La guerre en Libye également sur le front de la communication

La guerre en Libye également sur le front de la communication

La guerre de communication bat son plein en Libye, entre propagande et bataille des images, la coalition internationale tentant de ne pas apparaître comme une force majoritairement occidentale pour éviter les critiques comme en Afghanistan face à un Mouammar Kadhafi qui s'affiche serein.

La guerre de communication bat son plein en Libye, entre propagande et bataille des images, la coalition internationale tentant de ne pas apparaître comme une force majoritairement occidentale pour éviter les critiques comme en Afghanistan face à un Mouammar Kadhafi qui s'affiche serein.

Pour son retour sur les écrans de télévision, le "frère leader de la révolution", selon la terminologie officielle, a fait ce week-end une "visite d'inspection" dans une école de la capitale libyenne. Et les images du colonel Kadhafi acclamé par un groupe d'écoliers ont aussitôt fait le tour du monde.

Du côté de la coalition, le discours remplace les images, qui montrent surtout des frappes aériennes sur les écrans de contrôle des avions de combat.

L'Otan et les gouvernements des pays de la coalition martèlent que les frappes aériennes ont pour unique objectif de protéger les populations civiles menacées par les armes lourdes du régime libyen, et qu'elles s'inscrivent dans le cadre légal de la résolution 1973 de l'ONU.

"Nous sommes dans des guerres de communication et de l'information où tout est filtré. De part et d'autre, on joue la guerre de la com'", souligne Pascal Le Pautremat, collaborateur de la revue "Défense" de l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN).

Pour Kadhafi, apparaître au milieu d'écoliers enthousiastes, c'est montrer que la coalition ne parvient pas à faire tomber son régime, qu'elle est dans une impasse après trois semaines de frappes aériennes.

La coalition fait tout, de son côté, pour éviter d'apparaître comme une force majoritairement occidentale, dont les frappes peuvent provoquer des victimes civiles. L'enjeu est d'autant plus important qu'en Afghanistan, la force sous commandement de l'Otan est de plus en plus critiquée pour les dégâts collatéraux qu'elle provoque.

"Sur la question libyenne, il s'agit de ne pas donner la même image", souligne Pascal Le Pautremat : "Mais quand vous avez des missiles qui tombent sur Tripoli ou dans sa banlieue, il y a obligatoirement des pertes humaines".

Dimanche, c'est sous sa tente que le dirigeant libyen a reçu la délégation de présidents mandatés par l'Union africaine (UA), conduite par le sud-africain Jacob Zuma. Dans son quartier général traditionnel de Bab el-Aziziya à Tripoli, qui a pourtant été en mars la cible de frappes aériennes.

"Quand il a rencontré la mission Zuma il était bien à son poste. Dans la guerre psychologique, c'était tout à fait important de le montrer", souligne Denis Bauchard, ancien ambassadeur de France en Jordanie, conseiller à l'IFRI (Institut français des relations internationales).

Peu d'images de victimes civiles en revanche depuis le début du conflit.

"On a vu à plusieurs reprises des civils libyens dans les hôpitaux de Tripoli disant qu'ils avaient été blessés par des frappes de la coalition", mais "ce sont des informations généralement invérifiables", note Denis Bauchard.

Autre enjeu de la bataille de communication, l'image des insurgés libyens donnée par les médias, dans la foulée des révoltes populaires en Tunisie et en Egypte, très bien accueillies dans les pays occidentaux.

"On n'est pas assez critique dans l'approche de cette rébellion, souligne Pascal Le Pautremat. Il ne faut surtout pas croire que c'est un bloc homogène, fiable et qui a toute sa légitimité, au contraire. C'est sans doute ce qui a conduit à la décision de la coalition de ne pas leur livrer des armes".

AFP

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