Libye: les rebelles reculent dans l'Est, tiennent bon à Misrata

Libye: les rebelles reculent dans l'Est, tiennent bon à Misrata

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a assuré samedi que la coalition n'avait "nul besoin d'une nouvelle résolution" de l'ONU pour contraindre Mouammar Kadhafi au départ dans la mesure où le dirigeant libyen avait "perdu toute légitimité".

Les forces pro-Kadhafi tiraient à l'artillerie lourde dimanche sur l'entrée ouest d'Ajdabiya, repoussant de nouveau vers l'est les rebelles, qui en revanche tenaient bon à Misrata, la grande ville côtière que les pro-Kadhafi pilonnent depuis des semaines.

Au total, les combats ont fait samedi au moins 14 morts et une cinquantaine de blessés sur ces deux fronts.

Samedi, les insurgés avaient progressé d'une quarantaine de kilomètres en direction de Brega, située à 80 km à l'est d'Ajdabiya, à la faveur de raids aériens de l'Otan les jours précédents.

Mais dès dimanche matin, des tirs particulièrement intenses sur la porte ouest d'Ajdabiya indiquaient que les forces pro-Kadhafi étaient revenues à moins de 20 km de cette ville, poussant certains rebelles et les habitants restés dans la ville à fuir par centaines, selon un journaliste de l'AFP.

"Les forces de Kadhafi bombardent la porte ouest depuis ce matin. Ecoute le son des canons, ils se rapprochent, c'est pour ça que tous ceux qui restent s'en vont", a déclaré à l'AFP Omar Salim Mufta, un habitant de la ville de 27 ans.

Des tirs de roquettes des forces gouvernementales sur le front à mi-chemin entre Ajdabiya et Brega avaient fait samedi 8 morts et 27 blessés.

A Misrata en revanche, le pilonnage nocturne par les pro-Kadhafi a été nettement moins intense dans la nuit de samedi à dimanche que les nuits précédentes, selon un photographe de l'AFP.

Les rebelles ont affirmé avoir attaqué avec succès des positions des pro-Kadhafi dans la nuit et cerné ou repoussé des tireurs embusqués autour de la rue de Tripoli, l'artère principale de la ville. Dans le centre, de la fumée noire s'élevait, provenant selon un rebelle d'un char détruit pendant la nuit.

Les rebelles de Misrata, nettement plus organisés que dans la plupart des autres villes tenues par l'opposition, avaient déjà détruit samedi quatre chars --dissimulés dans des maisons pour éviter les tirs de l'Otan-- dans la prise d'un camp de l'armée régulière.

Cette journée a cependant été "très difficile", a déclaré Paolo Grosso, un médecin anesthésiste italien envoyé par l'association "Emergency", évoquant "beaucoup de blessés", y compris des enfants.

En fin d'après-midi, le principal hôpital de la ville a évoqué un bilan de six morts et 31 blessés.

Les restes de bombes à sous-munitions de 120 étaient visibles dans différents quartiers, selon un photographe de l'AFP. Ces bombes peuvent tuer ou mutiler à des dizaines de mètres à la ronde, et même longtemps après si les sous-munitions n'ont pas explosé tout de suite.

Le régime a fermement démenti avoir utilisé ces armes, interdites depuis 2010. Mais vendredi, trois personnes ont dû être amputées d'un pied et deux d'une main après avoir été touchées par ces sous-munitions, selon une source médicale.

Plusieurs milliers de migrants attendent toujours leur évacuation dans un camp de fortune installé près du port de Misrata, dans des conditions particulièrement précaires.

Deux bateaux affrétés par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) prévoient de faire des navettes entre Misrata et Benghazi, d'où les réfugiés doivent être ensuite conduits à la frontière égyptienne et rapatriés.

Dimanche, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé qu'il y avait "un certain risque" que le conflit "puisse durer" parce que le dirigeant libyen et son pays n'étaient pas "totalement prévisibles".

Selon le New York Times, le gouvernement américain a lancé une intense recherche pour trouver un pays qui pourrait accueillir M. Kadhafi, sans avoir à le livrer s'il était poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour les violences contre son peuple.

Dans une tribune commune publiée vendredi, le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et le président français Nicolas Sarkozy avaient déclaré qu'il était "impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi".

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a assuré samedi que la coalition n'avait "nul besoin d'une nouvelle résolution" de l'ONU pour contraindre Mouammar Kadhafi au départ dans la mesure où le dirigeant libyen avait "perdu toute légitimité".

AFP

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