Libye: le port de Misrata sécurisé, l'Otan sera représentée à Benghazi

Le port libyen de Misrata était sécurisé mercredi, selon les rebelles, au lendemain d'un bombardement des forces du régime, l'Otan s'apprêtant à installer un représentant à Benghazi, fief des insurgés, pour nouer des contacts politiques avec l'opposition.

Au sujet de Misrata, présentée par les rebelles comme une ville "clé" dans leur avancée vers Tripoli, la capitale libyenne située à 200 km à l'ouest, le ministre britannique de la Défense Liam Fox a fait état mardi "de progrès" de la rébellion, estimant que le régime de Mouammar Kadhafi est "sur la défensive".

Mercredi, le port de Misrata était sécurisé au lendemain d'une attaque par les forces pro-Kadhafi qui ont été repoussées à 40 km à l'est après des frappes de l'Otan et des combats au sol, ont indiqué les rebelles.

La troisième ville de Libye reste néanmoins encerclée par l'armée à l'est, au sud et à l'ouest, la seule voie de ravitaillement étant la mer.

"Les hommes de Kadhafi sont morts. Il reste des véhicules et des corps brûlés, et nous avons saisi beaucoup d'armes", a indiqué un chef de groupe rebelle, montrant notamment un missile Milan de fabrication française, des RPG et des armes automatiques.

Mardi, des dizaines de roquettes étaient tombées sur le port et ses environs, faisant un mort et touchant notamment un camp de tentes qui abrite des réfugiés africains en instance de départ, selon un bilan revu à la baisse par le Croissant Rouge.

Il reste environ 1.300 réfugiés coincés à Misrata, essentiellement des Nigériens, mais aussi des Tchadiens, Ghanéens et Soudanais.

La perte du port serait aussi un "vrai désastre" pour les civils qui se retrouveraient sans aide humanitaire, a indiqué à l'AFP le colonel Ahmed Omar Bani, porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT), qui regroupe les rebelles à Benghazi (Est).

Selon le Croissant rouge à Misrata, les violences dans la ville ont fait environ 1.500 morts, habitants et rebelles, depuis le soulèvement de la ville le 19 février. Mais il n'était pas possible de confirmer ce bilan de source indépendante.

Dans une déclaration publiée à Paris par l'écrivain français Bernard-Henri Lévy, soutien de la rébellion libyenne, les chefs ou représentants de 61 tribus libyennes affirment leur volonté de construire "une Libye unie", "une fois le dictateur parti".

Les combats entre rebelles et pro-Kadhafi se cristallisent depuis plusieurs semaines autour de Misrata et de la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, une zone montagneuse dans l'ouest du pays où la majorité de la population est d'origine berbère.

Près de la frontière tunisienne, de nombreuses familles fuyaient Zenten (ouest), bombardée par les forces loyalistes mercredi, a indiqué une témoin sur place, qui a entendu quatre roquettes Grad tomber près du centre-ville dans l'après-midi, alors que des habitants ont fait état de six autres roquettes reçues dans la matinée.

Les pays membres de l'Otan, aux commandes de l'intervention militaire le 31 mars, se sont mis d'accord pour installer un représentant de l'alliance à Benghazi pour nouer des contacts politiques avec l'opposition au régime du colonel Mouammar Kadhafi, selon un responsable de l'Otan.

Plusieurs pays de l'Otan intervenant en Libye discutent également avec les Etats-Unis de l'éventuelle fourniture de munitions, dont les stocks s'amenuisent après un mois d'opérations militaires, selon le Pentagone.

Par ailleurs, des experts de la commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les allégations d'atteintes aux droits de l'Homme en Libye sont arrivés mercredi dans le pays, selon l'agence officielle libyenne Jana.

Sur le plan financier, le président américain Barack Obama a ordonné formellement le déblocage d'une aide non militaire urgente de 25 millions de dollars destinée aux rebelles.

Le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, a été contesté par une révolte née à la mi-février, réprimée dans le sang, et qui s'est transformée en guerre civile, provoquant l'intervention d'une coalition internationale le 19 mars sur mandat de l'ONU.

L'Union africaine a appelé à cesser toute opération militaire visant de hauts responsables libyens après une frappe aérienne de l'Alliance qui a détruit dimanche le bureau du dirigeant libyen à Tripoli.

L'ancien directeur de la CIA, Michael Hayden, a estimé que la chute du dirigeant libyen pourrait compliquer la lutte antiterroriste pour les Etats-Unis, soulignant que Kadhafi était un bon partenaire dans la lutte antiterroriste.

De son côté, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a ironisé sur l'intervention militaire en Libye, se demandant s'il fallait ainsi bombarder tous "les régimes tordus" dans le monde. "Kadhafi n'est plus là, il s'est barré depuis longtemps", a-t-il estimé.

AFP

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