L'UE divisée sur un rôle accru de l'Otan en Libye

M. Juppé, dont le pays avait montré beaucoup de réticence à confier à l'Alliance atlantique les rênes de l'opération militaire qu'il avait engagée le 19 mars, avant d'y consentir à condition que les bombardements ne soient pas entravés, a affirmé que l'Otan ne jouait "pas suffisamment" son rôle.

La France et la Grande-Bretagne ont pressé mardi les autres pays de l'Otan intervenant en Libye d'intensifier leurs efforts alors que pèse la crainte d'un enlisement du conflit, sans parvenir à rallier tous leurs partenaires.

Les ministres français et britannique des Affaires étrangères Alain Juppé et William Hague ont tous deux fait part d'une certaine irritation sur le rôle actuellement joué par l'Alliance atlantique, avant une réunion avec leurs homologues de l'UE à Luxembourg.

M. Juppé, dont le pays avait montré beaucoup de réticence à confier à l'Alliance atlantique les rênes de l'opération militaire qu'il avait engagée le 19 mars, avant d'y consentir à condition que les bombardements ne soient pas entravés, a affirmé que l'Otan ne jouait "pas suffisamment" son rôle.

"L'Otan a voulu prendre la direction militaire des opérations, nous l'avons accepté. Elle doit jouer son rôle aujourd'hui, c'est-à-dire éviter que Kadhafi n'utilise là encore des armes lourdes pour bombarder les populations", a-t-il fait valoir.

Son collègue britannique William Hague a plaidé à Luxembourg pour "maintenir et intensifier nos efforts au sein de l'Otan", alors que les Etats-Unis ont retiré les avions de combat qu'ils avaient engagé au début.

Rappelant que le Royaume-Uni avait fourni quatre Tornado supplémentaires "capables de frapper des cibles au sol menaçant la population civile libyenne", M. Hague a jugé qu'il "serait bienvenu que d'autres pays fassent de même".

Vingt et un des 27 pays de l'UE font aussi partie de l'Otan. Au nombre de ceux qui pourraient se sentir visés, deux, l'Espagne et les Pays-Bas, ont mis des avions de chasse à la disposition de l'Otan en les cantonnant au contrôle de la zone d'interdiction aérienne.

Le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires européennes, Diego Lopez Garrido, n'a pas voulu suivre MM. Hague et Juppé.

"Ce n'est pas nécessaire, l'action de l'Otan se déroule bien, il n'y a rien à réviser en ce moment", car l'alliance a "fait un bon travail", a-t-il estimé, jugeant que "la zone d'exclusion aérienne est un succès".

Un troisième pays de l'UE, la Suède, est sur la même ligne, mais ne fait pas partie de l'Otan.

Un quatrième pays, l'Italie, a déployé quatre appareils susceptibles de participer à des frappes, mais n'en fait pas usage, en attendant un débat au Parlement italien.

Et le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a fait part de sa "perplexité" mardi à Luxembourg à propos de la demande franco-britannique. Cependant, Rome n'est pas opposée a priori à participer aux frappes, a précisé une source diplomatique italienne, tout en jugeant que l'essentiel était de "minimiser les pertes civiles".

Seuls la Belgique (six F-16) et le Danemark (quatre F-16), parmi les autres pays de l'UE membres de l'alliance, sont réellement actifs aux côtés de la France (29 appareils de différents types), de la Grande-Bretagne (10 Tornado) et de deux autres pays de l'Otan hors UE, le Canada (sept F-18) et la Norvège (six F-16).

La question, cependant, n'est pas tant celle des moyens fournis par les uns et les autres que "l'impact négatif de leurs différences d'approche sur les opérations", a souligné à l'AFP un responsable militaire de l'Otan.

Le commandant en chef de l'opération Protecteur unifié, le général Charles Bouchard, a jugé disposer "de bien assez d'avions" pour frapper les troupes kadhafistes.

En fait, "ce qui gêne l'Otan, c'est que l'espace aérien soit engorgé par des avions qui ne tirent pas, tout en occupant des créneaux qui pourraient être, eux, utilisés par des appareils autorisés à faire feu", a-t-il expliqué.

AFP

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