Les pro-Kadhafi chassés de Misrata, le dirigeant libyen en "lieu sûr"

Les forces fidèles au colonel combattent toujours dans les faubourgs de la ville.

Les rebelles de Misrata ont affirmé avoir chassé les pro-Kadhafi de la ville assiégée depuis deux mois, tandis que l'Otan a mené de nouvelles frappes à Tripoli où le régime libyen a assuré que le colonel Kadhafi était en "lieu sûr" et avait "le moral". Dans la grande ville côtière de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, plusieurs chefs de groupes de combattants ont déclaré que les forces gouvernementales, durement pilonnées depuis deux jours, s'étaient retirées de la ville et se trouvaient dans ses faubourgs.

"Des affrontements ont lieu à la limite ouest de la ville, le reste est nettoyé. Il reste sans doute quelques soldats cachés dans la ville qui ont peur d'être tués, mais il n'y a plus de groupe de soldats", a précisé l'un d'eux. Cependant, le porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT) de l'opposition à Benghazi (est), le colonel Ahmed Omar Bani, s'est montré nettement moins optimiste sur la situation de Misrata : "C'est un désastre là-bas, Kadhafi n'est pas en train de perdre. Misrata est la clé de Tripoli. Si (Kadhafi) abandonne Misrata, il va abandonner Tripoli. Il n'est pas assez fou pour faire cela." Depuis lundi soir, aucune explosion n'a été entendue dans la ville, selon des journalistes de l'AFP et des sources médicales.

Combats aux abords de la ville

Selon des journalistes de l'AFP, des combats se déroulent aux abords de la ville et le roulement continu d'explosions lointaines s'est fait entendre toute la soirée jusqu'à une heure avancée de la nuit. Seuls deux morts ont été amenés à l'hôpital ces 12 dernières heures, tués par un tir de mortier au-delà de la sortie est de la ville, a indiqué le Dr Khalid Abou Falra du comité médical de Misrata. Selon les États-Unis, il reste encore 2 000 étrangers attendant d'être évacués dans le port de Misrata, où les stocks alimentaires sont encore suffisants. À Tripoli, cible depuis vendredi de raids intensifs de l'Otan, cinq explosions ont secoué lundi soir l'est de la capitale, selon des témoins, qui n'étaient pas en mesure de préciser les sites visés. "Nous avons entendu trois fortes explosions et nous avons vu des flammes et de la fumée s'échapper d'un site non loin de chez nous", a déclaré à l'AFP un habitant du quartier Aïn Zara. Deux autres détonations ont secoué le même quartier un peu plus tard, selon un autre témoin.

Frappe ciblée contre "un centre de communication" à Tripoli

Dans la nuit de dimanche à lundi, le bureau de Muammar Kadhafi, situé dans son immense résidence à Tripoli, avait été totalement détruit par une frappe de l'Otan. Trois fonctionnaires ont été tués et 45 autres personnes blessées, dont 15 grièvement, dans le raid, a déclaré le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim. Mais le colonel Kadhafi "va bien, il est en bonne santé et il a le moral", a-t-il souligné. Il est "en lieu sûr (...), il travaille chaque jour, il mène la bataille pour fournir au peuple services, nourriture, médicaments et carburant", a ajouté le porte-parole en dénonçant la destruction de son bureau comme un "acte terroriste" et une "tentative d'assassinat".

Selon la télévision d'État libyenne, des frégates de l'Otan ont également visé lundi un câble sous-marin de fibre optique reliant Syrte aux ports pétroliers de Ras Lanouf et Brega (est), provoquant la coupure des télécommunications dans cette région. À Bruxelles, l'Otan a annoncé avoir mené dans la nuit de dimanche à lundi une frappe ciblée dans le centre de Tripoli contre "un centre de communications utilisé pour coordonner les attaques contre des civils".

Discussions pour un cessez-le-feu

L'Italie, ancienne puissance coloniale et l'un des quatre pays (avec la France, le Qatar et la Gambie) à avoir reconnu le CNT, s'est dite désormais prête à mener des "actions ciblées contre des objectifs militaires spécifiques", à la veille d'un sommet franco-italien notamment consacré au dossier libyen. Tout à l'ouest de la Libye, des combats ont eu lieu lundi à Al-Harabah, avec pour enjeu la route reliant Nalout à Zenten, selon des habitants.

Depuis plusieurs jours, les habitants signalent une recrudescence des combats dans la région de Zenten, avec des tentatives des forces loyalistes de couper les communications entre les localités de cette zone montagneuse qui s'est soulevée dès le début de la révolte contre le régime, à la mi-février.

À Addis Abeba, l'Union africaine, qui tente de trouver une solution au conflit, a parlé de "début encourageant" après ses rencontres avec des représentants des deux camps en vue d'un cessez-le-feu. Les rebelles exigent cependant le départ de Muammar Kadhafi en préalable à toute solution négociée.

AFP

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