En Libye, Misrata pilonné par les forces de Khadafi

En Libye, Misrata pilonné par les forces de Khadafi

De violents combats font rage à après que la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis ont demandé le départ du colonel.

Les affrontements et les pilonnages se sont poursuivis à Misrata, grande ville côtière de l'ouest de la Libye tenue par les insurgés, qui dans l'est du pays avancent depuis la localité stratégique d'Ajdabiya vers l'Ouest, à la faveur des raids aériens de l'Otan. La rébellion a dénoncé vendredi l'utilisation par les forces loyalistes de bombes à sous-munitions sur des zones peuplées par des civils à Misrata, des accusations confirmées par l'ONG Human Rights Watch qui a affirmé avoir pu voir de telles bombes sur place. Le régime a aussitôt démenti. Les sous-munitions contenues dans les armes à fragmentation sont susceptibles, quand elles n'ont pas immédiatement explosé, de tuer et de mutiler des civils longtemps après l'emploi des bombes. Une convention internationale interdisant les armes à sous-munitions est entrée en vigueur en 2010 mais la Libye fait partie des pays non signataires.

A Misrata, assiégée depuis près de deux mois, au moins treize personnes ont été tuées vendredi dans les affrontements entre les forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et les rebelles, et les pilonnages se sont poursuivis dans la nuit, selon des sources médicales. Le bruit de fortes explosions et de rafales de tirs parvenait du centre de la ville, la troisième du pays, a rapporté un photographe de l'AFP sur place, précisant que des survols de l'Otan avaient précédé les bombardements. "La nuit dernière c'était comme une pluie" d'obus, témoignait vendredi Hazam Abou Zeid, un habitant qui a pris les armes pour défendre son quartier.

Humanitaire

Sur le plan humanitaire, l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé l'évacuation samedi de 99 personnes, acheminées par mer jusqu'au port tunisien de Zarzis. L'Otan et l'UE ont resserré vendredi leur coordination en vue d'une opération humanitaire préparée par les Européens à Misrata. Une réunion doit se tenir "dans les semaines à venir". Dans l'Est, des explosions ont retenti samedi matin à l'ouest de la ville stratégique d'Ajdabiya, où les rebelles ont avancé leurs positions à la faveur des raids de l'Otan contre les forces gouvernementales, a rapporté un journaliste de l'AFP à un point de contrôle dans l'ouest de la localité.

Les rebelles ont affirmé qu'ils contrôlaient une zone de plusieurs kilomètres au-delà de ce point dans le désert, le long de la route côtière menant à la ville pétrolière de Brega, 80 km à l'ouest. Les avions de l'Otan ont intensifié leur activité dans la zone ces trois derniers jours. Selon les rebelles, ils ont mené des raids aériens afin de leur dégager le terrain et faciliter leur progression vers Brega. Selon certains, les insurgés seraient déjà à la périphérie de Brega.

Des médecins à Ajdabiya ont fait état d'un mort et sept blessés vendredi par des tirs sur la route reliant Ajdabiya et Brega, sans pouvoir indiquer s'il s'agissait de civils ou de rebelles. Insurgés et loyalistes se disputent depuis des jours Ajdabiya, un noeud de communication stratégique situé à 160 km au sud de Benghazi, le fief des rebelles. Entre-temps, de hauts-responsables américains et de l'Alliance atlantique ont affirmé que les forces de l'Otan se trouvent à court de bombes de précision et d'autres types de munitions, a rapporté vendredi The Washington Post. Le journal américain souligne que cette pénurie met en lumière les limites du Royaume-Uni, de la France et des autres pays européens à mener dans la durée une opération militaire relativement modeste. Mais il ne précise pas l'origine de cette pénurie.

Cameron, Sarkozy et Obama de concert

L'Otan a repris le 31 mars les rênes des opérations militaires lancées le 19 mars par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, qui s'était appuyée sur la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU pour bombarder les troupes du colonel Kadhafi dès lors qu'elles représentaient un danger pour la population. Les Etats-Unis ont refusé jeudi de revenir en première ligne en Libye, après avoir retiré leurs avions de combat des opérations. Seuls six des 28 Etats membres de l'Otan participent actuellement aux raids aériens en Libye.

Dans une tribune commune publiée vendredi dans quatre quotidiens, le Premier ministre britannique David Cameron, le président français Nicolas Sarkozy et le président américain Barack Obama ont estimé "impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi". Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé qu'avec cette prise de position des trois pays, on était "certainement" en train de sortir de la résolution 1973 de l'ONU sur la Libye, suggérant l'adoption d'une nouvelle résolution pour avaliser le projet de chasser Kadhafi. "Nul besoin d'une nouvelle résolution" pour contraindre Mouammar Kadhafi au départ alors qu'il "a perdu toute légitimité", a rétorqué samedi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Moscou, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a estimé de nouveau vendredi que l'Otan outrepassait le mandat de l'ONU. Il est "important de passer de manière urgente à la phase politique et d'avancer vers un règlement politique et diplomatique". Mais la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a affirmé que l'intervention militaire internationale avait empêché un nouveau massacre à Benghazi comme celui de Srebrenica en 1995 en Bosnie.

AFP

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