Libye: aide financière pour la rébellion qui veut plus de frappes de l'Otan

A Misrata, enclave rebelle, à 200 km à l'est de Tripoli, la situation était critique pour les 300.000 habitants, assiégés et bombardés depuis sept semaines. L'UE envisage l'ouverture d'un couloir humanitaire maritime sous protection militaire pour aider la population.

Une conférence internationale sur la Libye a annoncé mercredi au Qatar la création d'un fonds pour aider la rébellion libyenne et réitéré la nécessité d'un départ du colonel Mouammar Kadhafi pour régler la crise.

La première réunion du Groupe de contact sur la Libye, à Doha, a souligné la nécessité de fournir aux rebelles qui tiennent l'Est du pays les moyens de se défendre, tout en se refusant à inclure explicitement dans cette aide des équipements militaires.

Cette réunion, placée sous la coprésidence de la Grande-Bretagne et du Qatar, a réuni une vingtaine de pays et d'organisations près de quatre semaines après le début le 19 mars d'une intervention multinationale armée sous mandat de l'Onu pour protéger les populations civiles.

Selon le communiqué final, le Groupe de contact a décidé "la mise en place d'un mécanisme financier temporaire" pour doter le Conseil national de transition, l'organe politique de la rébellion, "des moyens pour gérer les aides et répondre aux besoins urgents" des régions contrôlées par la rébellion.

Le Groupe a également insisté sur "la nécessité pour (le colonel) Kadhafi de se démettre du pouvoir" pour favoriser un règlement de la crise, selon le communiqué.

Le régime de Kadhafi "doit céder le pouvoir", retirer ses forces des villes et "mettre immédiatement fin aux violences contre les civils", indique encore le communiqué.

Le texte insiste sur la nécessité de fournir "un soutien matériel" aux populations sous contrôle de la rébellion. "Le peuple libyen a besoin de médicaments et d'autres moyens pour résister", a assuré cheikh Hamad, sans vouloir préciser clairement si des armes entraient dans cette catégorie.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a indiqué devant la presse que Rome, qui doit accueillir la deuxième réunion du Groupe de contact, considérait que des équipement militaires non offensifs pouvaient être livrés à la rébellion.

Les ministres européens ont montré des divergences sur cette question. Le ministre belge des Affaires étrangères Steven Vanackere, qui représentait son pays et les Pays-Bas à Doha, a rétorqué que "les résolutions de l'Onu prévoient de protéger les populations civiles, mais pas de les armer".

Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a pour sa part exclu d'aider les rebelles libyens à s'armer. Il est envisagé de "les aider à se financer, à se renforcer, mais il n'a pas été question de livraisons d'armes", a-t-il dit.

A l'ouverture de la réunion, le chef de l'Onu Ban Ki-moon a exhorté la communauté internationale à rester soudée, pour prévenir une tragédie humanitaire dans ce pays d'Afrique du Nord de six millions d'habitants, dont près de 3,6 millions pourraient avoir besoin d'aide internationale.

L'impasse militaire entre les rebelles tenant la région de Benghazi (est) et les forces loyales à Mouammar Kadhafi retranchées dans celle de Tripoli (ouest) a fait naître au sein de l'Otan, qui dirige les opérations alliées, le spectre d'un enlisement.

Deux partenaires majeurs de cette coalition, la France et la Grande-Bretagne, ont demandé une action plus vigoureuse de la part de l'Otan qui en a pris le commandement le 31 mars.

Le CNT, qui a assisté à la réunion de Doha, a réclamé un accroissement des frappes de l'Otan.

"Nous voulons davantage de frappes aériennes contre les chars et les sites de lancement de missiles" de l'armée fidèle au colonel Kadhafi, a déclaré à l'AFP le responsable des relations extérieures du Conseil national de transition, Ali al-Issaoui.

Une réunion de l'Alliance est prévue jeudi à Berlin pour débattre des opérations en Libye, à laquelle doit participer la secrétaire d'Etat Hillary Clinton qui a défendu le rôle de l'organisation transatlantique.

Les Etats-Unis qui avaient pris le commandement de la coalition dans un premier temps, avant d'annoncer le retrait de leurs appareils d'attaque au sol, ont révélé mercredi que des avions de combats américains bombardaient toujours la défense aérienne libyenne.

Sur le terrain, les forces rebelles ont repris la ville d'Ajdabiya (est) -à 160 km au sud de Benghazi, fief des insurgés-, noeud routier stratégique théâtre de combats meurtriers ces derniers jours, mais les unités pro-Kadhafi y maintenaient leur pression par des tirs d'artillerie sporadiques.

Deux grosses explosions ont retenti mercredi à Tripoli, dont l'origine n'était pas connue dans l'immédiat, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Plus tôt, l'agence officielle libyenne Jana avait indiqué que les forces de l'Otan ont effectué mercredi des raids aériens sur Misrata et Al-Aziziya (ouest) ainsi que sur Syrte, la ville natale du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, à 600 km à l'est de Tripoli.

Le nouveau ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Laabidi, nommé après la défection récente de son prédécesseur, est arrivé de son côté vers Chypre où il doit rencontrer jeudi son homologue chypriote Marcos Kyprianou.

AFP

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