Libye: violents combats à Misrata, assiégée par les forces loyalistes

Libye: violents combats à Misrata, assiégée par les forces loyalistes

Vendredi environ 400 personnes ont manifesté à Benghazi scandant "A bas l'Otan".

Les combats faisaient rage vendredi entre rebelles et forces loyales au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi dans la ville de Misrata assiégée et pilonnée sans relâche depuis un mois et demi par les troupes gouvernementales.

"Il y a un échange de tirs intensifs d'armes légères, de roquettes et de l'artillerie lourde entre les rebelles et l'armée du régime", a rapporté un photographe de l'AFP, membre d'un groupe de correspondants emmenés par les autorités.

Devant un hôpital de la ville, où les autorités ont accompagné des journalistes pour voir des victimes des affrontements, un officier de l'armée qui escortait le groupe a été légèrement blessé par un tir d'un tireur-embusqué. "Nous nous sommes jetés au sol, avant de rebrousser chemin", a ajouté le journaliste.

Selon un porte-parole des rebelles dans la ville, quatre personnes ont été tuées, dont deux enfants, et dix blessées vendredi par des tirs d'obus et de roquettes sur des maisons à Misrata (200 km à l'est de Tripoli).

"Ces gens ont été tués chez eux et paradoxalement nous n'avons pas eu de victimes sur le front", a-t-il dit, ajoutant qu'une personne a été tuée jeudi et 24 blessés.

Selon lui, les forces loyalistes "ont commencé à tirer des roquettes et des obus de chars sur la ville depuis l'aube. Il y a eu par la suite des violents combats sur la route côtière".

Ce porte-parole a critiqué à nouveau les forces de l'Otan, qui, selon lui, n'étaient "pas en train de remplir leur mission de protéger les civils. Les civils sont en train d'être tués à Misrata", a-t-il déploré, admettant cependant que "les avions de l'Otan ont détruit totalement les casernes et les bataillons de Kadhafi autour de la ville".

Misrata est pilonnée sans relâche depuis un mois et demi par les forces du colonel Kadhafi. Les rebelles et les organisations humanitaires alertent depuis des semaines sur le sort des quelque 300.000 habitants de cette ville, la troisième du pays, dont plusieurs centaines ont été tués ou blessés par les combats, selon eux.

L'Union européenne s'est dit prête à apporter une aide humanitaire à la ville assiégée, sécurisée si nécessaire par des moyens militaires, dans une lettre adressée vendredi par sa chef de la diplomatie, Catherine Ashton, au secrétaire général de l'ONU.

Sur le front Est, la situation restait confuse dans la région d'Ajdabiya, toujours tenue par les rebelles mais quasi-déserte en ce vendredi férié. En milieu d'après-midi, les forces loyalistes ont tiré plusieurs obus sur l'entrée ouest de la ville, avant de refluer, selon un journaliste de l'AFP. Les rebelles ont été forcés de se replier dans le centre-ville, à sept km de là.

Jeudi, des rumeurs d'une attaque imminente des troupes pro-Kadhafi avaient provoqué la fuite de milliers de civils et de rebelles en direction du fief des insurgés à Benghazi, à 160 km plus au nord.

A l'Ouest, Zenten, à une centaine de km au sud-ouest de Tripoli, est également la cible depuis plusieurs jours de tirs d'obus des forces loyalistes positionnées autour de la ville, selon un témoin joint par l'AFP.

La région a connu dans la nuit de jeudi à vendredi des frappes de l'Otan, mais "la population ne comprend pas pourquoi la coalition ne bombarde pas les blindés de Kadhafi, elle est assez remontée", a-t-il ajouté.

"Il y a eu des combats il y a trois jours à Qala", près de Zenten (...) Les forces de Kadhafi ont détruit des puits d'eau potable (...) Il n'y a plus beaucoup d'essence, il y a des pénuries aussi de fruits et légumes", selon lui.

Concernant le raid meurtrier de l'Otan jeudi sur des positions d'insurgés dans la région de Brega (est), la rébellion a affirmé qu'elle ne demandait pas d'excuses mais elle souhaite améliorer ses communications avec l'Alliance.

"C'est un incident très malheureux" et "je regrette vivement les morts" qu'il a occasionnées, a déclaré à Bruxelles le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen.

Jeudi, des avions de l'Otan avaient ouvert le feu sur une colonne de chars rebelles, faisant au moins quatre morts -deux combattants et deux médecins-, six disparus et 14 blessés, selon le chef d'état-major des insurgés, le général Abdelfatah Younès.

C'est la deuxième fois que l'Otan tirait ainsi sur des rebelles depuis qu'elle a pris le 31 mars le relais de la coalition multinationale commandée par les Etats-Unis.

"Le problème est qu'il n'y a aucun lien officiel" entre la direction militaire de la rébellion et l'Otan, a indiqué à l'AFP une source proche des diplomates occidentaux en contact avec la rébellion. Il a précisé que des équipements de télécommunications devaient arriver vendredi à Benghazi pour permettre un lien entre les rebelles et une capitale européenne.

Jeudi soir, le général Younès avait pourtant assuré que le déploiement des chars rebelles près de Brega avait été signalé à l'Otan.

"Nous n'avons jamais demandé d'excuses à l'Otan, mais simplement des explications... Nous ne remettons pas en cause la bonne foi de l'Otan", a déclaré à l'AFP Chamseddine Abdelmolah, un porte-parole du CNT.

Vendredi environ 400 personnes ont manifesté à Benghazi scandant "A bas l'Otan".

Les ministres européens des Affaires étrangères vont rencontrer mardi un représentant du CNT, en dépit de divergences au sein de l'UE sur le statut à accorder aux rebelles libyens, ont indiqué vendredi des diplomates.

A Washington, le département du Trésor américain a indiqué que les sanctions économiques de Washington contre le régime libyen avaient été étendues à cinq caciques du régime et à deux oeuvres caritatives détenues par le famille Kadhafi.

AFP

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