Abrika lance un avertissement au pouvoir dans une « Lettre au peuple Algérien et aux ONG et instances internationales »

« Le changement étant irréversible, le pouvoir doit savoir que sans interlocuteurs à la hauteur de leurs missions et devoirs et organisés dans un cadre démocratique et pacifique, il met la république et le peuple en danger de dislocation et de violence irrémédiables (…)L’opinion nationale et internationale est encore une fois prise à témoin sur les dépassements graves et récurrents dont se rendent coupables les pouvoirs publics (…)Aussi, nous avertissons l’opinion sur l’urgence de l’application complète du protocole d’accord sur la mise en oeuvre de la plateforme de revendication d’El-Kseur…»

C’est en ces termes que Belaid Abrika, en tant que « délégué du Mouvement citoyen des archs », s’adresse à l’opinion dans une « Lettre au peuple Algérien et aux ONG et instances internationales » que nous reproduisons ici intégralement.

Chers compatriotes,

Mesdames et messieurs, représentants des ONG et des instances internationales,

Notre pays, l’Algérie, sombre dans le chaos et l’incertitude sous l’insoutenable poids de la gestion anti-démocratique des institutions de l’etat et des affaires publiques et de pratiques de corruption et d’entretien à dessein de la misère sociale et intellectuelle des masses conjuguées la violence multiforme.

Pendant ce temps insupportable, l’Algérie officielle invite le peuple Algérien appauvri et la communauté internationale à suivre les babils de perruches des hommes fusibles, du système inamovible, sur la paix revenue, la place confortable de l’Algérie dans le concert des nations, les prouesses des réformes, les succès des projets de la relance économique et se réjouit des notes potables de bonne gouvernance que lui accordent des régimes autant figés que vieillissants du mécanisme africain d’évaluation par les pairs.

La rente pétrolière profite aux différents puissants groupes mafieux

L’Algérie du baril, courtisée pour ses richesses naturelles au plan international, est toujours en queue des pays de la région en matière de développement économique, social et technologique et risque de rater le train des réformes profondes qui s’imposent en cette conjoncture propice, mais trompeuse car éphémère, marquée par des réserves de change extraordinaires générées exceptionnellement par les prix élevés du pétrole et du gaz.

Au lieu de saisir cette énième occasion pour tendre la main à une population qui a tout donné pour espérer un minimum de paix et de prospérité et construire un véritable système démocratique, qui soit en communion avec notre histoire, en phase avec les défis à venir et soucieux des intérêts de la majorité, le pouvoir continue de privilégier la répartition de la rente pétrolière sur ses différents puissants groupes mafieux qui, bon gré mal gré, s'attribuent impunément ce qui devait aider à assurer l’édification du bien être de tous les Algériens et des futures générations.

Le bon sens et la responsabilité politique historique voudraient que ces excédents de la balance commerciale soient réinjectés dans les économies productives avec comme gage de sécurité et de réussite durable une diversification des ressources financières pour s’assurer une prospère économie nationale indépendante des revenus, limité dans le temps, des gisements pétroliers et se mettre définitivement à l’abri des fluctuations des prix des hydrocarbures.

Et malheureusement, à la place d’une politique sérieuse d’investissement productif, le pouvoir oppose la thésaurisation en direction des couches sociales étouffées et fragilisées. Cette austérité sans fondement économique et/ou financier, est appliquée dans l’opacité qui caractérise la gestion du fonds des recettes pétrolières. Les tenants du régime continuent ainsi leurs œuvres de détournements de l’argent public en écrasant au passage, par le dénuement et l’angoisse, la majorité défavorisée.

L’Algérie n’attire que les trafiquants en guise d’investisseurs

Des secteurs névralgiques tels que l’industrie et l’agriculture qui devraient jouir d’une attention particulière pour relever les défis communs, mais néanmoins stratégiques, de l’autosatisfaction alimentaire et la garantie d’une variété de débouchés d’activités industrielles compétitives et durables, sont carrément délaissés au profit d’une noria d’importateurs véreux protégés par les groupes d’intérêts politico- financiers qui gangrènent toutes les institutions de l’Etat et pourrissent la société.

Cela dit, le climat d’affaires est tellement infecté qu’il n’attire plus d’investisseurs étrangers, et ceux qui s’y aventurent se résignent à placer des capitaux en deça des possibilités qu’offrent les potentialités nationales. Dans ce sens, l’absence de transparence dans la gestion des fonds et des marchés et la violation des critères de bonne gouvernance, fait que l’Algérie n’attire et n’attirera en gros que les trafiquants de tous bords en guise d’investisseurs nationaux et étrangers qui suceront encore et encore les biens de la nation.

D’autre part, fatiguée d’attendre des jours meilleurs, la population tente de survivre comme elle peut dans la précarité et la misère ambiante où le chômage est le plus constant des dénominateurs communs de la population Algérienne. Chaque pauvre Algérien pour ne pas crever de faim, lui même et ses enfants, s’agrippe à des moyens périlleux et dégradants. La drogue, la prostitution et la violence acceptées dans les mœurs quotidiennes n’inquiètent plus les autorités, qui s’en servent occasionnellement pour les besoins de tester les modernes et redoutables arsenaux de répression.

L’absurde calcul de faire de tous les Algériens des voyous

La jeunesse, source d’énergie et facteur indispensable de développement économique est soumise à un traitement vicieux qui l’éloigne de l’activité politique et de l’exercice syndical.

« La politique c’est pour les corrompus et les anti-nationalistes », lui inculque-t-on. La dépolitisation compromet le présent du pays et rend incertain son avenir. Cette question interpelle tous les acteurs et Personnalités intègres de la société où qu’ils soient car elle relève de la continuité même des institutions de l’etat déjà fragilisées par les multiples agressions qu’elles subissent depuis l’indépendance.

Le changement est irréversible

Le changement étant irréversible, le pouvoir doit savoir que sans interlocuteurs à la hauteur de leurs missions et devoirs et organisés dans un cadre démocratique et pacifique, il met la république et le peuple en danger de dislocation et de violence irrémédiables. Car l’absurde calcul de faire de tous les Algériens ou bien des trafiquants ou des voyous pour vivre « normal », même s’il donne temporairement satisfactions aux visées basses de ses concepteurs, ne saurait durer dans le temps et ses conséquences gravissimes dépasseraient tout stade de rattrapage.

Le salut de tous et de l’Algérie est de permettre aux jeunes de réunir par eux mêmes et pour eux mêmes les conditions qui permettent d’exercer la politique et de travailler honnêtement et d’instaurer une morale qui récompense tout effort sain au bénéfice de l’individu et de la collectivité.

Sur un autre plan, le pillage et la dilapidation des richesses nationales et des deniers publics par des cercles occultes squattant les plus stratégiques des fonctions de l’etat sert aussi à alimenter et à promouvoir sur la scène publique une flopée d’organisations alibi qui servent de faã§ade démocratique lors de mascarades électorales toutes préfabriquées. Comme à l’accoutumée, la désaffection populaire et le rituel de la fraude qui domineront les élections locales de ce 29 novembre 2007 n’apporteront aucune leçon de politique démocratique au pouvoir qui sera le premier à acclamer les résultats et à placer des élus qui manqueront forcément de légitimité.

Un autre scénario dépensier qui se déroule dans un champ public où les libertés de s’organiser et d’agir, explicitement remises en cause, se rétrécissent dangereusement de jour en jour.

Une justice aux ordres

L’école qui est par excellence un lieu de savoir et de tolérance est cataloguée comme un enjeu et un segment essentiel de diffusion massif et systématique de connaissances et de croyances inutiles, irrationnelles et rétrogrades. Les fonctionnaires, les enseignants, les universitaires, les médecins, les magistrats et les chercheurs sont clochardisés par des salaires et des égards indignes d’une république moderne qui rechercherait des ouvertures sur l’espace humain et technologique mondial et les progrès scientifiques.

La justice qui cumule les impaires est décriée à chaque audience par les justiciables. Tout le monde sait que la plupart des verdicts des procès (dans le cas où on daigne les tenir à temps ou tout au moins les programmer) sont cousus dans les anti-chambres des tribunaux ou dans quelque saloon des places huppées.

Les femmes n’évoluent toujours pas d’égal à égal avec les hommes devant des juridictions même après les amendements introduits au Code de la famille et ce malgré l’évolution du mode de vie des Algériennes et des Algériens et les énormes sacrifices des militantes et militants pour son abrogation. A ce sujet, le gouvernement, à défaut d’anticiper, a la responsabilité et le pressant devoir de se mettre au diapason des changements en cours dans la société.

Censure et harcèlement

Les médias travaillent sous la menace permanente de poursuites judiciaires, de suspension (si ce n’est pas d’interdiction de publication à l’exemple du quotidien Le Matin), d’amendes et de condamnation à la prison ferme ou avec sursis. La liberté de la presse dont l’acquis a coûté la vie à des dizaines de professionnels est en voie de devenir un slogan creux et le métier de journaliste, des plus périlleux.

Le syndicaliste engagé est à la merci de l’injustice des pressions multiformes, policières, juridiques et administratives orchestrées à son encontre pour le faire taire. Le refus d’agréer des syndicats libres est la preuve indéniable de la volonté d’en finir avec le débat contradictoire, celui des idées, pour revenir au carcan et modèle du parti unique.

Que vise la campagne de désinformation et d’intox ?

Par ailleurs, la résistance héroïque des jeunes de Kabylie face aux balles et à la répression meurtrière du pouvoir durant les graves évènements du printemps noire 2001 est le centre d’une campagne de désinformation et d’intox dont l’objectif inavoué est de faire passer le gros mensonge que le mouvement citoyen est une organisation nuisible pour les wilayas de Kabylie et pour toute l’Algérie et est indésirable au sein de la population. Le pouvoir a agi ainsi pour discréditer et affaiblir une dynamique qui menace les intérêts de son existence et qui a failli emporter dans son sillage le système sur lequel il (le pouvoir) repose n’étaient-ce les manigances et les trahisons, vis à vis de la population, de ses relais en Kabylie et ailleurs, la barbarie de ses réactions de bête blessée, ses volte face dans ses engagements officiels et solennels et les défaillances propres à toute jeune organisation spontanée en mal d’expérience et de préparation.

Cependant, personne n’est dupe pour gober les menteries et les artifices des responsables de crimes d’Etat perpétrés sous les yeux de la communauté nationale et internationales contre des dizaines de jeunes sortis dans la rue exiger la dignité, la fin de la hogra (mépris doublé d’arrogance et d’abus de pouvoir) et la reconnaissance officielle de leur langue, civilisation et culture.

L’impunité des commanditaires d’assassinats des 126 martyrs de Kabylie

A présent, la population qui a déjà médité les entraves réservées au protocole d’accord portant sur la mise en å“uvre de la plateforme de revendication d’El-Kseur signé par les représentants des plus hautes autorités du pays et la délégation du mouvement citoyen en janvier 2005 s’est rendue compte d’elle-même des procédés de culpabilisation et de dépopularisation instrumentés à l’égard de ses représentants mandatés au sein du mouvement citoyen. La liberté et l’impunité dont jouissent depuis plusieurs années les auteurs et les commanditaires (membres de corps de sécurité et autres) d’assassinats des 126 martyrs de Kabylie et des milliers de blessés sont des indices supplémentaires sur la nature du système, ses agissements, ses manœuvres et ses tergiversations.

Aussi, il n y a qu’à observer qu’à la suite du recul, ces derniers mois, de la contestation en kabylie , les décideurs de l’ombre pour la région ont permis brutalement la reprise d’activités illégales et porteuses de nombre de dangers sur la sécurité et la santé des habitants. Les lieux de débauche, nid des corrompus de l’administration, de patrons véreux et de trafiquants en tous genres, sont actuellement rouverts un à un. L’anarchie et la violence se réinstallent dans les principales rues du chef-lieu de wilaya et de daïras au nez et à la barbe des services de sécurités et des responsables des tutelles concernées. Pour rappel, avant, pour pallier à la démission des services de l’Etat, ces activités ont été stoppées ou réduites grâce à la mobilisation des associations de la société civile derrière les délégués du mouvement citoyen.

Chômage, suicides et harragas

Toujours dans cette région, le taux de chômage est des plus élevés, les projets structurants de développement toujours à la traîne, le tout dans un climat sécuritaire inquiétant qui soulève des questionnements légitimes de la part des populations prises en tenailles entre les poussées intégristes d’un autre age et les velléités de soumission et de normalisation par la militarisation de l’environnement.

Le suicide fait des ravages parmi des franges qui n’aspirent qu’à vivre au rythme des progrès actuels et profiter des opportunités de la conjoncture parmi ses compatriotes pour s’assurer un digne niveau de vie et ne pas subir la fin tragique de beaucoup d’adolescents Harragas (clandestins) qui périssent en mer ou en cours de leur aventure vers l’Europe.

A cet effet, l’opinion nationale et internationale est encore une fois prise à témoin sur les dépassements graves et récurrents dont se rendent coupables les pouvoirs publics à l’encontre de la population meurtrie en général et des militants qui continuent de revendiquer la mise en place d’une véritable république démocratique et sociale qui consacrera les libertés, les droits de l’homme et la transparence dans la gestion des fonds publics.

Les instances en charge du suivi des accords internationaux conclus avec le pouvoir Algérien sont aussi interpellées quant au respect et à l’évaluation des engagements et conventions signés dans le cadre des lois internationales.

Aussi, nous avertissons l’opinion sur l’urgence de l’application complète du protocole d’accord sur la mise en oeuvre de la plateforme de revendication d’El-Kseur paraphé conjointement par la délégation du mouvement citoyen et le chef de gouvernement mandaté par le premier magistrat du pays.

Tizi-Ouzou (Algérie), le 27 novembre2007

Belaid Abrika,

délégué du Mouvement citoyen des archs

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Commentaires (30) | Réagir ?

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docteur HO

les gars juste un peu de bons sens soyons serieux et reflechissons... je m explique le combat ne reside plus entre arabe et kabyle c est plutot entre possedant et non possedant entre riches et influents et pauvres, la question kabyle n es qu un moyen de pression utilisee par une faction du pouvoir composee de kabyles contre une autre faction du pouvoir dirige par bouteflika, qui dirige reelement l algerie sur le terrain le drs bien sur et qui dirige le drs ? le general djebbar beaucoup d autres generaux ou colonels sont kabyles je ne citerai que le general touati ou le general bey, en fait l ossature du contre espionnage est kabyle et les services de la dgsn meme sous la coupe de ce cretin de l ouest sont en fait sous les ordres du general djebbar, qui protege et permets aux deux gangs de tizi sous la coupe de rabai chelbi aux genets et kamel a la cnep toujours a tizi de vendre des quintaux de cannabis sans etre inquietes par la sw de tizi le drs bien sur en echange de quoi ils mettront les gosses des quartiers cites dans la rue quant il faudra mettre la pression sur tel ou telle chose, j entends parle du combat de said sadi soit posez vous la question suivante d ou proviens sa fortune ? ces villas de maitre a alger et ces environs qui paye ces vehicules blindes pour balader ces gosses et qui assure ces vacances zodiac compris... belaid abrika idem comprenez que vous avez affaire a beaucoup plus fort que vous, beaucoup plus ruses dans le milieu du renseignement nous sommes capables de tout les coups tordus meme ce que votre pire cauchemar ne serai imaginer dites vous que tout ce qui compte d hommes politiques ou d hommes d affaires je cite rebrab ne doivent leurs succes en partie qu au drs, il n existe pas d hommes politique integres en lice kabyles ceux qui le sont ont ete soient liquides soient empeches de vie politique ceci par des kabyles..... non pas au service du pouvoir arabe mais au service du pouvoir tout simplement cette puissance qui permets d avoir acces a l argent du petrole et a la decision souvenez vous de khalida toumi ou sont ces mots et son engagement disparus par contre ces divres villas et proprietes comme celle de zeralda sont nombreuses idem pour les elus ffs qui ont vendus tout ce qui restai de s espaces verts de tizi ouzou c est dans notre nature c est peut etre genetique j espere me tromper

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Missy Cap Carbon

Bien Monsieur Abrika. Tout ce que vous dite est vrai, plus que vrai et malheureusement trop vrai. On sait déjà tout ça. Mais avez vous des propositions CONCRETES pour remédier à cette crise ? Car dans votre lettre, je ne vois pas l'ombre d'un appel à une action citoyenne. Le malheur des Kabyles est celui de tous les Algériens alors unissons nous ! Mettons de côté cinq minutes la problématique régionale. La priorité c'est d'en finir avec cette misère sociale, économique et politique !

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