Débat : l'armée doit-elle intervenir ?

Débat : l'armée doit-elle intervenir ?

Me Ali Yahia Abdennour a appelé, dimanche, lors d’une conférence de presse des animateurs de la CNCD, «les militaires qui ont ramené Bouteflika» de destituer celui-ci en application de l’article 88 de la Constitution. Cet article stipule notamment que «lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel, se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement».

Pour Me Abdenour, qui est également président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), le départ du président Bouteflika, "compte tenu de son état de santé, est un impératif absolu". Et d'exhorter l'armée algérienne à agir: "Si le président de la République est reconnu comme ne pouvant pas assurer ses fonctions, ce sera à l'armée de prendre ses responsabilités", a-t-il insisté.

Le spécialiste en droit constitutionnel et en droit international Madjid Bencheikh ainsi que l’avocat et militant des droits de l’homme Mokrane Aït Larbi réagissent et estiment que l’on ne peut à la fois se dire légaliste, revendiquer la démocratie et appeler en même temps à un «putsch». Mokrane Aït Larbi a assuré que «le problème n’est pas Bouteflika mais le régime».

Le professeur Bencheikh et Me Aït Larbi se sont entièrement accordés sur le fait qu’il n’est pas admissible pour la classe politique d’appeler une nouvelle fois l’armée à la rescousse et de lui demander de réinvestir le champ politique comme ce fut le cas en 1992. «Appeler l’armée à intervenir et lui demander de destituer le chef de l’Etat n’est pas une solution. Les militaires ont déjà eu à le faire et nous en connaissons tous où cela nous a mené», a rappelé M. Bencheikh non sans faire remarquer que «ce qui préoccupe actuellement, ce n’est pas la santé de Bouteflika ou la manière de le faire partir mais plutôt la santé du système».

Et vous, qu’en pensez vous ?

Le débat est ouvert.

L.M.

Plus d'articles de : Politique

Commentaires (22) | Réagir ?

avatar
Simply

Je respecte tellement Me Ali Yahia Abdennour que je ne me permets pas de le critiquer. En Algérie, Me Ali Yahia Abdennour est une conscience.

Par ailleurs, je reconnais que la santé du président pose un très gros problème, pour la bon fonctionnement des institutions de l'état, en cette période cruciale, sur tous les plans (social, économique et sécuritaire). La gestion criminelle des affaires économiques du pays, avec ses scandales financiers monstrueux, à répétition, n'est pas rassurante du tout, pour l'Algérie, ses partenaires et les investisseurs.

avatar
sidali brahimi

Me Ali Yahia Abdenour devrait être expertisé par un psychiatre, parce qu'il ne semble pas mesurer l'ampleur de faire acte de l'article 88 de la Constitution. Je rejoins les opinions de Me Ait Mokrane Ait Larbi et le professeur Bencheikh, selon lesquelles il n'est pas important de destituer un président. Car ceci engendrerait un pouvoir militaire. Donc un retour à la case départ de 1991, année ou Chadli a été destitué. Les conséquences vécues ne peuvent plus nous servir, au regard de la décennie noire. L'urgence appelle a réformé tout le régime. Le plus court moyen est de combattre la corruption et les compromis. Bouteflika est enchaîné et, a, de ce fait les mains liées parce que non élu démocratiquement. La fraude électorale en est le symbole même de la corruption. C'est pourquoi, après son deuxième mandat dont la campagne électorale a été financée en grande partie par des dilapidateurs des deniers publics, la corruption a évolué avec une aisance extraordinaire, si bien qu'elle est devenue une pratique légalisée dans les coulisses. Le problème algérien demeure donc l'assainissement du système !

avatar
omar attourki

Adhérez au printemps arabe, la liberté pour le peuple d'élire démocratiquement son président-comme cela se pratique dans le monde civilisé-l'armée dans les casernes, le pouvoir aux civils!!

visualisation: 2 / 21