclé cinq années de suspension sans salaire ni indemnités.

En 2005, Il a eu l’audace de croire, avec ses collègues responsables syndicaux, qu’en créant une coordination Nationale de syndicats qui ne se reconnaissaient plus en l’UGTA, devenue organisation supplétive du pouvoir, il allait la rendre aux travailleurs qui en sont le cœur et la substance.

Cette initiative mise en route par des syndicalistes, pleinement conscients des risques encourus, dont Ahmed Badaoui était le porte parole, pouvait redonner à l’UGTA une nouvelle vigueur. Tous furent jugés et condamnés rapidement, sauf leur porte-parole ; comme si, vouloir une autre UGTA, était un crime. Pendant plus de cinq années et jusqu’à aujourd’hui, il va subir les effets d’une véritable politique de harcèlement et de déni de droit.

Le harcèlement administratif et judiciaire

Ahmed Badaoui fut trainé devant la justice pour huit procès par son administration, sous quatre chefs d’inculpation : outrage, diffamation, atteinte à corps constitués, et trouble grave à l’ordre public. A l’époque, au lieu d’être défendu par l’UGTA, il s’est vu, au contraire, infliger par le Conseil National de cette dernière, une surprenante exclusion.

Cette double sanction, administrative et syndicale, pour le moins concertée, frappe l’un des syndicalistes, dont le seul tort fut de croire, en la défense de l’autonomie de la décision syndicale par rapport au pouvoir politique.

Elle illustre, on ne peut mieux, la collusion UGTA – pouvoirs publics, pour briser toute tentative de remise en cause de la toute puissance de l’UGTA sur le monde du travail.

Par ailleurs, on se souvient qu’en 2005, les syndicats des Dockers, de la CNAN et de la BEA avaient engagé une demi-journée de protestation contre ces décisions. Mal leur en prit, puisque le DG des Douanes de l’époque, déposa plainte contre Badaoui, sous prétexte qu’il portait atteinte à l’ordre public. Cette même plainte fut confirmée, en son temps, par l’actuel DG.

Tout cela, comme si Badaoui, victime d’une double sanction, était responsable des actions décidées et engagées par des syndicats, mobilisés pour protester contre le sort qui le frappait injustement, et lui manifester une solidarité, que son propre syndicat lui avait refusée.

Sur les huit plaintes déposées à son encontre par la Direction des Douanes il obtint six relax et deux classements purs et simples, tant les dossiers d’accusation étaient inconsistants, notamment celui relatif à l’accusation infondée d’atteinte à l’ordre public.

Sur cette base, il fait saisir le Ministre des Finances, tutelle de l’administration des Douanes, sans résultat probant. Puis, il engage auprès de son administration, une action pour reprendre son poste d’inspecteur divisionnaire des Douanes. Il ne manque pas d’informer par écrit la Commission administrative paritaire idoine, pour s’y faire entendre.

Voyant tous ses droits à une juste réintégration et réparation voués à l’échec, il engage auprès du Tribunal administratif de Birmandreis une plainte à l’encontre de son administration.

L’étouffement des initiatives syndicales et sociales

Ces démarches et écrits sont demeurés lettres mortes jusqu’à l’heure actuelle. C’est le même état d’esprit qui inspire et alimente l’acharnement dont est victime aujourd’hui Badaoui, comme l’ont été bien d’autres syndicalistes. Cet acharnement est inadmissible.

D’une part, c’est une famille qui est frappée par l’ostracisme administratif ; de l’autre, c’est un syndicaliste luttant pour la démocratie et le renouveau syndical que l’on veut mettre au pas ou « redresser ».

Les répercussions de cet acharnement sur l’état de santé de l’intéressé sont indéniables : diabète, glaucome et bien d’autres dérèglements psychosomatiques que la sécurité refuse curieusement de prendre en charge. Comme le fait de ne pouvoir sortir du territoire national à cause d’une pièce que son administration ne veut pas lui délivrer. Le DGSN saisi, signale à l’intéressé que le refus de sortie du territoire national n’est pas de son fait, mais de celui de l’administration des Douanes.

« Prisonnier à ciel ouvert », il se voit dessaisi de tous ses droits constitutionnels

Cet acharnement illustre, on ne peut mieux, les méthodes utilisées par le pouvoir pour briser tout élan ou tentative de résistance syndicale ou citoyenne.

C’est ainsi qu’au mois de janvier 2011, Ahmed Badaoui envoie un SMS à une quarantaine de personnes pour les informer de la tenue d’une réunion décidée par le Comité de Défense des Libertés Syndicales (CDLS) et se félicite du succès de la révolution tunisienne en souhaitant « le même mal à notre pays ». Il est arrêté à la fin de la réunion dans des conditions rocambolesque et mis en garde à vue. Il se met en grève de la faim, au risque de sa vie. C’est grâce à la rapidité et à l’étendue de la réaction du mouvement politique, syndical et associatif qu’il est relâché au bout de trois jours. C’est à cette occasion qu’est né la Comité Badaoui Solidarité dont certains membres sont aujourd’hui devant vous.

Conclusion du CDLS

Procédant à une analyse de la situation vécue par l’intéressé depuis novembre 2005, le CDLS considère que Ahmed Badaoui est victime de la volonté exprimée, avec bien d’autres responsables syndicaux, de redonner à l’UGTA la fonction revendicative, qui devrait la mener à défendre, sans répit, comme le stipule l’article 1 de ses statuts, « les intérêts matériels et moraux des travailleurs. »

C’est la raison pour laquelle il est parvenu à la conclusion évidente que le cas Badaoui est un cas politique.

Ahmed Badaoui a subi de ce fait, comme des centaines de syndicalistes, fidèles à leur engagement vis-à-vis des travailleurs, l’injustice de sanctions utilisées par le pouvoir pour briser toute velléité de résistance. Las d’un combat qui a provoqué son harcèlement administratif et judicaire, son interdiction de sortie du territoire national, son arbitraire arrestation et incarcération et enfin plusieurs maladies ayant failli le mener à la mort, Ahmed Badaoui n’a cessé de réclamer à toutes les autorités concernées du pays, y compris au Président de la République, ce qui lui est du : sa réintégration au sein de son administration et le rétablissement de ses droits pleins et entiers, pour faire vivre dignement sa famille, un droit constitutionnel fondamental.

Le CDLS

Le 1 mai 2011

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Commentaires (2) | Réagir ?

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bassia

Monsieur badaoui a appris à ses dépends que toucher aux acquits des caciques du pouvoir et déranger leur programme politique qui anesthésie les algériens et vouloir réveiller ses compatriotes se trouve jeté aux oubliettes comme beaucoup d'autres démocrates que lui à l'exemple de bentchicou

brisé dans ses élans démocrate, dans sa vie professionnelle, familiales et même sa santé qui en pâtit à vouloir s'attaquer aux barons qui régentent l’Algérie aujourd’hui.

il ne nous reste donc qu'a attendre et voir.

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sam abed

Sidi Said (un marabout de Kabylie), je suis desolé de faire ce rapprochement, mais j'ai l'impression que presque tous les kabyles de services sont des marabouts, est issu de la meme famille de l'autre Sidi Said qui était Wali de Tizi Ouzou en 1980 quand Mouloud Mameri a été interdit a l'universite de Hasnaoua. Vous avez vu la relation qu'entretient Hannachi, un autre Marabout, avec Boutef. Ajoutez a tout ce beau monde Dalho le chef des Marabouts et vous aurez un tiercé Gagnant.