Libye: des rebelles tués, la pression monte sur Kadhafi

Libye: des rebelles tués, la pression monte sur Kadhafi

"Au lieu d'attaquer Kadhafi, ils nous attaquent. Qu'est-ce qui ne va pas avec nos amis les Etats-Unis et le Royaume Uni", s'interroge Souleimane Rifadi, un volontaire à l'hôpital d'Ajdabiya, à 80 km à l'est de Brega.

Au moins deux rebelles libyens ont été tués jeudi par un raid aérien dans la région de Brega, théâtre de combats entre insurgés et forces du colonel Mouammar Kadhafi dont Paris et Washington ont de nouveau exigé le départ.

Selon des sources hospitalières et des témoins joints par l'AFP, des avions de l'Otan ont ouvert le feu à deux reprises sur des chars à l'est du site pétrolier de Brega (est). Bilan: deux rebelles tués, une dizaine blessés, trois chars détruits, selon les rebelles et un médecin.

L'Otan a immédiatement assuré qu'elle enquêtait sur ces nouvelles allégations de bavure.

Au même endroit, des éclats d'obus sur une ambulance ont tué un infirmier et blessé deux autres, selon un médecin qui a assisté au raid. "La façon dont l'ambulance a été endommagée n'est pas claire, parce qu'au même moment les forces de Kadhafi tiraient des roquettes Grad sur les rebelles", a-t-il souligné.

Les insurgés, déjà furieux contre l'Alliance atlantique qu'ils accusent de ne pas assez les aider, ont laissé éclater leur colère.

"Au lieu d'attaquer Kadhafi, ils nous attaquent. Qu'est-ce qui ne va pas avec nos amis les Etats-Unis et le Royaume Uni", s'interroge Souleimane Rifadi, un volontaire à l'hôpital d'Ajdabiya, à 80 km à l'est de Brega.

Le 1er avril, dans cette même région à l'est de Brega, un raid aérien de l'Otan avait déjà tué par erreur neuf rebelles et quatre civils qui circulaient en convoi. Selon les rebelles, le pilote a sans doute pensé avoir été visé par un insurgé qui a tiré en l'air en signe de joie.

C'est dans cette région de l'Est libyen que se situe depuis une semaine la ligne de front entre forces loyalistes et rebelles, qui avancent et reculent au gré des frappes aériennes.

Jeudi après-midi, en plus du vent de sable qui balaie la région, un vent de panique a saisi Ajdabiya, où des milliers de civils et rebelles ont pris la fuite vers le fief rebelle de Benghazi plus au nord. A l'origine de ce mouvement, une rumeur d'attaque imminente de la ville par les forces de Kadhafi.

A l'autre extrémité du pays, des avions ont survolé jeudi Tripoli et des explosions ont été entendues dans la banlieue-est, selon des journalistes de l'AFP. Aucun bilan n'était disponible en début d'après-midi.

L'Otan a par ailleurs nié avoir bombardé des installations pétrolières de l'important gisement d'Al-Sarir dans le sud-est de la Libye, rejetant ainsi des accusations du colonel Kadhafi.

La situation en Libye est "complexe", a reconnu le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burckhard. Les forces pro-Kadhafi ont "modifié leur mode d'action" en réponse aux frappes de la coalition internationale: pick-up remplaçant les blindés, "imbrication" dans la population civile...

Pour dénouer cette crise qui dure depuis plus de sept semaines, Paris a fait du départ de Kadhafi le préalable à toute solution politique, comme Washington la veille.

"La question qui se pose aujourd'hui est de savoir dans quelles conditions Kadhafi va partir, et non pas comment il va pouvoir se maintenir au pouvoir", a affirmé jeudi le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Mercredi, les Etats-Unis avaient sèchement rejeté les demandes du colonel Kadhafi, qui dans une lettre a appelé Washington à mettre fin aux frappes aériennes alliées, selon les médias américains.

Le colonel Kadhafi doit opter pour un cessez-le-feu, le retrait de ses troupes, et "une décision doit être prise quant à son départ du pouvoir et (...) son départ de Libye", a expliqué la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton.

La situation humanitaire à Misrata, troisième ville du pays, pilonnée sans relâche depuis un mois et demi par l'armée régulière, fait également l'objet de toutes les attentions de la communauté internationale.

Emboîtant le pas à l'Otan, qui a fait de Misrata sa "priorité numéro un", l'ONU a appelé à un arrêt des hostilités autour de la ville.

"La situation sur le terrain est critique pour un grand nombre de personnes qui ont un besoin immédiat de nourriture, d'eau potable et d'aide médicale d'urgence", a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires humanitaires, Valerie Amos.

Rebelles et humanitaires alertent depuis des semaines la communauté internationale sur le sort des quelque 300.000 habitants de cette ville, dont plusieurs centaines ont été tués ou blessés par les combats selon eux.

Des affrontements entre rebelles et forces loyales se concentraient jeudi aux abords de la ville, selon un porte-parole des insurgés à Misrata ajoutant que "la situation est calme dans le centre de la ville que nous contrôlons toujours". Selon lui, un bateau français est arrivé mercredi au port de la ville avec de l'aide médicale.

Misrata va pouvoir être ravitaillée par la mer par les insurgés au départ de Benghazi, à 260 milles nautiques (480 km) plus à l'est, avait affirmé mercredi le ministre français de la Défense Gérard Longuet.

Le régime libyen, cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile, s'est dit prêt au dialogue à condition que la rébellion dépose les armes, ce qu'elle refuse.

AFP

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