Libye: des conseillers militaires occidentaux au sol, pas de déploiement

"Comme le font les Anglais, il y a des éléments militaires qui sont avec notre représentant diplomatique auprès du CNT" à Benghazi a déclaré le président français Nicolas Sarkozy après avoir reçu à Paris le président de l'organe de la rébellion contre Mouammar Kadhafi, Moustapha Abdeljalil.

Cette assistance n'a cependant "absolument rien à voir avec l'envoi de troupes" au sol, a insisté le chef d'Etat français.

Rome a également annoncé mercredi l'envoi de dix instructeurs militaires à Benghazi, à l'instar de Londres mardi.

"L'Italie et l'Angleterre s'accordent sur le fait qu'il faut entraîner les rebelles", a précisé le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa.

Le président du Conseil national de transition a indiqué avoir invité M. Sarkozy à se rendre à Benghazi pour soutenir les insurgés libyens, et a promis d'établir dans son pays un "Etat démocratique".

Il a demandé une "intensification" des frappes sur les forces de Mouammar Kadhafi, notamment à Misrata, "où la situation est très grave".

Dans le même temps, Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, a condamné mercredi à Genève l'utilisation de bombes à sous-munitions par le régime libyen à Misrata, évoquant "des crimes internationaux".

La ville assiégée, à 200 km à l'est de Tripoli, était toujours bombardée mercredi, après avoir été le théâtre d'intenses combats dans la nuit. Un tir de mortier a touché à la mi-journée deux médecins ukrainiens y travaillant, tuant l'homme et blessant grièvement sa consoeur, selon des sources médicales.

Nouri Abdallah Abdoullati, l'un des chefs insurgés de la ville, a indiqué mardi soir que les rebelles demandaient l'envoi de soldats français et britanniques sur la base de principes "humanitaires".

"Auparavant, nous demandions qu'il n'y ait aucune interférence étrangère, mais c'était avant que Kadhafi utilise des roquettes Grad et des avions". "Désormais, il s'agit d'une situation de vie ou de mort", a-t-il déclaré.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est toutefois déclaré "tout à fait hostile" à l'éventualité d'une intervention au sol et selon l'Elysée, le CNT "n'a pas du tout de revendications sur des troupes au sol.

Le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Laabidi, avait déploré mardi l'envoi de conseillers militaires, affirmant sur la BBC qu'une telle initiative "prolongerait" le conflit.

"Nous estimons que toute présence militaire représente un pas en arrière et sommes sûrs que si les bombardements (de la coalition) s'arrêtaient, avec un vrai cessez-le-feu, nous pourrions avoir un dialogue de tous les Libyens sur ce qu'ils veulent: démocratie, réformes politiques, Constitution, élections", a-t-il dit.

La presse britannique s'est pour sa part largement fait l'écho mercredi des craintes de voir le Royaume Uni pris dans un engrenage en Libye et de s'enliser dans un "nouveau Vietnam".

Depuis la mi-février, le conflit a fait quelque 10.000 morts et 55.000 blessés, selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, citant le CNT.

L'aide humanitaire internationale continuait de s'intensifier mercredi dans le pays.

Le Programme alimentaire de l'ONU (PAM) a commencé à acheminer par voie terrestre, via la Tunisie, de la nourriture pour 50.000 personnes dans l'extrême ouest du pays, où les combats se sont intensifiés.

A Misrata, où 4.000 migrants sont toujours bloqués dans des conditions désastreuses, un bateau humanitaire de la Croix Rouge a accosté mercredi, selon un journaliste de l'AFP, alors que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé une troisième opération d'évacuation de migrants.

L'Otan a indiqué avoir détruit mardi près de Misrata trois chars loyalistes et trois véhicules lance-roquettes.

Les Etats-Unis ont pour leur part annoncé avoir conduit plus de 800 sorties aériennes depuis la prise en main des opérations par l'Otan le 31 mars.

Le vice-président américain Joe Biden a toutefois estimé que l'Otan pouvait se passer des Etats-Unis en Libye. Washington est, selon lui, plus utile sur d'autres théâtres d'opération comme le Pakistan ou l'Egypte.

AFP

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