Libye: l'Otan divisée, l'Espagne refuse d'accroître sa participation aux opérations

Aujourd'hui, la France et le Royaume-Uni assurent la moitié des missions de bombardement, selon un responsable français.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan, divisés sur l'urgence de durcir l'intervention militaire contre le leader libyen Mouammar Kadhafi, se retrouvaient jeudi à Berlin, deux semaines après que l'alliance a pris les opérations en main en Libye.

La chef de la diplomatie espagnole, Trinidad Jimenez, a déclaré que l'Espagne ne changera ni son dispositif ni sa mission militaire, en dépit de l'appel de la France et du Royaume Uni à leurs alliés pour qu'ils accroissent leur engagement.

La France et le Royaume Uni tentent en effet de convaincre leurs alliés que la mobilisation insuffisante de certains freine l'action de l'aviation contre les troupes de Kadhafi.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton sera présente. Toutefois, l'appel franco-britannique ne concerne pas les Etats-Unis. S'ils ont retiré comme prévu du théâtre libyen une cinquantaine de chasseurs-bombardiers le 4 avril, ils continuent d'aider puissamment l'Otan et restent en réserve.

Les demandes de Paris et Londres visent d'autres alliés, même s'il faut exclure un changement d'attitude de l'Allemagne, qui a été d'emblée contre toute intervention militaire, ou de la Turquie, la plus radicalement opposée aux frappes.

Il est néanmoins impératif aux yeux des Français et des Britanniques, en pointe depuis le lancement de l'intervention le 19 mars, d'intensifier les opérations aériennes.

Deux mois après le début de la révolution libyenne, l'impasse militaire entre les rebelles tenant l'est du pays et les troupes loyales à Kadhafi, n'est pas de nature à convaincre le leader libyen à quitter le pouvoir, estiment-ils.

Sur le terrain, les forces rebelles ont repris la ville stratégique d'Ajdabiya (est), à 160 km au sud de Benghazi, théâtre de combats meurtriers ces derniers jours, mais les unités pro-Kadhafi y maintenaient leur pression.

Deux fortes explosions ont également retenti mercredi à Tripoli et l'Otan a annoncé avoir bombardé des dépôts de munitions près d'Al-Aziziya, à une vingtaine de km au sud-ouest de la capitale.

Mercredi à Paris le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron se sont dit d'accord pour accroître "la pression militaire" sur le régime du dirigeant libyen.

"Tous les moyens doivent être mis à disposition", a souligné l'Elysée.

Aujourd'hui, la France et le Royaume-Uni assurent la moitié des missions de bombardement, selon un responsable français.

Quatre alliés --la Belgique, le Canada, le Danemark et la Norvège-- effectuent l'autre moitié.

Pour ces six pays, un meilleur partage du fardeau politique et militaire serait le bienvenu.

"Le commandement militaire de l'Otan a demandé plus d'avions il y a quelques jours" et à ce stade, après l'apport de quatre appareils britanniques supplémentaires et bien que "certains des pays engagés dans les frappes aient haussé le rythme de leurs opérations", "une dizaine manquent" encore, a indiqué un diplomate allié.

L'Espagne, dont les avions de même que ceux des Pays-Bas n'effectuent des patrouilles que pour faire respecter la zone d'interdiction aérienne, a fait cependant savoir qu'elle ne trouvait "pas nécessaire" d'en faire davantage.

Outre des renforts, Paris demande aussi à l'Otan de frapper les cibles quelques heures seulement après les avoir identifiées et casser ainsi la machine militaire de Kadhafi à un rythme plus soutenu, ce qui suppose "plus de souplesse opérationnelle", souligne un responsable français.

A l'occasion de la réunion mercredi à Doha du Groupe de contact chargé du pilotage "politique" de l'opération, les rebelles ont encore réclamé que l'Otan bombarde davantage les troupes de Kadhafi et exigé la livraison d'armes.

Pourtant s'il a insisté sur la nécessité d'un départ de Kadhafi et décidé la mise en place d'un mécanisme financier pour aider la rébellion, le Groupe de contact a évité d'évoquer explicitement des équipements militaires.

C'est que ce sujet-là divise aussi la coalition.

Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères a accusé le Qatar d'avoir livré des missiles antichars Milan de fabrication française aux rebelles et envoyé des experts pour entraîner 700 rebelles.

AFP

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