Libye: la rébellion veut le départ de Kadhafi, l'Otan critiquée

Libye: la rébellion veut le départ de Kadhafi, l'Otan critiquée

Au lendemain de son échec à Benghazi, l'UA a lancé "un appel pressant au CNT à coopérer pleinement, dans l'intérêt supérieur de la Libye".

La rébellion fait du départ de Mouammar Kadhafi un préalable à une solution diplomatique du conflit un peu plus de trois semaines après le début d'une opération internationale en Libye où le rôle de l'Otan a été critiqué mardi par la France et la Grande-Bretagne.

La rébellion a rejeté lundi à Benghazi (est) le cessez-le-feu proposé par l'Union africaine (UA), pourtant accepté la veille par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

"L'initiative qui a été présentée aujourd'hui est dépassée. Le peuple réclame le départ de Mouammar Kadhafi et de ses fils", a déclaré le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil après une rencontre à Benghazi (est), fief des rebelles avec la délégation de l'UA.

L'UA proposait la cessation immédiate des hostilités, un acheminement de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue en vue d'une transition, mais pas le départ immédiat du colonel au pouvoir depuis plus de 40 ans et confronté depuis mi-février à une rébellion.

Au lendemain de son échec à Benghazi, l'UA a lancé "un appel pressant au CNT à coopérer pleinement, dans l'intérêt supérieur de la Libye".

Le chef de la diplomatie britannique William Hague a estimé qu'il n'y avait pas d'avenir "viable" pour la Libye sans le départ de Kadhafi, faisant écho à de nouvelles déclarations de Washington dans le même sens. Lundi soir, le fils du dirigeant libyen, Seif al-Islam, a jugé "vraiment ridicule" de "parler du départ" de son père.

Un peu plus de trois semaines après le début, le 19 mars, de l'intervention internationale dont l'Otan a pris les commandes le 31 mars, la France et la Grande-Bretagne ont critiqué le rôle de l'Alliance atlantique.

"Il faut (...) que l'Otan joue pleinement son rôle" et l'Alliance atlantique ne le fait "pas suffisamment", a déclaré le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé. "L'Otan a voulu prendre la direction militaire des opérations, nous l'avons accepté. Elle doit jouer son rôle aujourd'hui c'est-à-dire éviter que Kadhafi n'utilise là encore des armes lourdes pour bombarder les populations", a-t-il fait valoir.

La France est à l'origine de l'intervention internationale en Libye, dans le cadre de la résolution 1973 de l'ONU, pour protéger les populations civiles en utilisant la force pour détruire les armements lourds du pouvoir.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a lui aussi appelé l'Otan à "maintenir et intensifier" ses efforts militaires en Libye pour protéger les populations civiles.

Ces déclarations surviennent alors que la crainte d'un enlisement du conflit en Libye grandit et à la veille de la première réunion du Groupe de contact sur la Libye au Qatar.

Sur le terrain, des sources rebelles et médicales ont fait état mardi de la mort la veille de trois civils tués par des tirs des forces pro-Kadhafi à l'ouest de la ville stratégique d'Ajdabiya (est) reprise par les rebelles au terme de violents combats. La ville était calme mardi matin, selon des journalistes de l'AFP.

Les combats à Ajdabiya, noeud de communications à 160 km au sud de Benghazi (fief des rebelles), ont fait au moins depuis samedi une cinquantaine de morts, principalement des membres des forces gouvernementales tués par des frappes de l'Otan.

Tripoli a par ailleurs menacé lundi de repousser par les armes une aide à la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli), assiégée par les forces gouvernementales depuis un mois et demi.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton avait assuré vendredi que l'UE était "disposée à agir" par tous les moyens, "y compris militaires", pour soutenir les 300.000 habitants de Misrata sur le plan humanitaire.

L'ancien chef de la diplomatie libyenne Moussa Koussa, réfugié en Grande-Bretagne, a prévenu lundi que la Libye pourrait devenir "une nouvelle Somalie" si le conflit se prolongeait, soulignant que "l'unité de la Libye est essentielle à toute solution et à tout règlement" du conflit.

Mais le ministre français de la Défense Gérard Longuet a estimé, sur Europe 1, que les choses peuvent "aller vite maintenant" dans la résolution de la crise en Libye. "A mon avis ça peut aller vite maintenant", a déclaré M. Longuet alors qu'on lui demandait si la rébellion armée contre le colonel Mouammar Kadhafi, entamée mi-février, allait durer encore "des semaines et des mois".

Les prix élevés du pétrole commencent à affecter la demande, qui tend à faiblir depuis quelques mois, a souligné mardi l'Agence internationale de l'énergie (AIE). "Il y a un vrai risque qu'un pétrole se maintenant à plus de 100 dollars le baril ne soit pas compatible avec le rythme de la reprise économique", écrit l'agence dans son rapport mensuel.

La production mondiale de pétrole a de son côté chuté en mars, de 700.000 barils/jour à 88,3 mbj, en raison d'une baisse de production de près de 70% en Libye, selon l'AIE.

"La perte de production libyenne et la flambée des cours de 25-30% depuis le début de la crise mi-février ont pour le moment suscité peu de réponses de la part des autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)", estime l'Agence.

AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?